Les obsèques catholiques – et outrageusement politico-médiatiques – d’Edward Kennedy auront eu un détestable “effet collatéral” : diviser de nouveau les pasteurs et les fidèles catholiques
quant à l’attitude qu’il convenait d’adopter pour les funérailles religieuses du sénateur défunt. S.Ém. Sean O’Malley, le cardinal-archevêque de Boston, a défendu sa gestion de l’événement
et critiqué en termes assez vifs les groupes catholiques pro-vie ayant suggéré des obsèques privées ou critiqué, a posteriori, le “show” politico-religieux créateur de confusion dans
l’esprit des fidèles et de l’opinion publique. Le 6 septembre, l’évêque de Madison (Wisconsin), Mgr Robert C. Morlino, volait au secours de son confrère de Boston : un soutien d’autant
plus surprenant, que l’évêque a toujours eu une courageuse attitude pro-vie et de défense du mariage traditionnel. Il y a quelques jours, c’était le P. Thomas Rosica, qui dirige la chaîne
de télévision catholique canadienne Salt & Light TV, et qu’on a connu mieux inspiré, qui dénonçait vertement la position de son confrère Raymond Arroyo d’EWTN, dont
l’opinion que j’ai traduite ici a été lue par près de 2 000 personnes sur americatho !
L’Église ressort donc divisée de cet événement, comme elle sortie divisée du scandale de l’Université Notre Dame, et comme elle l’est encore sur le projet de réforme de la santé
d’Obama. Il y a quelque diablerie là-dedans, on ne m’en fera pas démordre.
Il y a au moins un évêque américain qui a publiquement dénoncé le « scandale » de ces obsèques. Mais ce n’est pour
moi une surprise car, depuis des dizaines d’années, et même à l’époque où il était encore évêque en exercice, Mgr René Henry Gracida (photo) a toujours été comme du “poil à
gratter” pour ses confrères dans l’épiscopat…
Né en 1923, Mgr Gracida fut successivement évêque de Pensacola-Tallahassee, en Floride (de 1975 à 1983), puis de Corpus Christi au Texas (de 1983 à 1997).
Il écrit, le 6 septembre, sur son blogue Abyssus Abyssum Invocat les réflexions que lui inspirent les obsèques de Kennedy.
« Il y eut tellement de choses erronées dans la liturgie de funérailles célébrée samedi dernier à Boston pour le sénateur Edward Moore Kennedy, que je ne sais trop par où commencer. Si
l’on met de côté l’inconvenance d’une célébration si grandiose pour quelqu’un qui fut l’un des plus grands dissidents catholiques du pays, la “célébration” était pleine d’erreurs liturgiques et
de transgressions à l’Instruction générale au Missel Romain qui gouverne toute célébration de la liturgie de l’Église. » Plutôt que d’entrer dans les détails, l’évêque
émérite se contente de citer les commentaires de clercs et de laïcs catholiques, pour la raison suivante : « Je crains, en tant qu’évêque, que si je devais entrer dans les détails de ce
scandale, cela ne ferait qu’ajouter au scandale, et c’est pourquoi je laisse les laïcs s’exprimer là-dessus », et il ajoute : « Il n’est pas déraisonnable de suggérer que cette quête du
scandale d’extravagance séculière qui a voilé la nature liturgique sacrée des funérailles de Kennedy, aurait du être bloquée sur le bureau du cardinal-archevêque de Boston. Mais, encore
une fois, comme je ne veux pas critiquer directement un autre évêque, je laisse aux laïcs le soin d’analyser la vraie nature de cette célébration. »