Ceux qu’on nomme les « Hispanics » ou « Latinos » aux États-Unis sont désormais 46 millions (dont 30 millions pour ceux dont l’origine est mexicaine), soit un peu plus de 15 % de la
population estimée (2009). Parmi toutes les minorités qui constituent la population américaine, les Hispaniques en forment la plus importante et la plus jeune.
Le poids de ces Hispaniques dans l’Église catholique des États-Unis est de plus en plus prononcé puisqu’on estime qu’ils comptent pour 35 % dans la population catholique totale, et qu’ils ont,
depuis 1960, contribué pour 71 % à la croissance du catholicisme. Sans eux, le catholicisme américain aurait connu une décroissance à partir des années 1970.
Mais cette croissance va-t-elle grâce à eux se poursuivre, les démographes estimant qu’à l’horizon 2050 le « groupe Hispanique » sera fort de plus de 102 millions de membres aux États-Unis ?
« Between Two Worlds » (entre deux mondes), une étude très soignée du Pew Hispanic Center (filiale du Pew Research Center, voir ici), réalisée auprès de 2 012 Hispaniques âgés de 16 à 25 ans, du 5 août au 16 septembre derniers, offre quelques éléments de réponse
qui ne sont pas absolument encourageants… Sans prétendre faire la synthèse de cette volumineuse étude (que vous pouvez télécharger ici au format PDF et en anglais), je voudrais en tirer quelques faits saillants.
D’une manière générale, chez ces jeunes Hispaniques, ce n’est pas la religion qui est en tête de leurs préoccupations existentielles mais la réussite dans la vie professionnelle (85 % contre 56
%). Toutefois, chez les jeunes Hispaniques nés hors des États-Unis la religion est plus importante que chez les Hispaniques nés aux États-Unis (60 % contre 40 %). L’assimilation au mode de vie
américain est donc un facteur de déclin de l’attachement religieux. Si, globalement, 60 % des Hispaniques (tous âges confondus) se reconnaissent catholiques, dans le groupe des 16/25 ans, on n’en
trouve plus que 56 %, et seulement 49 % pour ceux qui sont nés aux États-Unis. Le taux de pratique religieuse hebdomadaire chez les jeunes est encore de 36% (mais les jeunes immigrés récents sont
plus pratiquants que les jeunes nés aux États-Unis).
La question de la langue usuelle semble aussi déterminante par rapport à l’identité catholique. On se dit catholique à 67 % chez ceux où la pratique de l’espagnol est principale. Le pourcentage
tombe à 57% chez les bilingues, mais à 47% chez les Latinos qui pratique principalement l’anglais. De même 71 % des jeunes Hispaniques dont la langue principale est l’espagnol sont, par exemple,
opposés à l’avortement. Mais si 65 % des jeunes Hispaniques nés hors des États-Unis estiment que l’avortement devrait être illégal, seuls 58 % de ceux qui sont nés aux États-Unis partagent ce
point de vue.
Il faut enfin noter que l’épiscopat hispanique est sous représenté puisque, comme je le signalais plus haut, si 35 % des catholiques américains sont Hispaniques, ont ne compte que 40 évêques
hispaniques, dont 28 en activité, soit seulement 9 % du corps épiscopal des États-Unis. Les séminaristes hispaniques ne représentent eux-mêmes, en 2009, que 12 % du total des séminaristes
américains…