Notre confrère Frédéric Mounier vient de publier sur le blogue de “La Croix à Rome” un très intéressant discours de Benoît XVI sur les défis d’internet, prononcé lundi devant les membres du Conseil pontifical pour les Communications sociales:
“Les nouvelles technologies ne modifient pas seulement la façon de communiquer, mais sont à l’origine d’une vaste transformation culturelle. (..) Le langage n’est pas seulement un habillage interchangeable et provisoire des concepts, mais aussi le contexte vivant et mouvant dans lequel les pensées, les inquiétudes et les projets des hommes naissent à la conscience et prennent la forme de gestes, de symboles et de paroles. (..) Les nouveaux langages déterminent, entre autres, une capacité plus intuitive et émotive qu’analytique, s’orientant vers une autre organisation logique de la pensée et du rapport avec la réalité, privilégiant souvent l’image et les liens hypertextes. La distinction traditionnelle entre le langage écrit et oral semble s’effacer au profit d’une communication écrite qui prend la forme et l’immédiateté de l’oralité. (…) Les risques en sont connus : perte d’intériorité, superficialité dans les relations, fuite dans l’émotivité, prévalence de l’opinion la plus répandue sur le désir de vérité. (..) La réflexion sur ces nouveaux langages est urgente. (..) Il est nécessaire d’être attentif aux langages des hommes de notre temps pour être attentif à l’œuvre de Dieu dans le monde. (..) Il ne s’agit pas seulement d’exprimer le message évangélique dans le langage d’aujourd’hui, mais il faut avoir le courage de penser de façon plus profonde, comme ce fut le cas à d’autres époques, le rapport entre la foi, la vie de l’Église et les mutations contemporaines.”
Naturellement, le coeur de la foi ne change pas, et ne peut pas changer. Mais je crois que Benoît XVI a parfaitement raison, en intellectuel chevronné (on se souvient de son discours de Ratisbonne sur le rôle de “l’inculturation” de l’Evangile dans la pensée grecque), d’attirer notre attention sur le fait que le message et le langage ne sont pas séparés. De même que l’invention de l’imprimerie a modifié le discours thélogique, de même la révolution numérique va changer notre façon d’évangéliser. A nous d’en prendre la mesure et d’être inventifs, tout en restant fidèles!