Le Père John McCaffrey
XIII.
Le développement phénoménal de l’Eglise sous l’épiscopat de Simon Bruté
En 1834, sept églises catholiques étaient desservies dans le vaste diocèse de Vincennes par l’évêque Bruté et trois autres
prêtres. La Messe n’était célébrée qu’occasionnellement en plusieurs autres endroits.
A l’époque du décès de l’évêque, en juin 1839, cinq petites années plus tard, les sacrements étaient célébrés dans vingt-sept églises
paroissiales, quatre autres étaient en cours de construction. Des Messes étaient aussi célébrées dans trente autres “stations”. Il y avait vingt-cinq prêtres et vingt séminaristes. Deux
communautés religieuses avaient été fondées. Il y avait un collège pour les jeunes gens et une académie pour les jeunes filles. Les écoles primaires comptaient cent trente écoliers.
Ce développement phénoménal, sous la direction de notre évêque fondateur, témoigne de la puissance de la Grâce de Dieu œuvrant à travers un
saint missionnaire. L’évêque Bruté avait écrit à son frère Augustin : « Ma santé se détériore rapidement. Mes jours sont en train de s’évanouir,
mais quotidiennement mon cœur éprouve une grande joie devant les progrès constants de l’Eglise. Bien que je souhaiterais rester un peu plus longtemps, je suis résigné à la volonté du
Maître. »
Le Père John McCaffrey, président de Mount St. Mary’s d’Emmitsburg, a laissé un magnifique témoignage de la
noblesse des derniers jours de l’évêque.
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« Des difficultés qui auraient découragé à peu près n’importe qui d’autre, n’eurent pour effet que d’augmenter son zèle et sa charité. Ayant
entrepris un voyage de plus de 600 km dans un tel état de souffrance physique qu’il était incapable de se tenir en selle, il l’acheva pourtant sans l’interrompre un seul jour. Peu de temps
avant sa mort, il quitta Vincennes pour se rendre dans une mission éloignée (…) et bien que si faible et si exténué qu’il pouvait à peine soutenir un corps chancelant, du fait de l’absence de
prêtre, il alla, en un seul jour, au chevet de trois malades éloignés pour répondre à leur appel et, presque mourant, administra les consolations de la religion à ces gens qui ne semblaient pas
aussi proches de leur fin que lui-même l’était. -
La mort qui n’est pas une visiteuse importune pour celui dont les pensées, l’espérance et les affections sont toutes orientées vers un monde
meilleur, le trouva empli de bonnes œuvres et n’aspirant plus qu’à disparaître pour être avec le Christ. D’une patience invincible et résigné dans les pires souffrances, plein d’une tendre
piété, calme, rassemblant et manifestant splendidement ses vertus caractéristiques jusqu’à la fin, il offrit un bel exemple de la manière dont un chrétien doit se préparer pour courir sa
dernière course dont le trophée est une glorieuse immortalité. Alors que ses forces déclinaient, sa dévotion, elle, augmentait. Il ne chercha aucun soulagement à ses souffrances ; bien au
contraire, il était avide de continuer à travailler et à souffrit, dans le double objectif de faire du bien aux autres et de ressembler davantage à son Sauveur crucifié. Quand il était
incapable de marcher ou de se lever, il se tenait quand même assis pour écrire à ceux auxquels il espérait que sa correspondance pourrait être utile, et à ceux qui l’entouraient il les
entretenaient de pieux sujets comme l’amour de Dieu, être conformé à Sa sainte volonté, ou de la dévotion à la Très Sainte Vierge Marie, avec l’onction d’un saint et l’ardeur d’un
séraphin. -
Les derniers et très précieux jours de sa vie furent donc entièrement occupés à des œuvres de charité, à instruire, à édifier et à consoler
ceux qui étaient avec lui, et furent marqués par une communion intime avec son Dieu qu’il espérait voir bientôt face à face, aimer et jouir à jamais. Il préférait le plus souvent qu’on le
laisse seul afin qu’il puisse plus librement s’adonner à ses pieux sentiments et, pour ce faire, il ne permit à quiconque de le veiller pendant la nuit jusqu’à ce qu’il entre en agonie (…)
“Que la volonté de Dieu soit faite”, était l’expression qui tombait constamment de ses lèvres, car c’était le sentiment constant de son cœur. -
Après qu’il eut reçu les derniers sacrements, il dirigea la prière des agonisants qu’on doit réciter, et il y répondit dévotement et avec
ferveur jusqu’à la fin, et puis, au matin du 26 juin, à 1 h 30, avec calme et douceur il remit son âme entre les mains de son Créateur. »
Le dernier mot de l’évêque Bruté fut celui-là même du Christ : « Sitio », ce qui
veut dire « J’ai soif ».
Tandis que nous méditons sur les derniers jours de notre évêque fondateur en cette année 2005, comment ne pas penser aux derniers jours du
pape Jean-Paul II décédé voici peu. Les similitudes sont frappantes. Leur témoignage de charité et d’humilité émeut : des pasteurs infirmes qui se donnent à leur peuple
jusqu’au dernier moment. Il en fut du feu Saint Père comme de notre premier évêque : tous, unanimes, pleurèrent l’érudit, le philanthrope et le saint. Des foules de gens de toutes
conditions, de toutes croyances, allèrent voir sa dépouille et assistèrent aux cérémonies de son inhumation. On dit que toute la population convergea pour accompagner, dans un silence solennel,
les restes respectés d’un saint et incomparable évêque jusqu’au lieu de son dernier repos.
Demain (dernier chapitre) :
XIV. Aidons à promouvoir la cause en canonisation de l’évêque Bruté
© Most Rev. Daniel M. Buechlein, Archbishop of Indianapolis (Indiana)
© Daniel Hamiche pour la traduction française.