Et, comme l’écrit le site christianophobie.fr, qui invite les chrétiens à se joindre à sa protestation en écrivant à l’évêque du lieu, Mgr Hoogmartens, elle est plus grave qu’en Avignon puisqu’elle se tient dans la cathédrale avec ce qu’il faut bien appeler la complicité de la hiérarchie catholique locale. Le groupe « Dignement catholique” a organisé une manifestation contre l’exposition, mardi, visant particulièrement l’« œuvre » qui montre une gigantesque photographie d’un homme totalement nu dans la position du Crucifié, avec un petit bloc rectangulaire en bois posé sur la photo pour cacher son intimité. Un peu comme le carré blanc des photos pornographiques…
L’exposition est le fruit d’une collaboration entre la ville limbourgeoise de Hasselt et la paroisse, signale la presse locale : elle visait à donner une interprétation contemporaine des sept sacrements. Si l’eucharistie est très justement représentée par l’image d’un crucifié, la banalité et la « sexualisation » de l’image et la « marginalisation » des plaies du Christ sont inacceptables, selon Jens Taskin, 20 ans, le jeune porte-parole des catholiques indignés.
De fait, ce n’est pas l’image d’un homme souffrant, « transpercé à cause de nos péchés », « broyé » à cause de nos fautes, qui s’étale devant le maître-autel de la cathédrale de Mgr Hoogmartens, mais l’image très nue, très lisse, d’un corps où l’attention est attirée d’abord par le « cache-sexe » sans dignité. Georges Jannes, 60 ans, qui a posé pour la photo il y a quelques mois, avoue qu’il avait presque oublié la session. A l’origine, confie-t-il, il était prévu que l’image serait montrée sans cache. « Je trouve tout cela un peu exagéré », a-t-il dit, rejoignant ainsi le doyen de la cathédrale, le P. Lambert Verherk, qui assure n’avoir eu « que des réactions positives » : « L’expo continuera normalement jusqu’au lundi de Pâques », a-t-il déclaré.
« Waardig Katholiek », de son côté, dénonce le sacrilège. « Le doyen de Hasselt trouve normal que le Christ soit présenté d’une manière aussi profane dans cette exposition, avec un petit bloc de bois devant ses parties génitales. Le Saint Sacrement est ainsi sexualisé : c’est quelque chose qu’on ne doit pas faire. de telles représentations sont totalement déplacées dans une église, encore plus en carême. Nous estimons que les prêtres aussi doivent avoir ce sens de la norme. Nous lisons tous dans les journaux ce qui se passe lorsque ce n’est plus le cas », a fait savoir Jens Taskin.
Vini Ganimara, dans son blog Osservatore Vaticano, appelle lui aussi à signer la lettre de protestation et demande qu’elle soit traduite en flamand pour soutenir la démarche des catholiques de Hasselt.
Léo Steinberg, La Sexualité du Christ dans l'art de la Renaissance et son refoulement moderne. Ou comment, entre autres choses, le jeu des “cache-sexes” et de l'ostentation a été porté par la grande peinture, et par de grands artistes… et pas vraiment par simple lubie.