La grande association catholique pro-vie américaine et internationale, Human Life International, a, sous la plume de son président, le Père Thomas Euteuneuer, donné hier un
commentaire très instructif sur le sénateur Edward Kennedy et ses obsèques catholiques qui vont se dérouler aujourd’hui à 17 h locales – soit 23 h, heure de Paris. La Messe d’obsèques
devrait être célébrée par le P. Donald Monan, chancelier du Boston College – une faculté “catholique” qui est un repère d’hérétiques… –, un de ces jésuites qui ont eu une si
mauvaise influence théologique sur les frères Kennedy, et en particulier sur Ted, l’homélie devrait être donnée par le P. Mark Hession, curé de la paroisse où résidait Ted
Kennedy, et devrait être « présidée » – au sens de la préséance mais pas de la célébration liturgique elle-même – par le cardinal Sean O’Malley, archevêque de Boston. Il est
aussi prévu que le président Obama, qui sera présent avec tous les présidents des États-Unis encore en vie, prononce un éloge funèbre du défunt… ce que l’Institutio Generalis du
Missel Romain non seulement ne permet pas mais interdit strictement (cf. n. 382 de ces normes générales). L’évêque – en l’occurrence le cardinal-archevêque de Boston – qui « préside à
l’Eucharistie dans son diocèse », va-t-il bafouer les règles liturgiques qu’il est sensé défendre et appliquer ? Tout cela promet.
Mais écoutons les fortes et impeccables paroles du P. Euteuneuer.
« Nous devons, car c’est un devoir religieux, prier pour le salut de catholiques hérétiques comme le sénateur Edward Kennedy, mais nous n’avons pas à le louer et encore moins à
l’exalter avec tous les honneurs d’obsèques publiques catholiques et l’adulation à laquelle on peut s’attendre d’un tel événement. Il y a vraiment très peu de choses dans la vie de Ted
Kennedy qui mérite d’être admiré tant du point de vue spirituel que moral. Il fut sans doute le pire exemple d’homme d’État catholique qu’on puisse trouver. Tout étant dit et fait, on
constate qu’il a déformé la signification de ce que c’est que d’être un catholique dans la vie publique comme personne d’autre dans le monde politique d’aujourd’hui.
Évidemment, nous ignorons l’état de l’âme du sénateur Edward Kennedy au moment de sa mort. Et nous ne prétendrons pas en discuter. La famille nous a appris qu’il avait pu confesser ses
péchés à un prêtre et que ce dernier a publiquement déclaré qu’il était “en paix” à l’instant de son décès. Nous rendons grâce pour cela. Une chose est de confesser ses péchés et, dans cet aspect
particulier des choses, cela doit rester, de bon droit, une affaire privé. Mais c’est chose totalement différente pour quelqu’un qui a, avec pertinacité et publiquement, défendu la destruction
d’êtres humains à naître, que de quitter la scène sans avoir publiquement répudié ses opinions, au moyen d’une confession publique.
C’est à Dieu qu’il appartient de juger l’âme du sénateur Kennedy. Quant à nous, êtres rationnels, nous devons juger ses actes, et ses actes n’étaient pas du tout ceux d’une personne qui
estime et applique soigneusement l’enseignement de l’Église sur d’aussi graves affaires. Les positions de Ted Kennedy sur toute une série de questions ont constitué un grave scandale
pendant des décennies, et honorer ce champion “catholique” de la culture de mort en lui accordant des obsèques catholiques ne peut être considéré que comme injuste par ceux qui ont vraiment payé
le prix de la fidélité. On apprend maintenant que le président Obama prononcera un éloge funèbre lors de ses obsèques, une indignité suivant de si près celle de la catastrophe de Notre
Dame, donne aux catholiques fidèles le sentiment d’être souillés, désacralisés et déshumanisés par des hommes qui ne semblent que chercher des occasions de gifler l’Église en pleine face et
qui le font en toute impunité pour la simple raison qu’ils ont le pouvoir.
Ce n’est pas suffisant pour Kennedy que d’avoir été “un type formidable dans les coulisses” comme l’ont qualifié jusqu’à ses adversaires politiques. Ce n’est pas non plus digne d’éloges
que de passer un vernis de rhétorique catholique sur ses actions politiques gauchistes qui n’ont rien fait pour faire avancer une authentique justice comme l’entend l’Église, ou pour faire
avancer la paix du Christ en ce monde. Toute la carrière du sénateur Kennedy, chacune de ses apparitions publiques, le moindre extrait de ses discours manifestaient le militant zélé d’une
politique acerbe, diviseuse et partisane, dans laquelle les partis politiques étaient beaucoup plus infaillibles que les doctrines de l’Église. À quelque parti qu’on se rattache, si l’on n’est
“catholique” que lorsque cela rime avec ligne du parti, alors ce catholicisme est une fumisterie.
L’Écriture tout entière nous le rappelle : il y a un temps pour tout sous le soleil. C’est aujourd’hui le temps d’être honnête sur notre foi et sur ceux qui sont appelés à l’exprimer dans l’arène
publique. Si nous ne nous souvenons pas de la nécessité de confesser publiquement nos péchés publics, comme ceux dont le sénateur Kennedy fut coupable, c’est que nous sommes négligents à
embrasser la foi et que nous sommes devenus une partie du problème. Comme le pape Benoît XVI nous l’a récemment rappelé, la charité sans la vérité peut aisément se transformer en pure
sentimentalisme, et nous ne devons pas tomber dans cette erreur. Une manifestation de charité catholique pour la famille ne doit pas éclipser la vérité qui est exigée de tous ceux qui ont des
yeux pour voir et des oreilles pour entendre.
Le sénateur Kennedy n’a besoin pour partir dans l’au-delà que d’obsèques privées, familiales et de la prière de l’Église pour le salut de son âme immortelle. Il ne sera pas une perte pour
les enfants avortés qu’il a trahis à répétition, ni pour ceux d’entre nous qui continuons à œuvrer pour abolir le scandaleux exemple de catholicisme qu’il a donné à trois générations
d’Américains. »