Évidemment, quand j’ai lu, le 9 novembre dernier, sous la plume du cardinal Francis George, président de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, que par le vote de
l’amendement Stupak/Pitts « les députés avaient honoré l’engagement pris par le président Obama devant le Congrès [1] et devant la Nation que la réforme du système de
santé ne deviendra pas le moyen d’augmenter le financement ou les autorisations d’avortements », je n’ai pu m’empêcher de doucement rigoler devant l’habileté de la formulation… Les histoires
de dupeurs dupés sont un grand ressort du genre comique. Toutefois, on n’a pas gagné la guerre parce qu’on a remporté une indiscutable bataille. Le plus difficile est à venir avec la discussion
du projet de loi au Sénat dont la mise à l’ordre du jour des travaux de la Chambre haute devrait être arrêtée lundi prochain, autorisant le début des débats le jeudi suivant. Mais à supposer que
le projet sénatorial soit voté avant Noël, il faudra ensuite faire la synthèse – très difficile – en commission bicamérale des deux projets de loi (Chambre basse et Chambre haute) pour obtenir un
projet de loi unique pouvant seul être signé par le chef de l’Exécutif : cela nous renvoie au premier trimestre de 2010.
Bill Donohue, le président de la Catholic League, résume assez bien la duplicité d’Obama, dans un commentaire d’avant-hier intitulé « Obama trompe les évêques ».
« Le 30 septembre, la Conférence des évêques catholiques des États-Unis a adressé une lettre au Sénat des États-Unis où elle déclarait : “Jusqu’à présent, les projets de lois relatifs à la
réforme de la santé étudiés en commission, y compris le nouveau projet de loi de la Commission des finances du Sénat, ne répondent pas à l’engagement du président Obama d’interdire
l’utilisation des dollars fédéraux pour l’avortement.”
« Nous savons désormais que le président Obama – qui fait pression pour qu’on enlève les restrictions à l’avortement que les évêques voulaient – a trompé les évêques. Voici comment le
journaliste Robert Pear en traite aujourd’hui [10 novembre] dans le New York Times : “Le président Obama a laissé entendre lundi qu’il n’était pas satisfait
des restrictions à l’avortement ajoutées dans la version de la chambre basse de la grande législation sur la santé, et il a encouragé le Congrès à les remanier”. Bien qu’Obama ait usé d’un
double langage lors de son entretien avec ABC News [2], ce que dit Pear est une interprétation précise de la position du président.
« La manière de se conduire en homme pour le président serait de reconnaître l’évidence : son amour des droits à l’avortement ne supporte aucun compromis. Mais il ne se conduira pas ainsi,
choisissant au contraire de nous resservir la même vieille escroquerie qu’il n’a cessé de nous servir tout du long. Et il n’est pas le seul. Pendant des mois, on nous a dit que le projet de loi
ne dissimulait aucun financement de l’avortement. Pourtant, si la chose avait été vraie, l’amendement Stupak n’aurait pas été nécessaire, ni la résistance qu’on lui a opposée.
« Ce fut un grand moment pour les évêques et les catholiques en général, mais le combat n’est pas fini. Ce qui est important, c’est que chacun, des deux côtés, sache exactement à quoi joue
l’autre. »
Ce n’est pas mal vu, même si ce n’est pas une révélation pour moi – ni pour Donohue… Obama est un pur produit du militantisme révolutionnaire de Chicago : il est de l’école de Saul
Alinsky et du terroriste Bill Ayers, tous rompus, comme lui, à l’art de la manipulation et du mensonge…
Entre nous, et j’en resterai là pour aujourd’hui : est-il vraiment nécessaire que pour permettre l’accès des plus pauvres et des moins chanceux des Américains, il faille 2 000 pages d’un projet
de loi quasi impénétrable et l’étatisation du cinquième de l’économie des États-Unis ? Vos réponses m’intéressent…
1. Discours aux deux chambres du Congrès le 9 septembre dernier : « Pas un seul dollar fédéral ne sera utilisé pour financer l’avortement » dans le projet de
loi réformant le système de santé ». Croix de bois, croix de fer…
2. Le 9 novembre.