l’archevêque de Saint Paul and Minneapolis (Minnesota). Il est donc désigné à la succession de l’actuel archevêque, Mgr Harry J. Flynn qui, né le 2 mai
1933, devra, l’an prochain, remettre sa démission pour limite d’âge.
Cette information pour un public français ne tire a priori guère à conséquence, et n’a d’ailleurs fait l’objet d’aucun commentaire dans la presse
catholique française. Mais l’intérêt d’americatho n’est-il pas, précisément, de signaler à l’attention de ses lecteurs des événements
significatifs qu’il serait bien improbable qu’ils trouvent ailleurs ?
Né le 18 mars 1947 à Detroit (Michigan) l’évêque vient donc de fêter ses soixante ans.
Son parcours est particulièrement classique : séminaire du Sacred Heart dans sa ville natale, puis, après son ordination, un premier séjour romain (de 1976
à 1977) pour sa philosophie et sa théologie à la Grégorienne et à l’American College (le séminaire romain des
Nord-Américains). Il obtiendra son doctorat en théologie morale à l’Académie Alphonsienne de Rome sur le thème : les
dimensions morales de la fécondation in-vitro. Un second séjour à Rome (1980 à 1986) le voit Officiale à la Secrétairie d’État (c’est donc que ses talents avaient déjà été remarqués).
Ordonné le 27 juillet 1974 pour l’archidiocèse de Détroit, son parcours pastoral est aussi très intéressant et présente déjà une ou deux singularités remarquables, outre le fait qu’il soit
interrompu par ce long séjour à la Secrétairie d’État. De son ordination à 1976 il est vicaire paroissial de la Guardian Angels Parish à Clawson, puis de
1977 à 1980, secrétaire du cardinal-archevêque de Detroit, John Francis Dearden jusqu’à sa démission. De retour à Détroit, en 1986, il est nommé vicaire de
la Saint Regis Parish à Birmingham tout en enseignant la théologie morale au séminaire SS. Cyril and Methodius à
Orchard Lake, puis curé de la Saint Patrick’s Parish à Union Lake jusqu’en 1987.
Cette année-là il est appelé pour réorganiser le séminaire du Sacred Heart de Détroit dont il sera le recteur de 1988 à 1994, puis est nommé curé du
Shrine of the Little Flower à Royal Oak. Fait singulier, il sera, au cours de ces années-là, chapelain de l’association Legatus, un club d’hommes d’affaires catholiques et millionnaires, créé par le milliardaire Thomas Monaghan – pas franchement
bolchévique… –, fondateur de Domino Pizza et créateur de l’Ave Maria University puis de l’Ave Maria City en Floride…
De ce qui précède, et qui ne constitue que la “propédeutique” de la carrière de l’évêque, on peut discerner quelques points saillants : romanité, orthodoxie, sens de l’organisation, apprentissage
du gouvernement aux plus hauts niveaux de la hiérarchie ecclésiale, “proximité” des secteurs les plus conservateurs du catholicisme américain…
Un profil parfait d’évêque “restaurationniste” dans la manière de la dernière et ultime partie du pontificat de Jean-Paul II.
La nomination épiscopale ne pouvait tarder. Elle survient le 12 juin 1996 – il n’a pas encore cinquante ans – Rome le nomme évêque titulaire in partibus
d’Alton et auxiliaire du cardinal-archevêque de Détroit, Mgr Adam Joseph Maida, puis, deux ans plus tard, le 12 juin 2001, évêque du diocèse de New Ulm
dans le Minnesota, un diocèse rural suffragant de celui de Saint Paul and Minneapolis, érigé en 1957, grand par la taille (25 535 km2) mais réduit en nombre de fidèles (69 000 catholiques, moins
du quart de la population totale) et en prêtres (il y en avait 56 en 2004, on n’en compte plus guère que 44 aujourd’hui).
Il succède dans ce diocèse étendu à l’habitant clairsemé (la ville de New Ulm ne compte que 14 000 habitants, et est sans doute la plus peuplée de toutes les villes du diocèse), à Mgr
Raymond Lucker qui avait démissionné de son siège épiscopal le 17 novembre 2000, ayant largement dépassé la limite d’âge. Curieux évêque que ce Mgr
Lucker, aujourd’hui décédé, considéré aux États-Unis comme un des évêques parmi les plus progressistes, il semble qu’il ait été très proche d’un évêque
scandaleux, Mgr Weakland de Milwaukee, qui dut démissionner quand fut rendue public sa liaison avec un petit copain qui vivait sur la caisse du
diocèse…
Deux ans après la mort de Mgr Lucker, son successeur au siège épiscopal de New Ulm, Mgr Nienstedt, dénonçait
publiquement l’hétérodoxie et le modernisme de sa pensée, tels qu’ils s’expriment dans son ouvrage Revelation and the Church : Vatican II in the Twenty-first
Century (Orbis Press, 2003), et interdisait à son troupeau diocésain de ne pas lire un tel ouvrage dont des points de vue n’étaient pas « conformes à la
pensée catholique ».
Pour un précédent, c’était un précédent ! Et cela sembla si extravagant aux progressistes du diocèses qu’une de leurs officine l’Association for the Rights of
Catholics in the Church, dénonça le nouvel évêque qui osait critiquer un prédécesseur « qui avait fait éclore un diocèse de catholiques adultes
».
La nomination de Mgr Nienstedt n’était évidemment pas du goût des progressistes du diocèse. Ann Eisner, une
religieuse retraitée, déclarait encore tout récemment : « Il n’y a aucun dialogue réel avec cet évêque. C’est comme si nous nous retrouvions des années avant
Vatican II ».
Sans entrer dans trop de détails sur la raison et le contexte qui ont conduit l’évêque de New Ulm, à écrire ce qu’on va lire, il convient pour conclure de signaler la position de Mgr Nienstedt sur la Messe dite de saint Pie V, extraite d’une lettre officielle datée du 24 mars 2005 et destinée à ses fidèles : «
D’abord, permettez-moi de déclarer mon propre amour personnel pour la liturgie tridentine. C’est le rite liturgique dans lequel j’ai grandi comme petit garçon et comme jeune homme et,
aujourd’hui, j’attribue ma vocation sacerdotale à la qualité transcendante de la prière que j’ai trouvée dans cette Messe quand je la servais, quand j’étais grand cérémoniaire au lycée ou simple
participant à mon banc ».
Il va sans dire que le futur archevêque de Saint-Paul/Minneapolis – et qui demeure administrateur apostolique du diocèse de New Ulm – présente, si l’on veut, un profil plutôt “ratzingérien”, et
qu’on n’a pas, à mon avis, fini d’en entendre parler. Il dirigera l’an prochain un diocèse plus dense que celui qu’il quitte (17 225 km2) mais riche de 730 000 fidèles servis par plus de 450
prêtres : c’est dix fois plus qu’à New Ulm.
À propos, et pour finir sur deux notes plaisantes, savez-vous qui donna à la ville de Saint Paul son nom de Saint Paul ? Un prêtre français, l’abbé
Lucien Galtier, en 1841, construisant sur le lieu où allait s’édifier la capitale du Minnesota, une chapelle dédiée à l’Apôtre des Nations.
Et qui fut le premier évêque de Saint Paul ? Encore un Français, Mgr Joseph Crétin, dont le nom n’aura pas échappé aux lecteurs attentifs et perspicaces de
mon article d’hier puisqu’il y est cité…