La théologie morale traite de la question de la « coopération matérielle » avec le mal. Qu’est-ce à dire ? La
coopération matérielle, c’est quand le
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« coopérateur ignore ou, en sachant, réprouve l’intention mauvaise de l’autre et le caractère peccamineux de l’acte
(…) On sait que l’acte auquel on concourt est mauvais ; mais on ne voudrait pas qu’il fût fait, on le réprouve. Comment apprécier cette coopération ? a) Elle est illicite en principe. À ne
considérer que le cas lui-même, abstraction faite de données qui le compliquent en faisant que nous pouvons difficilement nous dérober, il n’échappe pas à la complicité proprement dite. J’ai
beau fixer mon intention, je sais que mon attitude sert effectivement au mal. Je n’ai pas le droit de m’y prêter. » (Cours de théologie morale, La Charité, du P. Michel
Labourdette, op).
Un cas de coopération matérielle au mal vient d’être débusqué dans un hôpital catholique : le Mercy Regional
Medical Center (MRMC) de Durango (Colorado, diocèse de Pueblo) qui a été racheté par Catholic Health Initiatives, le n° 2 (ou 3) des réseaux de santé
catholiques aux États-Unis.
Le Dr. Richard Grossman est médecin obstétricien et gagne convenablement sa vie en travaillant quatre ou cinq jours par semaine à accoucher des femmes au MRMC.
Mais, et c’est là que commence le problème, ce médecin consacre aussi une journée par semaine à pratiquer des avortements à Planned Parenthood de Durango, ce qui lui procure sans
doute une “rallonge” de salaire, laquelle ne suffirait pas à le faire vivre, mais surtout convient mieux à ses sentiments profonds : il est pour l’avortement, la stérilisation et le
malthusianisme.
Depuis 2007, les organisations pro-vie de Durango se sont émues qu’un hôpital catholique paie les services d’un médecin avorteur. La chose ne choque pas l’hôpital qui estime que, tout en
réprouvant les avortements pratiqués par le Dr. Grossman, tant que ce médecin s’en tient à la réglementation de MRMC quand il y travaille, l’établissement
n’enfreint pas la morale catholique.
Or, parmi les règles édictées par la Conférence épiscopale américaine, la n° 45 est autrement claire :
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« Les établissements de santé catholiques ne doivent pas offrir des services d’avortement, même fondés sur le
principe de la coopération matérielle [dans ce dernier cas] les établissements de santé catholiques doivent se préoccuper du danger de scandale d’une quelconque association avec des
fournisseurs d’avortement… »
Voilà qui est clair : MRMC devrait soit demander au Dr. Grossman de cesser ses
pratiques avorteuses à Planned Parenthood, soit se séparer de lui, sous peine de commettre l’action peccamineuse de coopération matérielle au mal. Mais MRMC reçoit des
subventions fédérales, or la loi américaine prévoit que tout établissement qui prendrait des mesures discriminatoires contre quiconque pratique des stérilisations ou des avortements perdrait son
droit aux subventions fédérales…
Pour l’heure, MRMC préfère le confort de son compte en banque au service de la vérité catholique dans le domaine de la santé. Des catholiques critiquent cette attitude car pour
eux une Église qui tolère des avorteurs dans les équipes médicales des hôpitaux catholiques n’est plus une Église prophétique mais une Église mise en échec et mat par la culture de mort.
L’affaire se complique encore quand on sait que Catholic Health Initiatives a soutenu la manœuvre de la majorité sénatoriale qui permis de mettre un terme au débat sur le
financement de l’avortement dans l’ObamaCare et le vote du projet de loi sénatorial le 21 décembre dernier. Ceci pourrait expliquer cela…
À l’heure où j’écris ces lignes l’ordinaire du diocèse de Pueblo ne s’est pas manifesté.