L’événement est considéré comme « historique ». C’est en tous les cas une grande première et on doit la situer dans le débat qui fait rage aux États-Unis sur l’ObamaCare et bien
d’autres préoccupantes « questions de société ».
Le cardinal Francis George, archevêque de Chicago, et président de la Conférence épiscopale des États-Unis, a été invité le 23 février dernier par la Brigham Young University
(Provo, Utah) qui se trouve être l’université de la Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, c’est-à-dire des mormons ! Le cardinal avait répondu à l’invitation des dirigeants mormons
de l’université pour y prononcer un discours sur le thème : « Catholiques et Saints des Derniers Jours (Latter-day Saints) : partenaires dans la défense de la liberté religieuse. » C’est
le premier cardinal de la Sainte Église catholique a y avoir jamais été invité.
Cela pourra surprendre quelques lecteurs français rendus méfiants par des comportements d’épiscopes nationaux, ou éprouvant quelques dubia sur la « liberté religieuse ». Mais, dans ce
cas particulier, nous sommes dans un contexte américain et même si le discours du cardinal ne le précise pas, les catholiques et les mormons ont été, notamment, le fer de lance de la campagne qui
s’est déroulée avec succès en Californie pour faire annuler par référendum la loi de l’État sur le “mariage” entre personnes de même sexe. Un succès qui a coûté cher aux mormons : nombreux
fidèles agressés et molestés par les homosexualistes, un temple réduit en cendres…
Le cardinal n’a pu que saluer les combats communs menés par les catholiques et les mormons, combats qu’il qualifie de « rempart vital » contre ceux qui, dans la société américaine,
veulent « réduire la religion à une réalité purement privée » ou s’attaquent à la liberté de conscience : « Quand le gouvernement omet de protéger les consciences de ses citoyens, il
revient aux institutions religieuses de les défendre. » La vraie liberté religieuse, souligne le cardinal, ne signifie pas seulement la liberté de rendre un culte ou « des droits
individuels au respect des consciences tant que cela ne gêne personne », mais elle signifie le droit « de s’exprimer dans l’arène publique ». Le cardinal a déclaré ne pouvoir que se
louer de la coopération entre catholiques et mormons pour défendre les droits à la conscience des personnels de santé et des institutions qui ne veulent pas participer à l’avortement ou à
l’euthanasie, et défendre la conception du mariage en tant qu’union d’un homme et d’une femme.
Les 22 700 mormons présents au Mariott Center, situé sur le campus de l’université, firent une ovation debout au cardinal George à l’issue de son discours…