On se saurait trop remercier le site Paix Liturgique pour avoir traduit et mis à la disposition de ses lecteurs qui sont nombreux (au moins 100 000 consulteurs en France) la très belle homélie du cardinal américain Raymond Burke du 26 décembre dernier. Certes, elle date un peu… mais quel bonheur de la lire… Elle fut prononcée en l’église de la paroisse Sainte-Marie-de-Nazareth, dans la banlieue de Rome, à l’invitation des Francicains de l’Immaculée. Bravo à nos amis de Paix Liturgique pour avoir traduit ce très beau texte…
- « Le mystère de l’amour divin pour nous, qui s’exprime de façon parfaite et merveilleuse lors de la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ, mérite, pour sa grandeur et sa profondeur, une célébration s’étalant sur huit jours. Durant l’octave célébrant la Nativité de Jésus, nous recevons la grâce de connaître plus parfaitement ce mystère et de le vivre plus ardemment au quotidien. Le mystère de Dieu fait homme pour nous racheter de nos péchés et nous donner Sa vie, les sept dons du Saint-Esprit. Dans la Lettre aux Galates, saint Paul a décrit ce mystère avec les paroles que nous venons d’écouter :
- – Mais lorsque est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, formé d’une femme, né sous la Loi, pour affranchir ceux qui sont sous la Loi, afin de nous conférer l’adoption. Et parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans vos cœurs l’Esprit de Son Fils, lequel crie : Abba ! Père ! Ainsi tu n’es plus esclave, tu es fils ; et si tu es fils, tu es aussi héritier grâce à Dieu. (Ga 4, 4-7)
- La réalité du mystère de l’Incarnation rédemptrice est que nous sommes fils de Dieu par Son unique Fils, Jésus-Christ, seconde personne de la Très Sainte Trinité, qui s’est fait chair, qui s’est fait l’un d’entre nous, qui est né de la Vierge Marie à Bethléem.
- L’évangile d’aujourd’hui met en relief aussi bien la réalité de l’Incarnation que sa finalité, la Rédemption. Quand Marie, la Mère de Jésus, et saint Joseph, son Père adoptif et Gardien, présentèrent le nouveau-né au temple de Jérusalem, le saint homme Siméon et la sainte femme Anne, ont aussitôt évoqué le destin du Divin Enfant, voué à mener sur le Calvaire la bataille décisive contre le Malin et ses puissances, se concluant par la victoire de la vie, la Résurrection, l’Ascension, la Pentecôte et l’effusion de l’Esprit Saint sur l’Église et l’âme de chacun de ses membres. Siméon, en prenant l’Enfant Jésus dans ses bras, a prié le Seigneur en des termes parfaitement clairs : – Maintenant, ô Maître, vous congédiez votre serviteur en paix, selon votre parole ; car mes yeux ont vu le salut. (Lc 2, 29-30)
- Et la prophétesse Anne, voyant l’Enfant Jésus dans les bras de Siméon, “se mit à louer Dieu et à parler de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem”. (Lc 2, 38) L’évangile nous dit qu’après la Présentation, Jésus, dans lequel l’Esprit Saint était présent dans toute Sa puissance, “croissait et se fortifiait, étant rempli de sagesse” (Lc 2, 40). Ces paroles s’appliquent à notre vie de fils du Fils unique de Dieu. Grâce à l’Incarnation rédemptrice, l’Esprit Saint est reversé dans nos âmes, nous purifiant et nous fortifiant pour nous occuper des choses de Dieu, pour vivre une vie sainte en ce monde et arriver au terme de notre pèlerinage terrestre : la vie éternelle du Royaume des Cieux.
- Dans le cadre de cette célébration de la Sainte Messe selon la forme extraordinaire du rite romain, je voudrais souligner l’aspect plus élevé et parfait de notre vie dans le Christ, c’est-à-dire notre participation au culte divin, en particulier lors de la célébration du sacrifice eucharistique. L’union du ciel et de la terre, accomplie par la Nativité de Notre Seigneur, par Sa Mort sur la Croix et Sa Résurrection, se réalise toujours pour nous dans la Sainte Messe. Par le sacrifice eucharistique, Jésus nous rend toujours présent le sacrifice du Calvaire, nous faisant le don de Son Corps et de Son Sang, avec Son Âme et Sa Divinité, nourriture spirituelle pour nous soutenir dans notre pèlerinage terrestre et pour nous porter immanquablement à notre durable demeure céleste (Catéchisme de l’Église catholique, 1374). La réalité de l’Incarnation rédemptrice qui nous frappe en cette période de Noël devrait nous frapper à chaque fois, et à chaque fois plus profondément, que nous assistons à la Sainte Messe. Le rite de la Messe, tel qu’il s’est développé dans l’Église sous la conduite du Saint-Esprit, nous porte dans ses moindres détails à contempler le grand mystère de l’Amour de Dieu pour nous, amour incommensurable et incessant.
