Évêque diocésain de Scranton (Pennsylvanie) depuis 2003, Mgr Joseph Martino (photo) ne devrait plus vous être inconnu puisque je vous en ai parlé ici voici quelques jours.
Il vient de repartir en guerre, et cette fois-ci contre la prétendue « diversité ».
Le diocèse de Scranton héberge une université catholique, fondée en 1924, et située à Dallas (il ne s’agit pas de la grande métropole du Texas, mais d’une petite ville d’un peu plus de 8 000
habitants, qui appartient au comté de Luzerne – et oui, c’est du français…). La Misericordia University accueille 2 500 étudiants et possède un Diversity Institute (un institut sur
la diversité) « travaillant en collaboration avec les membres de la communauté pour promouvoir la compréhension multi-culturelle et l’élimination de toute forme de racisme » : une
profession de foi qui ne dépaysera pas trop les lecteurs français de ce blogue…
Or donc, le Diversity Institute de cette université catholique avait décidé d’inviter Keith Boykin à venir s’exprimer devant les étudiants le 17 février dernier. Mais qui est
Keith Boykin ?
Cet Afro-Américain quadragénaire est très connu aux États-Unis. C’est un journaliste de presse et de télévision, un écrivain et un militant politique démocrate – qui a longtemps travaillé dans et
pour l’administration Clinton –, et un grand sportif : il a remporté une médaille d’or en lutte gréco-romaine lors des… « Gay Games » de 2006. Car Boykin est un gay déclaré –
il concubine avec un « partner », comme on dit aux États-Unis, également Afro-Américain – et militant – il fut de 2003 à 2006 le président du National Black Justice Coalition de
Washington qui « lutte contre le racisme et l’homophobie » – et militant notamment pour la reconnaissance du “mariage” homosexuel.
Ce militantisme particulier a alerté Mgr Martino qui a fait savoir le 16 février à la Misericordia University qu’il « désapprouvait absolument » cette invitation faite à un
« fervent défenseur du mariage entre personnes de même sexe », dont les convictions « s’opposent de manière troublante à l’enseignement moral catholique ». Le communiqué de
l’évêque se terminait ainsi : « Les fidèles du diocèse de Scranton (…) ne devraient pas avoir le moindre doute sur le fait qu’en la circonstance Misericordia University manque
gravement au maintien de son identité catholique ».
Tout en comprenant « la critique de l’évêque » – c’est le moins qu’on puisse attendre d’une université catholique… – Misericordia University fit savoir par un communiqué qu’elle
« était profondément attachée à sa mission catholique » mais que sa « mission était inséparable de son identité en tant qu’institution universitaire où les idées et les positions
sont étudiées de manière critique et librement ». On ne saurait mieux bafouer l’autorité de l’évêque et l’enseignement du Magistère romain (cf. Ex Corde Ecclesiæ) et l’on
s’étonnera, en bonne logique, qu’on puisse à la fois revendiquer une mission « catholique » et une identité qui ne l’est pas…
La controverse s’est poursuivie après la prestation de Keith Boykin, puisque Misericordia University a de nouveau fait paraître un communiqué le 24 février réaffirmant qu’elle est
« profondément attachée à sa mission catholique et aux enseignements de l’Église catholique depuis 85 ans [et qu’elle] souhaite avoir la possibilité de discuter de ces problèmes avec l’évêque
ou ses délégués quand cela leur sera loisible ».
La réponse de l’évêché ne s’est pas fait attendre. Dans son communiqué, Mgr Martino demande à l’université de faire savoir à ses anciens étudiants et aux catholiques du diocèse quels sont
exactement les efforts qu’elle déploie pour enseigner la morale catholique relative à la sexualité et à l’homosexualité dès lors qu’à l’occasion de la prestation de Keith Boykin, où ce
dernier a défendu – comme il n’était pas bien difficile de le prévoir – le “mariage” homosexuel, « l’enseignement de l’Église catholique sur l’homosexualité n’a pas été exposé ».
L’évêque « demande à Misericordia d’envisager sérieusement de mettre un terme à l’existence de son Diversity Institute » car « l’opposition frontale à l’enseignement
catholique ne devrait jamais être exposé sous couvert de “diversité” » puisque, « en procédant de la sorte, on donne l’impression que ces points de vue sont acceptables ou que toute
morale est relative ».
Une affaire à suivre…