Philip F. Lawler est assurément l’un des plus fins et des plus perspicaces analystes catholiques. Ce Bostonien de naissance et d’éducation, spécialiste en philosophie politique, après
s’être essayé à la politique s’est taillé une réputation méritée dans le journalisme catholique. Il s’est illustré dans le magazine Crisis, dont il fut rédacteur en chef, puis
occupa des fonctions identiques – le premier laïc à ce poste – à The Pilot, le journal de l’archidiocèse de Boston. De 1993 à 2005, Phil devint le rédacteur en chef de Catholic
World Report et, comprenant tout l’intérêt d’internet, il créa en 1996 Catholic World News, le premier service d’information catholique en ligne… Il collabore aujourd’hui à Catholic Culture. On lui doit plusieurs ouvrages dont, dernier paru en 2008, The Faithful Departed : The Collapse of Boston’s Catholic
Culture 1, une analyse sans concession de l’effondrement de l’Église dans l’un de ses fiefs traditionnels, Boston dont les cardinaux successifs « devinrent de plus en plus
obnubilés par les besoins de l’archidiocèse en tant qu’institution séculière, parfois même au détriment de l’archidiocèse comme communauté de foi. » Tout est dit.
Dans un papier paru le 12 février sur le site Catholic Culture sous le titre « Un toast pour Mgr Tobin », Phil revient sur l’annonce du départ de Patrick Kennedy de la vie
politique (voir ici) et sur l’attitude de l’évêque Thomas Tobin envers le député “catholique”.
Une excellente analyse.
« Mgr Thomas Tobin, veuillez vous lever et accepter une chaleureuse ovation.
Pendant trois générations, les évêques catholiques avaient chouchouté la famille Kennedy, se soustrayant à toute confrontation alors que la dynastie politique catholique la plus célèbre de la
nation s’éloignait continuellement de l’enseignement de l’Église sur tout un ensemble de questions publiques. Enfin, l’année dernière l’évêque Tobin a pris une position ferme puis s’est refusé à
faire marche arrière face aux critiques. Ce clair acte de gouvernement pastoral a été la seule belle histoire en 2009, la plus visible des manifestations que les évêques ont une colonne
vertébrale au cours de l’année.
Aujourd’hui, quelques mois seulement après s’être attaqué publiquement à son évêque, le député Patrick Kennedy annonce qu’il ne sollicitera pas sa réélection. Ce n’est pas l’évêque qui le fait
sortir de la vie politique : ce sont les sondages. Il convient de remarquer que quand l’évêque à pris cette position, le ciel ne nous est pas tombé sur a tête. Les commentateurs de gauche ont,
évidemment, critiqué Mgr Tobin. Mais la plupart des gens raisonnables ont admis que l’évêque ne faisait que dire ce que l’Église a toujours dit. Kennedy fut incapable de tourner les déclarations
publiques de l’évêque à son propre avantage politique. Ce qui est arrivé, c’est que la position de principe de l’évêque a révélé l’opportunisme du député. L’évêque a gagné la bataille politique
parce qu’il a refusé d’agir comme un politicien.
On pourrait s’interroger de savoir comment l’histoire américaine aurait pu évoluer si un autre évêque catholique avait réprimandé d’une manière aussi claire un autre Kennedy, 20, 30 ou 40 ans
plus tôt. Ce ne sont là que des conjectures puisque la chose n’est pas arrivée. Qu’il soit donc établi que lorsqu’un évêque finit par adresser une réprimande si nécessaire, après qu’est passée
l’agitation des controverses, l’autorité de l’évêque en est sortie inentamée – pour dire vrai considérablement augmentée – tandis que le politicien lui est sorti de scène.
L’évêque Tobin a réagi à l’annonce du retrait de la vie politique de Patrick Kennedy par une déclaration typiquement aimable, lui offrant ses meilleurs vœux et l’assurance de ses prières. Il
s’est encore une fois montré comme un véritable pasteur, préoccupé par le bien être spirituel d’un membre de son troupeau. »
1. La disparition des fidèles : l’effondrement de la culture catholique à Boston (l’ouvrage n’est pas traduit en français mais vous pouvez le commander
ici dans sa version originale anglaise).