Dans son long éditorial paru hier dans le Catholic Herald,
l’hebdomadaire officiel du diocèse de Madison (Wisconsin), l’évêque Robert C. Morlino se livre à une critique impitoyable – équivalente à celle de Mgr Charles Chaput – des organisations et
personnalités “catholiques” qui ont contredit frontalement les évêques américains sur les dangers de l’ObamaCare, et n’ont pas peu contribué à égarer les législateurs catholiques de la
Chambre des Représentants et l’opinion publique. En voici quelques extraits choisis.
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« Je ne peux pas laisser passer les agissements de la Catholic Health Association et d’un organisation
nommée Network, un lobby de religieuses américaines, qui ont déclaré, et tout à fait publiquement, que ce que les évêques avait enseigné [sur l’ObamaCare] était faux. Elles ont
dit que la loi procurait vraiment un cadre adéquat pour qu’un catholique puisse obéir à sa conscience en matière d’avortement. Nous avons donc une organisation commerciale – la Catholic
Health Association – qui se dit “catholique” et des religieuses qui se disent “catholiques” déclarant : “Désolé, messeigneurs, vous avez tout faux : voici ce qu’enseigne
l’Église”. -
Notre-Seigneur Jésus-Christ, aussi indignes que soient les évêques, à appelé les évêques pour conduire le peuple
dans la foi. Il n’a appelé personne de la Catholique Health Association et aucune religieuse de Network. Par-dessus le marché, ces religieuses, qui ont signé le document de
Network, disent qu’elles parlent au nom de 59 000 religieuses américaines, c’est-à-dire de toutes les religieuses qui existent aux États-Unis. Toutefois, un autre regroupement de
religieuses à fait savoir publiquement son désaccord avec Network. Malheureusement, c’est la prétention de ces religieuses de Network à représenter toutes les religieuses qui
est en fait faux, pas l’enseignement des évêques. -
Et, bien entendu, des gens comme Nancy Pelosy ne se sont pas gênés pour brandir la lettre de la Catholic
Health Association et celle de Network comme couverture pour les législateurs Démocrates qui hésitaient quant à la protection de la vie humaine innocente. La présidente de la
Chambre, Nancy Pelosi, n’a pas été appelée par Jésus-Christ pour diriger les fidèles catholiques, pas plus que les religieuses de Network et pas davantage les dirigeants de la
Catholic Health Association. -
Ce sont les évêques qui sont appelés à enseigner, à sanctifier et à gouverner. (…) Mais si les gens ne veulent pas
reconnaître cette autorité alors ils ne peuvent pas abandonner leur responsabilité aux pieds de ceux qui désobéissent. Le Pape et les évêques ne sont responsables que si leur autorité est
acceptée. Celui qui était alors le cardinal Ratzinger à lui-même déclaré que dans notre monde contemporain le mot “obéissance” avait disparu du vocabulaire et que l’obéissance, en tant
que fait, avait été anathémisée. -
C’est ainsi qu’un mal considérable a été fait à l’Église parce que des gens dans l’Église s’interrogent : “Qui
parle au nom du Christ ? Est-ce que la Catholic Health Association parle au nom du Christ ? Est-ce que Network, une organisation de religieuses, parle au nom du Christ ?
Enseignent-elles avec l’autorité des évêques ? Est-ce que l’enseignement de l’évêque n’est rien d’autre qu’une opinion différente ?”. -
Si nous continuons sur ce chemin, alors l’autorité des évêques continuera à s’éroder et avec elle l’autorité de
l’Église du Christ. Les évêques sont des pécheurs, ils ne sont pas parfaits. Les Apôtres ne l’étaient pas davantage à tous moments, c’étaient aussi des pécheurs. Dans Sa sagesse, que nous ne
pouvons pas comprendre, Jésus a appelé les évêques, les successeurs des Apôtres aujourd’hui, à enseigner la parole du Christ au peuple, et Il les a appelé d’une manière dont Il n’a pas appelé
d’autres, y compris les prêtres. C’est ce que nous voulons exprimer quand nous disant que l’Église est apostolique. L’évêque est un authentique Apôtre pour autant qu’il enseigne avec le Saint
Père, et le prêtre est un authentique Apôtre pour autant qu’il enseigne avec l’évêque. C’est ainsi que ça marche. -
Je vous en prie, ne laissez pas l’actuel débat et certains politiciens vous troubler là-dessus. Et ne laissez pas
ces contradictions et ces confusions vous empêcher de bien intervenir dans ces discussions et de dire la vérité dans l’amour. Il n’y a pas de problème relatif aux droits humains plus
fondamental, pour les catholiques et pour les hommes de bonne volonté, que le devoir d’un gouvernement de protéger la vie humaine de sa conception à sa mort naturelle. »
Ne nous y trompons pas. Les propos de Mgr Morlino comme ceux que je vous ai signalés hier de l’archevêque de Denver, sont véritablement “historiques”. Comme il y a un “avant” et un “après”
scandale des abus sexuels du clergé, il y a aussi un “avant” et un “après” débat sur la loi de réforme de la santé dans l’Église catholique. Ces deux grandes catastrophes qui ont affaibli et
divisé l’Église aux États-Unis auront des conséquences bénéfiques. Les turpitudes et les divisions ont été rendues publique. Les défauts dans le gouvernement épiscopal des diocèses et le mépris
de l’autorité des évêques sont aujourd’hui des maux bien identifiés. On ne peut pas soigner un malade tant qu’un diagnostic précis n’a pas été posé. Aujourd’hui, il l’est. Morlino et
Chaput en offrent des témoignages éclatants. Tempora bona veniant ! Que viennents les temps heureux…