Voilà six ans qu’une traduction anglaise acceptable pour le Saint Siège du Missel romain piétinait. Vous me direz que si la forme ordinaire était célébrée partout en latin, un tel problème
n’aurait pas lieu d’être. C’est vrai, mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué.
Les évêques américains réunis en assemblée plénière à Baltimore (Maryland) ont mis un terme à ce piétinement, sans doute un peu “aidés” par Rome qui avait indiqué comme date limite à
l’approbation des nouvelles traductions la fin de ce mois, sous peine de prendre en main directement le dossier…
Les traductions qui viennent d’être approuvées le 17 ne sont sans doute pas parfaites, mais comme le faisait remarquer avec un humour qui n’est pas dépourvu de profondeur Mgr Arthur
Saratelli, évêque de Paterson (New Jersey) et président de la commission épiscopale sur le Culte divin (nouvelle appellation de ce qui se nommait voici encore peu « commission sur la liturgie
» – on sent là comme un léger infléchissement…), « la perfection viendra quand la liturgie terrestre cèdera la place à la liturgie céleste, là où tous les saints louent Dieu d’une seule voix.
»
Farouchement opposé aux nouvelles traductions, plus fidèles à l’édition typique latine, Mgr Donald Trautman, évêque d’Erie (Pennsylvanie), qui mène depuis dix ans une guerre contre toute
retouche aux traductions fautives du Missel romain (voir ici), a
mené une ultime attaque contre la proposition de vote de l’ensemble des nouvelles traductions du président de l’USCCB, le cardinal Francis George, archevêque de Chicago (Illinois)
ce qui a amené ce dernier à déclarer dans un soupir : « J’ai l’impression que nous vivons une guerre de guérilla ici ».
Trautman, sachant que le petit parti qu’il menait, opposé à l’acceptation des traductions, était ultra-minoritaire s’était lancé dans une opération de diversion canonique assez savoureuse
au motif que la traduction des antiennes des psaumes responsoriaux avait été confiée par lassitude à Rome par le cardinal George, sans l’aval des évêques américains et que cela violait la
constitution du concile Vatican II sur la liturgie ! Une manœuvre pour “jouer la montre” et retarder l’acceptation et qui s’attira la réplique humoristique du cardinal George : «
L’USCCB pourrait donc poursuivre la Congrégation [pour le culte divin] devant la Signature apostolique », ce qui provoqua un éclat de rire général. La motion de Trautman fut repoussée
par 166 voix contre 46. Celle du cardinal George, proposant de transmettre à Rome pour « recognitio » les nouvelles traductions adoptées (toutes à une très grosse majorité), fut
approuvée par 194 voix contre 20 (soit 88 % des évêques diocésains américains, les auxiliaires étaient exclus du vote, et alors que 66 % des voix eussent été suffisantes pour emporter le
vote).