Un projet se fait sérieusement jour en Colombie pour inscrire au cours d’une réforme constitutionnelle l’interdiction de l’avortement dans tous les cas. Le projet est principalement porté par un sénateur? José Dario Salazar, qui est aussi président du parti conservateur colombien.
« Je ne sais pas pourquoi en Colombie le pays entier s’émeut parce qu’un joueur de football donne un coup de pied mortel à une chouette dans un stade, mais qu’il ne pense pas à ce que ressentent les enfants lorsqu’ils sont détruits dans le ventre de leur mère », a déclaré le sénateur.
Il y a quelques semaines, un joueur s’était fait traiter d’assassin – et a depuis été condamné à 45 jours de prison – pour avoir tiré dans une chouette mascotte de l’équipe à domicile, qui gisait sur le terrain, assommée, alors qu’elle avait volé trop bas sur le stade au cours d’un match.
La proposition de Dario Salazar a rencontré le soutien de l’Eglise catholiques et d’autres Eglises chrétiennes ; elle entend mettre fin à la situation créée par un arrêt de la Cour constitutionnelle qui dépénalisa l’avortement dans trois cas en 2006 : malformation fœtale, grave danger pour la santé de la mère ou grossesse consécutive à un viol.
Monica Roa, militante féministe, directrice du projet « Genre et justice » de Women’s Link Worldwide, a dénoncé le fait que le projet aboutirait à interdire également les dispositifs intra-utérins qui empêchent la nidation de l’œuf fécondé puisqu’il ferait courir sa protection depuis le moment de la fécondation : pour Roa, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) ne fait démarrer la grossesse qu’au moment de la nidation, l’implantation sur la paroi utérine qui intervient quelque 7 jours après la rencontre de l’ovule et du spermatozoïde.
Cet artifice permet par exemple aux fabricants de pilules et autres moyens systématiquement ou potentiellement contragestifs de prétendre ne pas détruire des vies humaines.
Et comme tout est pareil de l’autre côté de l’Atlantique et de celui-ci, Roa croit voir dans le Procureur général de la Colombie, Alejandro Ordoñez, le maître d’œuvre du projet – parce qu’il est « lefébvriste » ! D’autres détracteurs le pensent d’ultra-droite, membre de l’Opus Dei ou franc-maçon, allez comprendre…
Roa dénonce également le fait que ce qui se passe actuellement à propos de l’avortement en Colombie est une « tyrannie des majorités politiques, qui considèrent qu’il y a des personnes qui n’ont pas le droit de penser différemment où d’être différents ».
Eh bien oui, la démocratie a ses limites, quand la décision de la majorité ne correspond plus aux choix de « progrès » et de « liberté » de ceux qui, seuls, devraient pouvoir dicter sa pensée à la majorité !