« Nul n’est prophète en son pays ». L’adage est célèbre qui adapte une parole même du Seigneur. Mais ce qui est «
prophétique », c’est de proclamer la vérité de l’Évangile y compris, et surtout, dans un milieu qui n’est pas disposé à la recevoir. En ce sens, Mgr Jaime Soto, l’évêque de
Sacramento (Californie), dont c’est la deuxième fois que je parle en
quelques jours, est un prophète ! Et voici pourquoi.
J’avais jeté un œil, voici quelques jours, sur un sondage de PRRI – soit disant “non partisan” mais on peut s’interroger… – dont les résultats m’avaient attristé
sans vraiment me surprendre. Interrogés sur le “mariage” entre personnes de même sexe, des Californiens s’y disaient plutôt favorable : 37 % des sondés catholiques Blancs étaient pour, et 44 %
des Hispaniques catholiques. Honnêtement, un désastre pastoral. Mais nous n’aurions pas mieux comme résultat en France…
L’évêque Jaime Sotto y a réfléchi et livre de pertinents commentaires que nous rapporte
LifeSiteNews qui a interrogé l’évêque par téléphone mardi dernier.
Il souligne d’abord que bien des sondés qui se disent catholiques « sont plus sensibles aux mentalités de la culture dominante
qu’à la culture catholique ». Ce qui est vrai partout dans le monde et notamment dans les pays dits “développés”. C’est ce qui justifie amplement la décision de Benoît XVI
de créer un dicastère pour la nouvelle évangélisation. On ne peut pas faire l’économie de ce “combat culturel”. LifeSiteNews s’empresse de préciser que le sondage ne série
absolument pas les catholiques pratiquants des catholiques “de papier”. Chez les premiers, vraisemblablement les pourcentages eussent été plus faibles mais, je le crois, pas extraordinaires quand
même.
L’évêque fait ensuite une remarque très acceptable sur la nature même des sondages : « Beaucoup de gens vont, comment dire, tout
simplement mentir sur ce qu’ils pensent vraiment du [mariage] parce qu’ils ne veulent pas être étiquetés comme des sectaires ou des intolérants ». Bien des catholiques n’ont pas le goût de
la persécution. Encore moins du martyre.
« Tout particulièrement dans l’environnement qui est le nôtre aujourd’hui, poursuit l’évêque, les partisans du mariage
entre personnes du même sexe ont été véhéments pour ce qui est de coller l’étiquette de sectaire et d’intolérant ou d’excessif sur tous ceux qui en tiennent pour le mariage traditionnel
». Il ajoute que « beaucoup de gens, je le dis franchement, sont intimidés par le mécontentement qui s’est fait jour après qu’une majorité d’électeurs californiens se soit exprimée pour
le mariage traditionnel. » En effet, la fameuse Proposition 8 du référendum californien a démontré que pour la majorité des électeurs, un mariage devait se comprendre comme
l’union d’un homme et d’une femme. Ce référendum, contesté par les partisans du “mariage” entre personnes de même sexe, est actuellement en attente de jugement devant une cour fédérale pour
savoir s’il viole la Constitution des États-Unis. Mais poursuivons les remarques de Mgr Sotto.
L’évêque déclare à LifeSiteNews qu’il est, ainsi que d’autres évêques, « préoccupé en particulier par les jeunes
électeurs catholiques » qui ne comprennent pas ce qu’est le mariage et donc ne saisissent pas pourquoi l’Église s’oppose au “mariage” homosexuel.
« La conception normale du mariage est à la dérive » déclare-t-il. « La conception trouble sur la sexualité en général
est ce qui a mis en question le mariage et ce qu’est un mariage, et donc, comme pasteur, je comprends que nous avons à nous concentrer vraiment sur cette vaste question de savoir comment rendre
clair ce qu’est la dignité de la sexualité humaine ». « Les catholiques, poursuit l’évêque, doivent comprendre que leurs croyances ne sont pas que des préférences religieuses, mais qu’en
fait elles servent le bien commun. Et cela c’est une attitude importante que doivent avoir les catholiques : comprendre que leur foi ne consiste pas à s’imposer ou à imposer aux autres, mais que
leur foi est un don, qu’elle est de bon sens et qu’elle sert le bien commun. C’est pourquoi je pense que ce message doit être répété encore et encore. »
L’évêque pourquit : « Dans mes efforts pour parler de cela, je parle de la foi catholique comme d’un “oui”, comme d’une
affirmation de ce qui est bien et de ce qui est espoir sur la nature humaine et sur l’humanité. Je suis sûr qu’il y a des gens qui ne seront pas d’accord avec moi, mais c’est difficile de ne pas
être d’accord avec un message d’espoir. Maintes fois, en tant que catholiques, nous nous trouvons pris au piège de la polémique nous accusant d’être contre les unions de même sexe ou de
discriminer plutôt que de dire : non, nous nous en tenons à la position que la loi californienne a toujours tenue, et de parler de la beauté du mariage et de ce que le mariage signifie. D’un
point de vue général, je pense que les gens apprécient cela et même les adversaires sont désorientés par cela. D’un cerain point de vue je sais que je ne respecte pas les “règles”. On dit que
j’incarne l’Église du “non”. Mais nous sommes l’Église du “oui”. Nous disons oui à la culture de vie, oui à la dignité humaine : c’est cela dont nous faisons la promotion. »
Chapeau ! Je signale en passant qu’en 2008, Mgr Sotto avait choqué les participants à un dîner organisé par la
National Association of Catholic Diocesan Lesbian and Gay Ministries (association nationale des apostolats diocésains auprès des lesbiennes et des gays) en déclarant, lors de son
allocution, que la pratique homosexuelle était un péché et en appelant à la chasteté hors des liens du mariage. Ce n’est pas comme cela qu’on se fait des amis dans le monde, mais c’est ainsi
qu’on se fait des alliés au Ciel…