Ce qu’il y a de bien avec Obama, c’est que la prédiction le concernant est toujours facile. Je ne suis pas prophète, mais il m’était pourtant aisé de prévoir dès hier au soir qu’il ne sortirait rien du débat public «
bipartisan » convoqué par Obama quelques heures après la publication de mon article. Six heures de discussions pour rien. Sinon pour montrer aux Américains un Obama hautain et
méprisant, distribuant bons points ou coups de règle aux députés et sénateurs présents, selon qu’ils abondaient dans son sens ou osaient le contester sur son projet de réforme du système de
santé.
Un député a enfin osé, après des heures et des heures de passes d’armes, mettre les pieds dans le plat sur un des points non négociables du projet de loi du Sénat et de la « synthèse » du
Président : la question du financement de l’avortement sur fonds publics.
L’homme qui a eu ce courage est le député Républicain de l’Ohio John Boehner, un catholique pro-vie qui est le président de la minorité Républicaine de la Chambre des Représentant.
Après avoir regretté qu’Obama n’ait pas cru devoir inviter le député Démocrate Bart Stupak à ce « sommet » – et il n’est pas très difficile de comprendre pourquoi… –, Boehner s’est
lancé dans un véritable réquisitoire :
« L’amendement Stupak-Pitts, qui reflète la volonté du peuple américain sur la question du financement fédéral de l’avortement, est soutenu par une majorité bipartisane à la Chambre, mais il
a été exclu de la proposition du Président » (la « synthèse Obama »). Boehner a poursuivi : « Les Démocrates pro-vie de la Chambre ont déjà promis qu’ils voteraient contre »
les propositions d’Obama (selon Stupak, ils sont entre 15 et 20 à la Chambre). « La réforme de la santé devrait être une occasion de protéger la vie humaine, pas d’y mettre fin
» – reprenant ici presque au mot à mot un passage de la lettre des évêques américains d’avant-hier – alors
même que ce point crucial, qui est au cœur des controverses du législateur depuis le début des discussions sur les différents projets de loi, « n’a même pas été retenu comme sujet de
discussion pour ce sommet ». Vous comprenez mieux pourquoi le député Démocrate Stupak n’a pas même été invité à y participer… Obama s’est bien sûr refusé à répondre au député
sur ce sujet de l’avortement et a écarté la déclaration de Boehner au motif que ce qu’il disait n’était « tout simplement pas vrai ». Or, ce l’est ! car le financement de
l’avortement est dans le projet de loi approuvé par le Sénat et dont Obama veut faire voter une mouture finale par les deux chambres. L’esquive du chef de l’exécutif face à l’attaque de
Boehner est tout à fait dans le style de l’homme : éluder les questions et mentir effrontément à l’opinion publique. Une fois de plus, le pro-avortement Obama a montré son vrai
visage.