Madame Speaker, c’est-à-dire la présidente de la Chambre des Représentants, Nancy Pelosi, vient d’accorder un entretien à bâtons rompus à l’hebdomadaire
Newsweek. Les propos sont en effet assez décousus, passant du présent à l’imparfait, du singulier au pluriel, et truffés d’ellipses. Un sacré casse-tête pour le traducteur. Mais
je crois m’en être sorti honorablement…
Cet entretien, recueilli par Eleanor Clift, a été publié le 21 décembre sur le blogue de Newsweek, mais qui ne paraîtra que dans l’édition papier datée du 4 janvier 2010, a
été réalisé après le passage de l’ObamaCare à la Chambre des Représentants, mais peu de jours avant le passage au Sénat. Tout serait à commenter. Je n’en fais qu’un seul. Mais pour qui
connaît un peu le personnage (cherchez à Nancy Pelosi sur l’outil “rechercher”, vous ne serez pas déçus…), la mauvaise foi le dispute à l’hérésie.
Mais je m’interroge pour savoir où se situe le plus grand scandale. Est-ce qu’une femme politique ose se prétendre « catholique pratiquante » alors qu’elle combat systématiquement les
enseignements de son Église sur les questions non négociables ? Ou est-ce le fait que « son » évêque supporte avec “placidité” une telle hérétique et accepte sans broncher qu’elle se présente à
la Table de Communion, ajoutant le sacrilège public au scandale public ?
Vos commentaires seront les bienvenus s’ils m’éclairent et éclairent les lecteurs…
« Eleanor Clift : On a dit que vous aviez négocié avec la conférence épiscopale.
Nancy Pelosi : J’ai parlé à l’un des cardinaux. Je lui ai dit que j’estimais que ce que nous faisions honorait les principes dont nous parlions : nous voulons faire passer la loi sur la santé,
nous la voulons neutre pour ce qui est de l’avortement, et nous la voulons [sans] financement fédéral [pour l’avortement], ce qui est la loi actuelle. Et nous estimons que notre rédaction le dit.
Ils ont dit : “Nous estimons que ce n’est pas ce qu’elle dit”. J’ai dit : asseyons-nous autour d’une table et que nos juristes comparent la rédaction. C’était la raison de notre rencontre :
démontrer que nous avons raison. Visiblement, les gens autour de la table ne voulaient pas admettre ce que nous savons être un fait. [1]
E.C. : Je pense que vous avez quelques démêlés avec la hiérarchie [de l’Église].
N.P. : J’ai quelques inquiétudes quant à la position de l’Église pour ce qui est du respect du droit d’une femme à choisir. J’ai quelques inquiétudes quant à la position de l’Église sur les
droits des gays. Je suis une catholique pratiquante, ce qui ne doit pas les [membres de la hiérarchie] rendre particulièrement heureux. Mais c’est ma foi. Je suis vraiment très triste de cette
différence d’opinions parce que je ressens que ce que mon éducation m’a fait croire est cohérent avec ce que je professe : que nous sommes tous dotés d’un libre arbitre et d’une responsabilité à
répondre de nos actions. Et que les femmes devraient avoir la possibilité d’exercer leur libre arbitre.
E.C. : Est-ce qu’il est difficile pour vous de concilier votre foi avec votre rôle dans la vie publique ?
N.P. Vous voyez, j’ai eu cinq enfants en six ans. Le jour où je suis rentrée à la maison avec mon cinquième bébé, cette semaine-là ma fille atteignait ses six ans. C’est pourquoi j’apprécie et
j’accorde de la valeur à tout ce qu’ils veulent dire sur la famille et ce qui s’ensuit. Quand je parle à mon archevêque à San Francisco – et son rôle s’est d’essayer de me faire changer d’idées
sur ce sujet – eh bien il ne fait qu’exercer son devoir pastoral envers moi comme membre de son troupeau. Quand ils m’appellent au téléphone ici [à Washington] pour parler de quelque chose, ou
qu’ils viennent me voir à propos d’une question, c’est une tout autre histoire. Ce sont alors des avocats et moi je suis un fonctionnaire public, et j’ai une tout autre responsabilité. »
1. Si ce fait était aussi évident, pourquoi alors Nancy Pelosi a-t-elle fini par accepter in extremis l’amendement Stupak ? C’était quand même
reconnaître que tout ce qui, prétend-elle, figurait dans le projet de loi de la Chambre n’y était pas…
Mais qu’est ce que c’est que ce prototype??! C’est vraiment stupéfiant! “mon évêque” (comme certains diraient : “mon psy”, ou “mon banquier”), je pense que si les bolcheviques représentaient une part importante de l’électorat américain cette dame serait bien sur fier d’être bolchevique, (ou tout autre chose, on peut remplacer par ce que l’on veut)….