Après la parution des premiers manuels de SVT (sciences de la vie et de la terre), dont je vous ai parlé ici, une réaction s’est déclenchée. Les associations familiales catholiques (AFC) ont très rapidement ouvert une pétition exigeant le respect des droits des parents, notamment en matière d’éducation sexuelle et affective : on peut la lire et la signer ici. De son côté, après une première mise au point du PCD (parti chrétien démocrate), Christine Boutin, dénonçant l’entrée d’une « théorie », d’un « courant de pensée » et plus exactement de « l’idéologie du genre » dans le programme de sciences, écrit :
« Monsieur le ministre, nous ne pouvons accepter que l’école devienne un lieu de propagande, où l’adolescent serait l’otage de préoccupations de groupes minoritaires en mal d’imposer une vision de la “normalité” que le peuple français ne partage pas. »
Notez que ce ne serait pas la première fois…
Elle demande à Luc Chatel d’intervenir pour faire « retirer » et « corriger » les nouveaux manuels de SVT pour les rendre conformes aux nouveaux programmes, pour respecter la mission de l’Education nationale qui est « d’instruire dans la neutralité des valeurs républicaines ». (Et le jugement de valeur, alors, on oublie ?)
Je salue l’initiative de Christine Boutin en ce qu’elle a de sympathique, de juste et d’original – hélas, car elle est à ce jour isolée dans la classe politique. En revanche, il ne me semble pas que ce soit une bonne idée d’en appeler au respect du programme du (BOEN du 30 septembre 2010) qui impose l’étude de ce thème : « Devenir homme ou femme », un titre déjà lourd de sous-entendus, et qui précise les compétences attendues :
« Différencier, à partir de la confrontation de données biologiques et de représentation sociales ce qui relève :
– de l’identité sexuelle, des rôles en tant qu’individus sexués et de leurs stéréotypes dans la société, qui relèvent de l’espace social ;
– de l’orientation sexuelle qui relève de l’intimité des personnes. »
Le projet qui présente le programme explique, entre autres choses qui mériteraient aussi d’être relevées :
« Hormis quelques rares régions du cerveau (hypothalamus), les différences anatomiques et physiologiques dues à l’influence des hormones sexuelles entre les cerveaux masculin et féminin ne sont pas plus importantes que les différences entre individus de même sexe. »
Et, plus loin, il impose de
« Discuter la validité scientifique et le caractère parfois idéologique des opinions visant à différencier un cerveau masculin d’un cerveau féminin. »
Autant dire que l’idéologie du genre n’a pas été superposé à une programme irréprochable, mais le développe de manière d’ailleurs assez homogène d’un manuel à l’autre.
Il faut préciser ensuite que ces programmes ne se limitent pas, comme croient le savoir les AFC et Christine Boutin, aux cours de SVT des séries L et ES (littérature, économique et social). Si le programme des séries S est plus complet et plus diversifié que celui des séries non-scientifiques, il comporte néanmoins et dans les mêmes termes tout ce qui concerne le chapitre « Devenir homme ou femme ».
Je note également que l’autre thème contestable du programme, « Prendre en charge de façon conjointe et responsable sa vie sexuelle », en S, ES et L, ne semble pas susciter de réaction négative désignant clairement le scandale. Or ici on est en face d’une présentation matérialiste de la sexualité, qu’il « faut » prendre en charge par une contraception adéquate, sans oublier le préservatif pour éviter le sida, avec une forte insistance sur les facteurs hormonaux qui commandent la sexualité et la font ressembler chez l’homme à celle des animaux. Prévention des « infections sexuellement transmissibles », remèdes à la stérilité apportés par les procréations artificielles », passage en revue sans aucune considération morale de toutes les techniques de contraception complètent le tableau. Il n’y a pas que l’idéologie du genre…
http://veille-education.org/2011/05/31/la-theorie-du-genre-a-lecole-defendons-la-liberte-de-conscience-des-eleves/