novembre dernier sur le site Catholic Exchange (www.catholicexchange.com) un commentaire sur l’adoption, à la quasi unanimité, par
l’assemblée plénière d’automne de l’épiscopat américain (12-15 novembre à Baltimore, Maryland) du document Forming Consciences for Faithful Citizenship [1]. Ce nouveau document, qui
paraît un an avant l’échéance de l’élection présidentielle, tranche radicalement avec ses prototypes publiés précédemment en ce que, pour la première fois, il expose clairement que toutes les
questions ne sont pas d’importances égales pour un catholique. Ce document qui est le résultat d’un intense travail entre évêques, dans le contexte d’un non moins intense débat politique sur ces
questions aux États-Unis, est au plus près des questions non-négociables définies par Benoît XVI et du combat mené par les évêques, les prêtres et les laïcs les plus orthodoxes
du catholicisme américain depuis bien des années. Ce document n’est plus un texte de compromis – comme le sont si souvent les polycopies des conférences épiscopales aux États-Unis… comme en
France – mais une contribution au discernement dont, après tout, il n’est pas interdit de s’inspirer en France.
Voici donc la traduction de l’article du P. Pavone :
Les évêques ont été particulièrement satisfaits du résultat de leurs efforts lors de leur vote pour approuver leur document Faithful Citizenship, le 14 novembre. Les évêques ont voté de
manière électronique puis le président de la conférence [2] a demandé à ce que les résultats apparaissent sur un grand écran. Les votes « oui » et « non » furent présentés et affichés sur deux
colonnes. Le vote fut à peu près unanime. Il ne se trouva que quatre évêques pour voter contre le document.
Les applaudissements qui suivirent le résultat furent aussi prolongés que le processus qui a conduit à ce document et à son contenu. Depuis trois décennies, les documents Faithful
Citizenship, publiés tous les quatre ans juste avant l’année de l’élection présidentielle, ont été sujet à controverses et à divisions. Ceux dont le travail dans l’Église est spécifiquement
de mettre un terme à l’avortement et à l’euthanasie – que l’Église a qualifiés de « questions prééminentes » – ont souvent ressenti ces documents comme flous puisqu’ils se contentaient
de fournir une litanie de questions sur lesquelles les électeurs devaient réfléchir lors des scrutins. De toute évidence, la question des bourses d’études ne se situe pas au même niveau d’urgence
que celle de priver de vie des enfants qui auraient pu un jour en être les bénéficiaires. Par conséquent, et ils étaient nombreux à le soutenir, un document de cette nature devait clairement
poser la différence.
De l’autre côté, ceux dont le travail porte d’abord dans les domaines de l’amélioration de la qualité de la vie et de la promotion de différents programmes sociaux étaient inquiets que ceux qui
se concentrent sur les questions prééminentes se sentent justifiés à ignorer les autres problèmes.
Des efforts ont été faits pour répondre aux préoccupations des deux parties. Plutôt que de faire produire ce document par le comité administratif des évêques, comme
ce fut le cas les précédentes années, le document a été préparé grâce au travail de collaboration de sept comités différents de la conférence. Puis, ce document a été transmis à tous les évêques pour qu’ils puissent le modifier et en discuter. Je puis témoigner de première main du sérieux de cet effort.
À présent que le document a paru, il nous faut garder plusieurs choses en tête.
Premièrement, aucun document de l’Église ne vaut par lui-même. Il doit être lu à la lumière des autres documents qui lui sont liés, comme ceux qui figurent dans la bibliographie, y compris
Living the Gospel of Life [3].
Deuxièmement, l’impact de ce document sera précis ou biaisé tout comme le seront ceux qui le présenteront. Étant donné l’effort qu’il a fallu pour le rédiger, nous qui l’enseignons ou le prêchons
devrons entreprendre des efforts appropriés pour le présenter avec exactitude. Et nous devrons corriger toute altération ou fausse interprétation.
Troisièmement, ce document dit clairement que certaines questions sont plus importantes que d’autres. Le document déclare : « La destruction directe et intentionnelle de la vie humaine
innocente, de l’instant de la conception jusqu’à la mort naturelle, est toujours un mal et n’est pas qu’une question parmi beaucoup d’autres ». La déclaration, en outre, explique que les
catholiques qui donnent leurs suffrages à des candidats qui veulent maintenir la légalisation de l’avortement, ou qui ignorent la position pro-avortement d’un candidat et le soutiennent par
fidélité partisane, commettent un acte immoral.
Lisons, étudions et enseignons comme il faut ce document.
[1] Former les consciences pour une citoyenneté fidèle. On peut télécharger ce document de 44 pages (au format PDF) sur le site de la United States Conference of Catholic Bishops
(USCCB) : www.usccb.org/faithfulcitizenship/FCStatement.pdf
[2] Il ne peut s’agir que du cardinal Francis George qui avait été porté la veille à la tête de l’USCCB.
the Gospel of Life : A Challenge to American Catholics [Vivre l’Évangile de la Vie : un défi pour les catholiques américains], 1998 : www.usccb.org/prolife/gospel.shtml