En fait, Mgr John Ricard, évêque de Pensacola-Tallahassee (Floride) depuis 1997, n’a que 70 ans, donc encore assez loin des 75 ans fatidiques et canoniques… Certes, Mgr Ricard, avait souffert d’une attaque d’apoplexie en décembre 2009, mais s’en était remis tout en n’étant plus vraiment « comme avant », selon des proches, et ayant abandonné le pouvoir aux bureaucrates de sa curie diocésaine. C’est ici que commence un drôle d’imbroglio…
Selon l’ami Eric Giunta (voyez son article bien informé paru le 16 février dans Renew America, qui n’est pas un site internet franchement bolchévique…) – je dis “ami” parce que c’est un catho tradi, co-fondateur et vice-président du chapitre de Tallahassee d’Una Voce –, le bureau des relations avec la presse de la Conférence épiscopale des États-Unis (USCCB), avait annoncé, un peu prématurément, voici quelques jours, que la démission de Mgr Ricard avait été acceptée par le Saint Père. Troublant, parce que je n’avais vu cette information ni sur le Bolletino ni sur une dépêche de Vatican Information Service. Or, je ne manque jamais de vous signaler tous les changements qui surviennent dans l’épiscopat américain. Cette annonce de l’USCCB précipita une mise au point confidentielle du chancelier du diocèse, Mgr Michael Reed, adressée par courriel à quelques prêtres, qualifiant de « prématurée » l’annonce et précisant que le Saint Père n’avait pas même reçu la lettre de démission de l’évêque. La deuxième partie de ce courriel semble bien être fausse. Des sources proches de la chancellerie confirment que la lettre de démission a bien été reçue par le Saint Père, que sa démission a été acceptée – même si formellement l’annonce n’en a pas encore été faite par Rome – et, pis encore, qu’elle avait été exigée par Rome… Le journal Tallahassee Democrat a parlé de cette démission, mais l’annonce qu’il avait fait paraître sur son blogue que Mgr Thomas Wenski, archevêque de Miami, avait été nommé administrateur du diocèse en attendant la nomination d’un nouvel ordinaire, a été effacée… Or, il se pourrait bien que Mgr Wenski soit dans les tout prochains jours nommé administrateur du diocèse de Pensacola-Tallahassee, ce qui tendrait à démontrer que Rome n’a aucune confiance dans la curie diocésaine pour assurer la transition… Il est encore probable, que l’acceptation de la démission de Mgr Ricard se fera « pour raisons de santé », alors même que l’évêque, à ce qu’on dit, n’avait aucune envie de démissionner !
- [Mise à jour : alors que je venais de terminer ma rédaction, je trouve sur le site du diocèse un communiqué non daté mais sans doute de ce jour : « S.E. Mgr John Rocard, SJJ, évêque de Pensacola-Tallahassee, a adressé à Sa Sainteté le pape Benoît XVI, une lettre de demande d’être relevé par anticipation de son ministère épiscopal, pour raisons de santé. Aucune réponse du Vatican n’a encore été reçue. Mgr Ricard, 70 ans, avait été victime d’une attaque d’apoplexie que le 22 décembre 2009, et avait du subir plusieurs interventions chirurgicales en relation avec cette attaque. Des qu’une réponse sera reçue de Rome, un communiqué sera diffusé »].
Ce qui est certain, c’est que ce diocèse ne brille pas par des célébrations liturgiques de première classe avec palmes. C’est tout le contraire ! Non seulement la « forme extraordinaire » n’y est pas la bienvenue – l’évêque et la plupart de son clergé la détestent –, mais même la « forme ordinaire » se résume le plus souvent à du grand n’importe quoi. Giunta cite un incident qui a été assez publicisé, d’un curé du diocèse interrompant la célébration de la Messe pour vanter les mérites d’un shampoing pour chien tandis que son propre toutou se baladait dans la nef, et sans doute dans le sanctuaire même, au cours de la liturgie…
Mgr Ricard passe, toutefois, pour un pieux prélat, pas franchement hétérodoxe mais peu actif. De fait, il ne gouverne plus son diocèse. Le résultat : aucune augmentation du nombre de catholiques depuis 1997 ! Le successeur va avoir du pain sur la planche…