Un quotidien vespéral, qui n’est pas l’excellent Présent, écrit en “une” de son édition d’aujourd’hui : « Barack Obama confrontés aux premières critiques. Ses plans pour l’économie
et la santé sont discutés ».
Je pourrais, à mon tour, « discuter » de l’assertion du quotidien qu’il s’agit là de « premières critiques ». Elles n’ont cessé depuis l’élection d’Obama ! Mais enfin, voir ce «
quotidien de référence » sortir de neuf mois de léthargie obamanesque, c’est un plaisir d’esthète.
Et c’est un plaisir, qui n’est pas esthétique, de constater que les évêques américains ne sont ni des gogos ni des dupes – contrairement à tant de leurs confrères européens. Ils sont, depuis le
début, vigilants et mobilisés. Une vigilance et une mobilisation qui a contraint l’administration Obama à surseoir au projet du Freedom of Choice Act (FOCA) que les évêques
considéraient comme une déclaration de guerre, et une guerre qu’ils étaient prêts à soutenir. Mais le projet de loi Health Care Bill – que je nommerai désormais le Obamacare, comme
le font les Américains – que concocte l’administration consiste tout simplement à faire grimper par les murailles un FOCA arrêté net par la solide herse du château. Les évêques ne sont pas
idiots – en Amérique, s’entend… – ; ils ont vu la manœuvre et la réplique n’a pas tardée.
Une semaine après les “paroles verbales” – et mensongères – d’Obama à Benoît XVI, au nom de la Conférence épiscopale (United States Conference of Catholic Bishops,
USCCB), Mgr William F. Murphy, évêque de Rockville Centre (New York) et président de la commission épiscopale pour la Justice et le Développement humain aux États-Unis, envoyait une
lettre, datée du 17 juillet, à tous les sénateurs et députés américains avec copie (« cc : ») à la Maison Blanche…
L’évêque entend rappeler au Législateur (et en « copie conforme » à l’Exécutif) les « priorités politiques » de l’USCCB, et lui exprime « l’espoir que les efforts sérieux des
commissions parlementaires aboutiront à une réforme, vraiment enrichissante pour la vie, du système de santé de la nation ». « L’USCCB, écrit-il, est disposée à
travailler avec vous à la réussite de la réforme du système de santé telle qu’il permette d’offrir des soins accessibles, abordables et de qualité tout en respectant la dignité de tous de la
conception à la mort naturelle. »
L’évêque rappelle également que depuis des décennies l’USCCB a toujours « insisté pour que la réforme du système de santé exclut le remboursement de l’avortement et tout autre
disposition menaçant le caractère sacré de la vie. »
« La réforme du système de santé, poursuit-il, doit refléter des principes éthiques fondamentaux », parmi lesquels, et en premier lieu, « une politique de santé universelle qui
respecte la dignité et la vie de l’homme » et qui « protège le pluralisme y compris la liberté de conscience » pour les personnels de santé qui se refusent, par exemple, à pratiquer
l’avortement. « Nous nous devons d’être clair : nous nous opposons de toutes nos forces à faire entrer l’avortement dans le cadre de la couverture-santé nationale. Nous nous opposerons
également à ce qu’y soient incluses les technologies qui, semblablement, menaceraient le caractère sacré de la vie et sa dignité. Aucun plan de réforme du système de santé ne peut nous obliger,
et obliger d’autres, à payer pour la destruction de la vie, que ce soit par des subventions étatiques ou par une couverture-avortement obligatoire. De tels actes seraient moralement mauvais. Ils
seraient aussi politiquement malavisés. Aucune loi sur la santé qui voudrait obliger les Américains à payer l’avortement ou à y participer n’aura suffisamment de voix pour être votée ».
Après avoir rappelé le long et large « consensus » sur le respect de la clause de conscience, Mgr Murphy insiste : « La réforme du système de santé ne saurait être le moyen
d’abandonner ce consensus qui respecte la liberté de conscience et honore nos meilleures traditions américaines ».
La dernière phrase de cette longue lettre est sans appel : « Une authentique réforme du système de santé protégeant la vie et la dignité de tous, est un impératif moral et un devoir national
vital ».
Cette sévère mise en garde le l’épiscopat américain intervient alors qu’une formidable mobilisation des catholiques mais aussi de nombreux autres chrétiens s’opère contre la “culture de mort” et
les dispositions mauvaises contenues dans l’Obamacare…