Contrairement à l’opinion de George
Wesolek, de l’archidiocèse de San Francisco, la dissidence de groupes de religieuses (Catholic Health Association, CHA) et Leadership Conference of Women Religious)
vis-à-vis de l’enseignement sociale de l’Église et de l’autorité des évêques, ne tient pas qu’à des motifs idéologiques – encore que ces derniers soient indéniables. Il y a aussi tout un
arrière-plan financier dont il me faut bien dire quelques mots.
Le millier de milliards de $ que le gouvernement fédéral se dispose déverser au cours des dix prochaines années pour sa réforme de la santé en subventionnant les assurances-santé afin de les
rendre accessibles à plus de 30 millions d’Américains, est une manne dont vont profiter les industriels de la pharmacie et de la santé. Plus de patients, c’est plus de médicaments et de journées
d’hôpital vendus.
La Catholic Health Association est une organisation commerciale et non une association à but non lucratif. Dans un article publié sur le site de Catholic Advocate le 23 mars dernier, Anne Henderschott, titulaire de la chaire de Philosophie politique
et d’Économie au King’s College de New York, s’interroge sur les implications financières des choix de ces religieuses.
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« Bien que les hôpitaux catholiques et les maisons de retraites catholiques aient été créés au service des pauvres,
et que la plupart de ces établissements ont fait un magnifique travail, le Wall Street Journal révélait récemment que certaines entreprises de santé catholiques à but non
lucratif étaient devenues fort lucratives. En 2008, le Journal a publié une série d’article sur la transformation d’hôpitaux à but non lucratif en “machines à profit” comme
les qualifie le journaliste. Le Journal souligne que Ascension Health, un système de santé catholique à but non lucratif et qui gère 65 hôpitaux, la plupart dans le
Midwest et le Northeast, a annoncé un chiffre d’affaires de 1,2 milliard de $ pour l’année fiscale arrêtée au 30 juin 2007, et des actifs nets (trésorerie + investissements) de 7,4 milliards
de $… beaucoup plus que nombre de grandes entreprises… beaucoup plus d’actifs que n’en possède Walt Disney Co. -
Certains des hauts dirigeants des institutions membres de la CHA [présidents et directeurs généraux] sont
parmi les administrateurs hospitaliers les mieux payés du pays (…) ».
Quelques chiffres, en effet, qui font réfléchir : Lloyd Dean, directeur général de Catholic Healthcare
West : 5,3 millions de $ par an ; le directeur général de Ascension Health : 3,3 millions de $ par an. Quant à sœur Carol Keehan, comme présidente et directeur-général de
CHA elle a touché un salaire de 856 093 $ en 2006 – mais son salaire est réglé directement à sa congrégation religieuse –, et son assistant spécial, Fred Caesar, un salaire de 198
112 $ en 2006, les très hauts dirigeants de CHA ayant des salaires atteignant ou dépassant les 300 000 $ annuels.
Alors, l’idéologie… je veux bien. Mais n’oublions pas les gros sous. Après tout on peut vouloir le beurre et l’argent du beurre.