Digne fils de son (in)digne père, feu le sénateur Ted Kennedy, Patrick J. Kennedy, député “catholique” Démocrate du Rhode Island a voté contre l’amendement Stupak/Pitts (voir
ici), ce qui ne constitue pas une grande
surprise compte tenu de l’engagement pro avortement constant de ce politicien dont on ne peut pas dire qu’il va sur les brisées de son père puisqu’il en suit manifestement les ornières.
Patrick Kennedy avait, au sujet de l’ObamaCare, lancé une polémique idiote et insultante contre l’Église à laquelle il prétend appartenir ce qui lui avait valu une réprimande de son
évêque (i
ci), Mgr Thomas Tobin, ordinaire de Providence (Rhode
Island), puis une invitation de ce dernier à venir discuter avec lui sur ses positions quant aux questions pro vie (ici et là) sur lesquelles le
politicien – dont pour tout dire le visage n’exprime pas une intelligence déliée (photo) –
est objectivement en contradiction avec celles de l’Église. Un rendez-vous qui pour l’heure est ajourné « d’accord mutuel » : le vote de Kennedy contre l’amendement
Stupak/Pitts ayant été, sans doute, la petite goutte qui a fait déborder la coupe de la patience de l’évêque, l’invitant à procéder différemment.
Kennedy étant un homme public et ses déclarations intempestives contre l’Église catholique ayant été amplement rendu publiques par ses soins, l’évêque a donc décidé d’interpeller tout
aussi publiquement le député sur ce qu’est vraiment sa foi catholique.
Dans une longue lettre ouverte publiée dans le Rhode Island Catholic (daté du 12 novembre mais rendu public aujourd’hui même), l’évêque Tobin interpelle paternellement puis
sévèrement Kennedy et l’invite à réfléchir soigneusement sur l’incohérence qu’il a écrite dans sa lettre du 29 octobre dernier à l’évêque dans laquelle il lui déclarait « le fait que
je sois en désaccord avec la hiérarchie sur un certain nombre de questions ne me rend pas moins catholique. »
« Cette phrase, écrit l’évêque Tobin, soulève une importante question : qu’est-ce ce que cela signifie qu’être catholique ? »
« Quand quelqu’un rejette les enseignements de l’Église, particulièrement sur une affaire sérieuse, une question de vie ou de mort comme l’avortement, cela amoindrit vraiment sa communion
ecclésiale, son unité à l’Église (…) Mais qu’est ce que vraiment veut dire être catholique ? Après tout, être catholique doit bien vouloir dire quelque chose : d’accord ? Et bien, en termes
simples (…) être catholique veut dire que vous appartenez à une communauté de foi qui possède une doctrine et une autorité clairement définies, des obligations et des attentes. Cela veut dire que
vous croyez et acceptez les enseignements de l’Église, notamment sur les questions fondamentales de foi et de mœurs, que vous appartenez à une communauté catholique locale, une paroisse, que vous
assistez à la Messe le dimanche et que vous recevez régulièrement les sacrements, que vous soutenez l’Église, personnellement, publiquement, spirituellement et financièrement.
Cher député, je ne sais pas trop si vous observez les exigences de base de tout catholique, aussi je vous demande : acceptez-vous les enseignements de l’Église sur les questions fondamentales
de foi et de mœurs, y compris notre position sur l’avortement ? Appartenez-vous à une communauté catholique locale, une paroisse ? Assistez-vous à la Messe le dimanche et recevez-vous les
sacrements régulièrement ? Soutenez-vous l’Église, personnellement, publiquement, spirituellement et financièrement ?
Dans votre lettre, vous dites que vous adhérez à votre foi. Formidable. Mais si vous n’observez pas les exigences de base de votre adhésion, qu’est-ce qui fait vraiment de vous un catholique
? Le baptême que vous avez reçu bébé ? Vos liens familiaux ? Votre héritage culturel ? ».
L’évêque termine en passant de la catéchèse à l’admonestation.
« En faisant face à votre rejet de l’enseignement de l’Église, nous ne traitons pas seulement avec “une humanité imparfaite” – comme nous le faisons quand nous luttons contre les péchés comme
la colère, l’orgueil, la cupidité, l’impureté, le mensonge. Nous luttons tous contre ces choses et souvent nous succombons.
Votre rejet de l’enseignement de l’Église sur l’avortement relève d’une tout autre catégorie [1] : c’est un acte de la volonté délibéré et obstiné, une décision consciente que vous avez
réaffirmée en de nombreuses occasions. Désolé, mais vous ne pouvez pas mettre cela sur le compte d’une “humanité imparfaite”. Votre position n’est pas acceptable par l’Église et est objet de
scandale pour beaucoup de ses membres. Elle réduit à peu de chose votre communion à l’Église.
Député Kennedy, je ne vous écris pas ces mots pour vous gêner ou juger de l’état de votre conscience ou de votre âme. C’est au final une affaire entre vous et Dieu. Mais la manière dont vous
décrivez votre relation à l’Église est désormais publique et elle doit être contestée. Je vous invite, comme votre évêque et votre frère en Christ, d’entamer un processus sincère de discernement,
de conversion et de repentance. Il n’est pas trop tard pour restaurer votre relation avec l’Église, racheter votre image publique, et émerger comme une authentique “figure dans le courage”
[2], tout spécialement en défendant le caractère sacré de la vie pour tous les êtres humains, y compris les enfants à naître. Et si je peux vous aider sur ce chemin de foi, je serais honoré
et heureux de le faire. »
1. On entre ici en effet, en raison des mots et des expressions employés dans une tout autre catégorie qui renvoie aux peines prévues par le droit canon ! Il y a
comme de l’excommunication dans l’air…
2. Allusion au titre d’un ouvrage de l’oncle de Patrick, le président John F. Kennedy, Profiles in Courage, une anthologie des hommes d’État courageux…