À y bien réfléchir est-on fondé à contester l’attribution du Prix Nobel de la Paix à Obama quand on est resté extatiquement bouche bée devant la collation à ce même personnage d’un
doctorat honoris causa par la plus prestigieuse université (ci-devant) catholique des États-Unis, Notre Dame ? On a, je crois, le droit de se poser la question.
L’Osservatore Romano, le quotidien (semi) officiel du « Vatican », vient de sortir de sa torpeur le 10 octobre en déclarant « prématurée » cette attribution qui «
suscite encore une fois perplexité et critique » quant à ses critères d’attribution, dernière remarque avec laquelle je ne puis qu’être d’accord. Je le suis d’autant plus quand je lis dans
une dépêche du même jour de l’agence italienne ANSA que pressé de questions par les journalistes sur le caractère prématuré de cette attribution, le président du Comité Nobel, le
très progressiste Thorbjoern Jagland, a déclaré qu’il était préférable de donner ce prix à Obama de manière prématurée plutôt que « trop tardive » ! Dans le monde du
politiquement correct, gouverner c’est prévoir… Il faut admettre que décerner le Nobel de la Paix à un homme entré en fonction depuis une douzaine de jours, relève de l’exercice d’un
extralucide.
L’Osservatore Romano estime, à juste titre, que rien dans les faits du Président en exercice ne vient confirmer les paroles “pacifistes” du candidat Obama
durant sa campagne, une politique de va-et-vient assez semblable à celle qu’on constate chez lui dans « les grandes questions de bioéthiques, en premier lieu l’avortement », qui a
suscité une « grande opposition chez les catholiques de ce pays ». Bon point !
Toutefois – in cauda venenum –, L’Osservatore Romano emboîte le pas de son caporal-chef, le Père Federico Lombardi (ici et là) pour se « réjouir de la
reconnaissance des efforts du Président Obama sur le désarmement nucléaire », sauf, encore une fois, que la décision de lui attribuer le Prix Nobel fut prise avant qu’il eut fait le
moindre geste politique dans cette direction. Une conclusion dont je me serais bien passé et qui a quelque peu gâché mon plaisir…