Alors que tous les indicateurs servant à quantifier l’état de l’Église catholique aux États-Unis sont dans le rouge (nombre de prêtres, vocations sacerdotales et religieuses, nombre de paroisses, etc.), un seul montre un progrès constant : celui du nombre de catholiques, estimé en 2006 à 68 millions pour une population totale qui a atteint, voire dépassé, les 300 millions.
Cette croissance du nombre de catholiques est essentiellement externe car due à l’augmentation du nombre d’Hispanics dans la population américaine. Les Hispanics consituent aujourd’hui le second groupe “ethnique” du pays, après les “Blancs” (environ 195 millions), fort de 42 à 45 millions d’individus. Environ 64 % de ce groupe Hispanic est constitué de Mexicains d’origine (qu’ils aient gardé leur nationalité mexicaine, qu’ils soient naturalisés américains ou qu’ils soient nés de parents mexicains ou d’origine mexicaine).
Les chiffres du recensement officiel de la population américaine pour l’année 2000 montraient qu’en dix ans, donc depuis 1990, la population Hispanic s’était accrue de 58 %, passant de 22,4 à 35,3 millions. De 1960 à 2002, les Hispanics ont pesé pour 71 % dans l’accroissement de la population catholique aux États-Unis.
Cette même étude révélait que 39 % des catholiques américains étaient des Hispanics et que 72,6 % des Hispanics aux États-Unis se disaient catholiques. Ce dernier pourcentage est implicitement révélateur du travail des mouvements protestants en Amérique latine : un pourcentage non négligeable d’Hispanics arrivant aux Etats-Unis est désormais constitué d’individus se rattachant à des dénominations protestantes.
Pour se figurer une image du catholicisme aux États-Unis dans dix à vingt ans, suffit-il simplement d’extrapoler les tendances constatées depuis une quarantaine d’années ?
Des recherches récentes tendent à démontrer que ce serait imprudent. Elles semblent démontrer qu’un nombre croissant d’Hispanics tend à abandonner toute pratique religieuse et suggèrent que l’assimilation au mode de vie américain se traduit souvent par une sécularisation des comportements.
Une étude portant sur 4 000 Hispanics réalisée par le Pew Forum on Religion and Public Life et le Pew Hispanic Center, et qui sera rendue publique ce mois-ci, observe que 8 % de l’échantillon se déclare « sans religion » (à comparer au 11 % se disant tel pour l’ensemble de la population américaine). Or, 39 % des Hispanics se disant sans religion sont d’anciens catholiques.
Une étude de plus grande ampleur (car elle portait sur un échantillon de 50 000 interviewés dont 3 000 Hispanics), l’American Religious Identification Survey, publiée par The Graduate Center de New York (http://www.gc.cuny.edu/faculty/research_briefs/aris/aris_index.htm), montrait que le nombre des Hispanics se disant sans religion avait plus que doublé entre 1990 et 2001, passant de 6 à 13 % de l’échantillon sondé.
La mission de l’Église catholique auprès des Hispanics aux États-Unis est donc un des très grands défis des décennies qui viennent. Un défi qu’il sera difficile de relever car s’il y a environ un prêtre pour 1 500 fidèles américains, on ne trouve plus qu’un prêtre Hispanic pour 15 000 Hispanics. En outre, les candidats Hispanics au sacerdoce ne représentent que 13 % du total des séminaristes américains, alors même que les Hispanics pèsent, comme on l’a dit plus haut, pour 39 % de la population catholique des États-Unis, ce qui revient à constater que ce groupe particulier génère, proportionnellement, trois fois moins de vocations que le catholicisme américain dans son ensemble.
Bonjour,
Face à cette pénurie de prêtre pour l\’apostolat auprès des populations hispaniques, que pensez vous de l\’impact des groupes médiatiques catholiques très dynamiques comme le fameux "catholic exchange" ou encore Karl Keating ?
Merci.