- Après le concile Vatican II, mais non en raison du concile, la façon dont a été réformé le rite de la Messe a, par certains aspects, obscurci l’action divine au cours de la Sainte Messe, action d’union du ciel et de la terre. Au point d’induire certaines personnes à croire, de façon erronée, que la Sainte Liturgie est une activité nous appartenant, que nous l’aurions en quelque sorte inventée et qu’elle serait sujette à expérimentations. La vérité de la Liturgie sacrée est tout autre. En fait, la Sainte Liturgie est l’action de Jésus-Christ, vivant dans Son Corps mystique par l’effusion du Saint-Esprit, qui Se donne à Nous et que nous devons recevoir, apprécier et conserver selon les indications de nos Pasteurs et en particulier du Saint-Père, Vicaire du Christ sur la terre et, à ce titre, Pasteur de l’Église universelle. Nous sommes appelés ainsi aujourd’hui à accueillir l’enseignement et la discipline que notre Saint-Père Benoît XVI nous a transmis par sa Lettre apostolique Summorum Pontificum par laquelle il a voulu restaurer la forme du rite de la Messe afin d’exprimer plus pleinement et efficacement la vérité de la Sainte Liturgie.
- En établissant le « Missel romain promulgué par S. Pie V et réédité par le B. Jean XXIII » comme « forme extraordinaire de la Liturgie de l’Église », le Saint-Père a voulu que cette forme du rite soit honorée « en raison de son usage vénérable et antique » remontant au pontificat de saint Grégoire le Grand et toujours respecté et sauvegardé durant la vie multiséculaire de l’Église. (Benoît XVI, Lettre apostolique Summorum Pontificum, art. 1)
- Les deux formes, c’est-à-dire la forme ordinaire et la forme extraordinaire de l’unique rite romain, ne représentent pas une division dans l’Église mais reflètent l’unité organique du culte divin au long des siècles chrétiens et permettent leur enrichissement mutuel pour exprimer plus fidèlement la réalité du culte divin, l’action de Dieu qui vient à notre rencontre en nous faisant don de Son Amour pour nous, le don du Fils de Dieu fait homme, en particulier dans la Très Sainte Eucharistie. De fait, le Saint-Père a-t-il écrit les paroles suivantes dans sa lettre aux évêques accompagnant la promulgation du Motu Proprio Summorum Pontificum :
- – Il n’y a aucune contradiction entre l’une et l’autre édition du Missale Romanum. L’histoire de la liturgie est faite de croissance et de progrès, jamais de rupture. Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous, et ne peut à l’improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré comme néfaste. Il est bon pour nous tous, de conserver les richesses qui ont grandi dans la foi et dans la prière de l’Église, et de leur donner leur juste place.
- Fidèles au magistère du Saint-Père, nous célébrons avec raison aujourd’hui le rite romain selon la forme extraordinaire pour nous permettre d’entrer plus complètement dans la connaissance du mystère de la Foi, le mystère de l’Amour de Dieu pour nous, et répondre à ce mystère par un amour pur et désintéressé envers Dieu et notre prochain.
- Visitant aujourd’hui votre paroisse, je voudrais en particulier remercier Mgr Gino Reali, évêque de ce diocèse de Porto-Santa Rufina, qui m’a invité à célébrer cette Sainte Messe et nous honore de sa présence, ainsi que les Frères Franciscains de l’Immaculée qui ont la charge de cette paroisse, pour le soin qu’ils mettent à célébrer le plus fidèlement possible le rite romain, ce qui est une grande richesse pour les paroissiens. Je les remercie en particulier pour la foi catholique authentique et la piété qu’ils expriment dans toutes leurs célébrations de la Sainte Liturgie et qu’ils nourrissent par la célébration régulière de de la forme extraordinaire du rite romain.
