nécessaires par les fatigues accumulées (et pas seulement du fait de ce blogue…). Je vous propose donc une petite “série estivale” qui sera consacrée à des prêtres français missionnaires aux
États-Unis au XIXe siècle. C’est un sujet que j’ai beaucoup travaillé, mais c’est une tâche rendue très difficile par le très grand nombre de prêtres, de religieux et de religieuses
français, des centaines et des centaines, partis de chez eux, c’est-à-dire de chez nous, pour aller aider là-bas à édifier le catholicisme. Le livre que je caresse de leur consacrer depuis des
années risque bien de ne jamais paraître en raison de l’énormité du travail qu’il requiert. Mais j’ai déjà rédigé de nombreuses notices. Autant vous en faire profiter ! Dans cette série, je me
limiterai aux prêtres du XIXe siècle et aux personnalités les moins connues. Je vous souhaite une pieuse découverte de ces prêtres français aux États-Unis.
Jacques Joubert de la Muraille (1777-1843) : fondateur de la première congrégation de religieuses afro-américaines
enseignantes
Né à Saint-Jean d’Angély (aujourd’hui en Charente Maritime) le 6 septembre 1777, de Jean Joseph Marie Joubert (avocat) et de Suzanne Claire Catherine, née Guimbaut. À l’âge
de douze ans, ses parents le font entrer dans un collège militaire. Il poursuivra une brève carrière militaire avant d’entrer dans l’administration fiscale du Directoire. Le Consultat l’envoie en
1800 à Saint-Domingue (Haïti), qu’il quitte pour se réfugier à Cuba puis aux États-Unis : il débarque à Baltimore en septembre 1804. Cette année-là, il enseigne la géographie dans le cours privé
et très chic ouvert par une dame Lacombe, et destiné aux jeunes filles. En 1805, il entre au St. Mary’s Seminary. Jacques Joubert de la Muraille sera ordonné prêtre et
entrera dans la Société des prêtres de Saint-Sulpice en 1810 où s’accomplira son ministère : enseignant le français et la géographie, trésorier, vice-président puis préfet de la
discipline.
À la demande de son supérieur, le Père Jean Tessier, il enseigne le catéchisme aux enfants Noirs des réfugiés d’Haïti, dans la « Chapelle Basse » de l’église St. Francis Xavier de
Baltimore, et devant leurs difficultés dues à leur illettrisme lui vient l’idée d’une congrégation enseignante pour les Noirs : les Oblate Sisters of Providence. Il se consacrera à cette
congrégation jusqu’à sa mort, survenue en 1843. Les écrits qu’il a laissés nous offrent de lui l’image d’un homme pratique, conséquent, d’une grande spiritualité, et intellectuellement à
contre-courant de bien des préjugés de ses contemporains sur les Noirs.