En raison de l’afflux des immigrés latino-américains, l’Église diocésaine de Dallas (Texas) est en pleine expansion : s’il y avait environ 100 000 catholiques dans les années 70 (± 5 % de la
population), on en compte désormais plus d’un million représentant près d’un tiers de la population. La situation pourrait donc sembler plutôt bonne – encore que le nombre de prêtres soit
sensiblement le même aujourd’hui que dans les années 1970… –, mais il faut tenir compte d’un autre paramètre.
Dans une étude d’avril dernier intitulée Faith in Flux. Changes in Religious Affiliation in the U.S. (foi et flux : changements
d’affiliation religieuses aux États-Unis), l’organisme de recherches The Prew Forum on Religion & Public Life montrait que c’était le catholicisme qui connaissait le plus grand nombre
de départs parmi les autres dénominations en Amérique : sur les personnes ayant été élevées dans la foi catholique, une seule est demeurée pratiquante, les autres (9 sur 10 !) ne pratiquent plus
ou ont rejoint une autre dénomination.
Au fond, l’Église catholique n’est pas en bonne santé et si celle de Dallas semble plutôt en forme, ce n’est dû qu’à l’immigration, mais cette dernière, notamment dans les jeunes générations, est
loin de reproduire à 100 % son modèle d’origine catholique… J’y reviendrai.
Évêque de Dallas depuis 2007, après avoir été auxiliaire de Washington D.C. pendant six ans, Mgr Kevin Farrell, s’inpirant de ce qu’il avait vu faire à Washington, vient de lancer une
campagne de publicité destinée à faire revenir dans l’Église les catholiques qui ne pratiquent plus, ceux qu’on nomme aux États-Unis les « lapsed Catholics » (du latin lapsus,
celui qui a chuté, qui est tombé dans l’erreur : voyez le français relaps). Il explique cela dans une vidéo que je ne
trouve personnellement pas très excitante…
Intitulée « Catholics come home for Christmas » (catholiques, revenez à la maison pour Noël), cette campagne s’appuie notamment sur des placards publicitaires apposés sur 13 bus
(techniquement : des “flancs-de-bus”) du Dallas Area Rapid Transit, et qui invitent donc les ex-catholiques à revenir. Cette campagne qui a commencé a été financée essentiellement par les
Knights of Columbus durera jusqu’au 27 décembre. Chaque placard publicitaire coûte 359 $, ce qui est relativement bon marché. Mais sera-ce efficace ? Ceci est une autre histoire…
Ce point est très important : les Latinos arrivés aux USA ne perdent pas la foi mais désertent à un rythme accéléré l’Église catholique des Sisters comme Donna Quinn ou celle qu’illustrent les évêques d’Orange et Los Angeles, celle de la revue America. J’avais été frappé empiriquement, avant la confirmation chiffrée de Pew Forum, par la multiplication des églises néo-pentecôtistes dans un quartier de Baltimore autrefois catholique (irlandais et italien) où l’église paroissiale catholique est désormais entourée de ces salles de prière fréquentées par des Latinos massivement.
Le catholicisme “cafétéria” ou “mainstream” des classes moyennes blanches qui représente au moins la moitié (et plus dans le clergé) de l’Église américaine produit au “mieux” des P. Kennedy et le plus souvent est incapable d’être missionnaire. Cela est d’autant plus remarquable qu’il se vante d’être “inculturé” et se prétend le parangon de la pédagogie religieuse.
Un phénomène similaire explique la désaffection de couches populaires envers l’Église en Amérique latine et tout ce que le pitoyable CELAM de 2006 a pu trouver pour y répondre fut de remettre en selle la calamiteuse théologie de la Libération, une cause majeure de cette désaffection des masses. Ce n’est pas en accentuant la déviation doctrinale ni avec des gadgets publicitaires que la Hiérarchie pourra faire face mais en s’attaquant aux causes : le mépris de la religion populaire, la désacralisation de la liturgie, la perte d’identité du sacerdoce, l’absence d’une catéchèse forte … entre autres.