Dans une étude publiée le 25 mars sur son blogue In the Light of the Law, le
canoniste américain Edward Peters revient sur l’application du canon 915 et souhaiterait en voir une première « application nationale » pour le cas de Madame
Speaker, autrement dit la dissidente Nancy Pelosi. Une façon comme une autre de lui présenter ses vœux d’anniversaire…
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« Ceux qui estiment que le canon 915 est destiné à être appliqué pourraient cependant nourrir des réserves sur
l’interdiction de recevoir la Communion à tel politicien pro-avortement ou à tel autre, de crainte de déclencher des débats sans fin sur pourquoi ne pas aussi l’interdire à tel
politicien catholique pro-avortement ou à tel autre. La perspective d’être critiqué pour avoir “imparfaitement” appliqué la loi pourrait faire hésiter certains prélats, inclinant par contre à
évoquer la loi, à passer à l’acte. -
Je comprends leur préccupation, et j’ai démontré ailleurs que l’application du canon 915 n’est pas aussi simple que
certains l’imaginent. Mais, sauf si le parfait devient l’ennemi du bien, je suis convaincu qu’on doit commencer parce qu’on pourrait appeler une “application nationale”* du canon 915
quelque part, et que le meilleur cas avec lequel commencer est celui de la présidente de la Chambre des Représentants, Nancy Pelosi. -
Avant de continuer, il faut être très clair sur un point : la vérification des conditions décrites dans le canon
915 ne se contente pas d’autoriser les ministres à refuser la sainte Communion à ceux qui “persistent avec obstination dans un péché grave”, il exige les ministres à
refuser la sainte Communion dans ces cas et ceci sous peine de manquement à leur office sacré (Canon 128, 1389). -
Je suggère donc qu’il n’existe pas de politicien catholique dont la conduite au niveau national soit de manière
criante et amplement pro-avortement (pour ne mentionner qu’un seul domaine dans lequel les manœuvres de Pelosi sont gravement discutables) et dont la rhétorique scandaleuse soit aussi
ouvertement catholique (les évêques ont dû mettre un coup d’arrêt et réfuter nombre de ses curieuses assertions) que Nancy Pelosi. Si sa conduite publique prolongée ne peut pas être
qualifiée de persistance obstinée dans un péché grave alors, très sincèrement, je dois admettre ne pas savoir ce qui constituerait une persévérance obstinée dans un péché
grave.
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Mais si j’ai raison quant au mauvais exemple objectif de la conduite publique de Nancy Pelosi, alors c’est à elle
que devrait s’appliquer en premier le canon 915, même si personne d’autre n’emboîte le pas (encore que, franchement, je pense que d’autres devraient lui emboîter le pas, ad bonum
Ecclesiæ et salutem animarum**, les cas devant être traités selon leurs propres mérites). On n’est pas obligé de s’engager à faire tout le bien imaginable avant d’être obligé de faire le
bien qui est évident. On agit selon ce que l’existence présente, et l’existence nous a donné Pelosi. Elle est de notre responsabilité, pas de celle de nos parents ou de nos
enfants. -
Bien sûr, les évêques qui ont l’autorité immédiate pour agir en ce qui concerne Pelosi, sont l’archevêque de San
Francisco (Californie), George Niderauer, suivi par l’archevêque de Washington D.C., Donald Wuerl. La décision d’appliquer le canon 915 à Pelosi est, et doit être, de leur ressort (et
souvenez-vous que l’archevêque Wuerl, rejoint par l’évêque Loverde d’Arlington, Virginie, a déjà signalé son désir d’honorer les interdits imposés par des évêques résidents sur des
politiciens lorsqu’il se trouve dans le D.C., encore que j’estime que l’autorité de Wuerl est plus grande que cela)***. C’est très clair que certains ont déjà bien réfléchi à ce cas, et je
suis certain que d’autres personnes prudentes et qualifiées sont disponibles pour apporter leur aide si besoin est. -
Mon point principal est le suivant : si quelqu’un hésite à appliquer le canon 915 à un cas évident parce qu’il
estime qu’il serait vite contraint de l’appliquer à plusieurs autres aussi voisins qu’évidents, une telle hésitation est infondée.
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* Mon hypothèse n’est pas que le canon 915 ne peut être efficace qu’au “niveau national”, mais, au
contraire, que les cas les plus en vue pour le canon 915 sont ceux qui auront des répercussions nationales, et que ces facteurs peuvent être aussi anticipés dès le début. De toute évidence,
seuls quelques rares cas susceptibles du canon 915 ont déjà été soulevés à des niveaux régionaux, et certains me semblent fort instructifs [l’affaire Kathleen Sebelius]. - ** [Pour le bien de l’Église et le salut des âmes].
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*** Il est envisageable que d’autres prélats disposant d’assez d’information sur l’intention de Pelosi de recevoir
la Communion sur leur territoire (disant lors d’un déplacement chez eux) devrait agir pour prévenir un tel scandale, mais c’est, je crois, les mettre, pour le moins, dans une délicate
situation administrative. »