Suffit-il à un établissement d’enseignement supérieur catholique de disposer sur son campus d’une statue du Christ ou de la Vierge Marie, dans ses bâtiments de quelques crucifix sur ses murs et dans son nom le mot “catholique” pour être vraiment catholique ? Bien des exemples que j’ai signalés ici depuis plusieurs années – mon deuxième “papier” sur americatho, le 24 mars 2007, signalait déjà une université jésuite “dissidente”… –, démontrent qu’il n’en est rien et que mission ou identité catholiques dans nombre de Colleges et d’Universités dites “catholiques”, sont maltraitées voire oblitérées, en même temps que le rôle propre des évêques y est négligé et même méprisé. Il est donc temps, grand temps, pour les évêques de “reprendre la main” comme ont dit familièrement. J’ignore si la chose est encore possible, en tout cas il convient de saluer l’initiative de l’épiscopat américain qui va consister, tout au long de cette année et dans la plupart des diocèses, à réfléchir avec les présidents des Colleges et des Universités labellisés catholiques” sur ce que constituent exactement cette sorte de “caractère propre”, pour utiliser à bon escient une expression française, que sont la mission et l’identité catholiques de ces établissements, constituant leurs véritables fondements : à défaut desquels l’établissement n’est plus catholique et ne participe plus à la mission de l’Église. Il va donc s’agir pour les évêques comme pour les présidents d’établissement supérieurs d’évaluer si et comment ont été appliquées les dispositions contenues dans la “charte” que la conférence épiscopale américaine avait élaborée et approuvée en 1999 puis promulguée, après la recognitio du Saint Siège, en 2001 : « The Application of “Ex Corde Ecclesiæ” for the United States ». La constitution apostolique Ex Corde Ecclesiæ, dont s’est inspiré le document épiscopal américain, fut elle-même promulguée par Jean-Paul II en 1990. Elle rappelle et souligne ce que sont l’identité et la mission des établissements d’enseignements supérieurs catholiques, et énoncent des normes universelles auxquelles doivent se conformer ces établissements pour participer pleinement à la Mission de l’Église qui est d’abord d’annoncer le Christ partout. La constitution apostolique précisait – la chose va de soi, évidemment – que l’évêque a le “mandatum” de veiller au respect de la mission et de l’identité catholiques de tous les établissements d’enseignement catholiques situés sur le territoire de son diocèse et à l’orthodoxie de l’enseignement théologique qui s’y dispense.
Cette initiative de grande importance a été officiellement annoncée le 20 janvier
par Mgr Thomas J. Curry, évêque auxiliaire de Los Angeles, et président de la commission Éducation catholique de la conférence épiscopale. Lors de leur assemblée plénière de cet automne à Baltimore, les évêques tireront le bilan, région apostolique par région apostolique, de leurs discussions avec les présidents des établissements catholiques pour déterminer en quoi la situation s’est améliorée ou en quoi elle a besoin de s’améliorer. La synthèse de ces réflexions épiscopales sera tirée par le président de la conférence, Mgr Timothy Dolan, archevêque de New York. Le P. Dennis Holtschneider, président de la DePaul University de Chicago et de l’Association des Colleges et Universités catholiques des États-Unis (fondée en 1899, et qui tient, d’ailleurs, son assemblée générale du 29 au 31 janvier de ce mois à Washington), a accueilli positivement cette initiative épiscopale.
On compte 201 Colleges ou Universités catholiques aux États-Unis, 28 séminaires, 9 Universités ou Colleges dotés également d’un séminaire et 7 autres établissements d’enseignement supérieur catholiques (faculté de droit, de médecine…). Ils scolarisent environ 1 million d’étudiants.