- Me trouvant au milieu de vous en ce saint temps de la Nativité de notre Seigneur Jésus-Christ, je prie tout spécialement pour votre paroisse sainte Marie de Nazareth, cette grande famille de familles catholiques. Je prie pour que tous les foyers de la paroisse trouvent en elle les ressources pour devenir de vrais sanctuaires du Bon Dieu, des foyers dans lesquels l’Amour du Christ, reçu de façon parfaite et entière en participant à la Sainte Messe, vous anime tous et gagne vos voisins et tous vos frères du quartier. Dans le monde d’aujourd’hui, il y a une grande soif de Jésus-Christ et de la liberté que Lui seul offre. Dans les foyers catholiques et dans la paroisse, nos frères doivent pouvoir trouver les sources d’eau vive, les sources de grâces divines, les sources du magistère de l’Église et des sacrements, en particulier la Pénitence et la Sainte Eucharistie, qui permettront d’étancher la soif spirituelle de ce monde tristement sécularisé.
- Prions pour vous, paroissiens, afin que par votre participation à la Sainte Liturgie, célébrée en fidélité au magistère du Saint-Père, vous croissiez dans l’Amour du Christ et portiez cet Amour dans toutes vos activités quotidiennes. Que sainte Marie de Nazareth, Mère de Dieu, intercède pour vous pour que vous suiviez son exemple en donnant vos cœurs à Jésus, trouvant dans Son Très Saint Cœur la source de la purification de chacun de vos péchés et de la fortification de votre âme pour une vie catholique fidèle et généreuse.
- À présent, élevons nos cœurs, unis au Cœur Immaculé de Marie, au glorieux Cœur transpercé de Jésus, ouvert par la lance du centurion et toujours prêt à nous accueillir afin que, nous trouvant en présence du Seigneur eucharistique, nous soyons purifiés et fortifiés pour devenir, avec sainte Marie de Nazareth, une source vive d’encouragement et de soutien pour conduire nos frères dans les pas du Christ. Unis au Cœur eucharistique du Christ, nous devenons avec le Christ, comme le fut sainte Marie, Mère de Dieu, une oblation d’amour pur et gratuit pour nos frères. C’est dans le Cœur eucharistique du Christ que nous trouvons l’inspiration et la force pour être, avec sainte Marie, des témoins forts et fiables du Christ et de Son Église, c’est ainsi que vos maisons et votre paroisse deviendront des centres de la nouvelle évangélisation, de la transformation de notre société selon le Cœur de Jésus.
- Cœur de Jésus, formé par le Saint-Esprit dans le sein de la Vierge Marie, ayez pitié de nous.
- Cœur Immaculé de Marie, priez pour nous.
- Saint Joseph, priez pour nous.
- Saint François d’Assise, priez pour nous.
- Saint Maximilien Kolbe, priez pour nous.
- Saint Padre Pio, priez pour nous. »
Deo gratias!
Magnifique homélie, profondément et authentiquement catholique, éclairée, méditative qui nous dispose à accueillir l’estraordinaire du rite dans l’ordinaire du temps. Merci et “Sursum corda”, pour la réforme de la réforme.
le retour de la Tradition gene, semble-t-il….
il y a 50 ans, c’etait le modernisme qui me genait…
A chacun son tour.
Il ne faut pas trop faire attention à ce qu’écrit Erasmus Minor (très, très… Minor). Je laisse de temps en temps ses commentaires sur mon blogue, histoire qu’il les relise de temps en temps et qu’il se modère lui-même… Il faut toujours espérer même contre toute espérance.
Trés belle homélie!
Bonjour,
A propos du cardinal Burke (et aussi du cardinal Cañizares), un intéressant article est en lecture libre sur le site du Catholic Herald (UK) : http://www.catholicherald.co.uk/news/2011/03/03/cardinal-bad-masses-weaken-the-faith/
US Cardinal Raymond Burke, head of the Vatican’s supreme court, said: “If we err by thinking we are the centre of the liturgy, the Mass will lead to a loss of faith.”
…
Cardinal Burke told those gathered for the book presentation that he agreed with Fr Bux that “liturgical abuses lead to serious damage to the faith of Catholics”.
Unfortunately, he said, too many priests and bishops treat violations of liturgical norms as something that is unimportant when, in fact, they are “serious abuses”.
Des propos tenus lors d’une conférence pour le lancement de la traduction anglaise du livre du père Bux
Bien cordialement