Le temps se couvre pour le cardinal Angelo Sodano, ancien secrétaire d’État de Jean-Paul
II – Benoît XVI lui substitua le cardinal Tarcisio Bertone après un an de suprême pontificat – et doyen du Sacré Collège.
Après le cardinal Schönborn, archevêque de Vienne, le mois passé, c’est le cardinal Sean O’Malley, archevêque de Boston (Massachussetts) qui passe à
l’attaque.
Voici un extrait de l’entretien accordé le 13 mai par le cardinal à Fatima, au Portugal, au journaliste John L. Allen, et qui a été publié le 14 par l’hebdomadaire catholique “de
gauche” National Catholic Reporter.
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« Q. Le cardinal Christoph Schönborn de Vienne, a récemment déclaré que l’expression utilisée
par le cardinal Sodano [après] la Messe du dimanche de Pâques, se référant aux “jacasseries”, a fait “un mal considérable” aux victimes d’abus sexuels. Cela vous a-t-il
satisfait ? -
R. Tout à fait. Évidemment, il [Schönborn] a eu une expérience pastorale de première main du dégât
causé par la pédophilie à l’Église. -
Q. J’ai suggéré l’idée qu’une partie de la raison pour laquelle le Vatican n’a pas tout dit sur l’action de
Benoît XVI concernant la crise, était destinée à le défendre, qu’on doit identifier l’opposition qu’il a affrontée, laquelle comprend de très hauts responsables comme
Sodano, et que tout cela pourrait finir par ternir le [pontificat] de Jean-Paul [II]. Partagez-vous cette préoccupation ? -
R. Je pense qu’il est injuste de faire rejaillir cela sur Jean-Paul II. Cette crise est vraiment
arrivée son sommet à la fin de son pontificat 1, alors qu’il était en très mauvais état. S’il avait été plus jeune, par exemple, il serait venu à Boston. Ce ne sont pas les problèmes
qui l’effrayaient. Je pense qu’il a été abrité de beaucoup de ces choses par des gens qui essayaient de le protéger. -
Q. Pensez-vous qu’il soit honnête d’examiner de manière critique le rôle joué dans cette affaire par de hauts
collaborateurs du pape comme Sodano et le cardinal Cast[r]illon Hoyos ? -
R. Je pense qu’il serait utile d’examiner et de découvrir précisément ce qui s’est passé. Ces responsables étaient
souvent très éloigné de ce qui se passait aux États-Unis, et ils regardaient cela à travers un prisme européen. Ils n’ont pas compris le caractère grave de ce problème et toutes ses
implications. Quand le cardinal Ratzinger a été au fait de tout cela, ce fut comme une révélation. En général, ceux qui ont eu conscience de l’impact que cela avait sur la vie
des gens, furent ceux qui réagirent. Je pense que le problème fut plus d’ignorance que de malveillance, et je n’estime pas que ce serait une menace pour nous que de jeter un regard honnête sur
tout ce dossier. »
1. Le cardinal fait allusion au scandale qui a éclaté dans le diocèse de Boston – dont il n’était pas encore l’archevêque – en janvier 2002.