Une lectrice de ce blogue, française expatriée en Arkansas, m’a adressé hier ce très intéressant témoignage sur la
campagne des 40 Days for Life à Little Rock. Je l’en remercie bien vivement et je souhaite vous en faire profiter. Le voici.
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« Il y a deux ans, le seul avortoir de Little Rock (Arkansas) fonctionnait discrètement à l’ouest de la ville, dans
un quartier d’affaires. Un petit groupe de catholiques se réunissait parfois le samedi (jour où la clinique est ouverte) pour dire le chapelet dans la rue à la sortie du parking, sous
l’impulsion de plusieurs pieuses Américaines.
Il y avait aussi quelques “sidewalk counselors” [conseillers de trottoirs] isolés mais très expérimentés qui ont à leur actif Dieu seul
sait combien de mères et d’enfants sauvés du désastre.
De l’autre côté de la rue, juste en face, il y a un “Pregnancy Resource Center” [centre d’aide à la grossesse], fondé il y a une quinzaine
d’année, qui a suivi l’avortoir depuis son dernier déménagement et qui fait un incroyable travail d’aide concrète et de conseil aux femmes enceintes en difficulté : cela va du test de grossesse
à la consultation médicale gratuite, des couches et vêtements pour bébé au paiement du loyer d’une famille pauvre qui attend un enfant, ou encore des adresses d’agences d’adoption pour celles
qui ne peuvent envisager ni la maternité ni l’avortement. Ils donnent aussi des cours de puériculture et d’éducation sexuelle (morale catholique). Leur prochain objectif est de pouvoir offrir
des échographies gratuites. Ils ont acquis l’appareil et cherchent maintenant à financer les services d’un technicien échographe. Les chiffres prouvent en effet qu’une mère qui voit une
échographie de son enfant renonce dans 90 % des cas.
Mais cela ne suffisait pas… Une mère de famille de six enfants a donc décidé il y a deux ans que la clinique d’avortement devait fermer et a lancé une campagne des 40 Days for
Life. Succès immédiat au prix de gros sacrifices pour la famille : elle et son mari assuraient personnellement au moins deux heures de veille chaque jour (avec bébé dans les bras et
les petits jouant sur une couverture sur la pelouse) et le reste des volontaires, recrutés par le bouche à oreille et les carnets d’adresse personnels de chacun, se débrouillait pour remplir
les 12 heures de veille et de prière de chaque jour.
Deux ans plus tard il y a environ trois cent cinquante volontaires. La campagne de Carême a donc très bien fonctionné : sept enfants au moins sauvés du massacre et probablement quelques autres
puisque nous avons appris que plusieurs couples entrés dans la clinique ont renoncé au dernier moment et sont repartis sans se manifester auprès des “veilleurs”.
Il y a aussi tous ceux qui sont passés dans la rue et ont vu les gens prier et les pancartes (“Abortion hurts women” [L’avortement blesse les
femmes], “Before you were in the womb I knew you : God” [Je te connaissais avant même que tu sois conçu : ( signé), Dieu – Jr, 14,
5], “Pray to end abortion” [Priez pour la fin de l’avortement], etc.)
Mais le mieux c’est que depuis cette dernière campagne de Carême, pendant les trois jours par semaine où la clinique pratique des avortements, il y a désormais en permanence une à six personnes
qui prient dans la rue, avec des pancartes et des brochures à distribuer (sur le “Pregnancy Resource Center” sur les autres “solutions” possibles, des témoignages divers, et
les programmes d’aide psychologique et spirituelle pour le syndrome post-abortif).
Les paroisses catholiques signalent maintenant les campagnes des 40 Days et prennent parfois en charge des journées entières de veille. L’évêque de Little Rock
[Mgr Anthony B. Taylor] a donné sa bénédiction en personne et procédé sur les lieux au lancement de la campagne de Carême. Certaines
congrégations protestantes ainsi que quelques isolés de différentes dénominations se joignent régulièrement aux “prayer warriors” [guerriers de la prière]. La majorité est
cependant composée de catholiques et les initiatives sont toujours venues de laïcs. La Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre, présente en ville [St. John the Baptist House], est un soutien certain. Le desservant vient régulièrement diriger le chapelet et bénir les participants.
Pour précision il doit y avoir environ 4 à 5 % de catholiques en Arkansas, ici c’est la Bible Belt et donc la majorité de la population est baptiste.
Il faut ajouter que les passants sont pour un nombre appréciable très encourageants : pouce levé, signes de la main, certains s’arrêtent même pour parler, voire se proposent pour aller vous
chercher un café les jours de froid !
C’est une expérience très profonde, très inhabituelle et très émouvante pour une Française. Quand je pense à notre pays où la moindre prière pacifique devant un avortoir doit être protégée par
la police et où “la” ministre de la Santé vient de doubler la rémunération de cet acte de mort en guise de solution à tous nos maux…
Le côté pratique est sûrement un modèle qu’il faudrait suivre : avoir un centre qui offre toutes les alternatives possibles juste en face, c’est un argument formidable quand on réussit à
discuter avec une candidate à l’avortement.
Je confirme, pour en être témoin personnellement et régulièrement, qu’environ les deux tiers des femmes qui viennent avorter sont de race noire. L’un des deux médecins est d’ailleurs un ferme
partisan de l’élimination de la race noire, ne s’en cache pas et s’en est vanté devant au moins l’une d’entre nous.
Leur première motivation semble cependant financière. D’après les témoignages obtenus, l’acte doit être payé par avance et en liquide. La somme n’est pas remboursable si la femme renonce à la
“procédure”… »