Mgr Legrez, évêque émérite de Saint-Claude, nommé à Albi, répond au Progrès :
Dès le début, ici, il y a eu un refus du clergé parce que j’étais religieux. Or j’ai passé près de 15 ans en paroisse. Malgré tout, cela a été un bon noviciat dans la vie épiscopale. Cinq ans, ça compte ! Et puis, j’ai beaucoup appris au contact des évêques voisins notamment : il y a une fraternité entre nous dont je ne me rendais pas compte. […] Au bout de deux ans ici, j’ai publié une lettre pastorale dans laquelle je donnais huit pistes à creuser pour la vitalité du diocèse parmi lesquelles l’Évangélisation qui a été un souci de tous les jours pour moi, la formation pour les prêtres mais aussi pour les fidèles qui servent l’Église, l’insertion dans la vie et la joie de croire. C’est vrai qu’en arrivant, j’ai découvert un certain climat de tristesse, ça m’a beaucoup frappé.
Vous parlez de la formation des laïcs. Diriez-vous que ce sont eux qui, désormais, font vivre l’Église au quotidien ?
Aujourd’hui, quand on parle de l’Église, pour beaucoup de gens on parle des prêtres. Or, aujourd’hui, il n’y en a que 32 en activité dans le Jura et pourtant, je n’ai jamais entendu dire que l’Église jurassienne n’existait pas !
Que pensez-vous de cette implication croissante des laïcs dans l’Église ?
Leur participation dans le Jura est très importante mais il faut, comme je le disais, les former et aussi les aider à entrer dans un esprit de service et de gratuité. C’est un processus engagé depuis une quinzaine d’années.
La question du « recrutement » des prêtres se pose-t-elle alors dans le Jura comme ailleurs ?
C’est un souci permanent car le ministère ordonné est indispensable. C’est pour ça que je ne comprends pas quand j’entends des prêtres qui ont un autre discours. Tout au long de ma vie sacerdotale, j’ai accompagné des jeunes. Mais quand je suis arrivé ici, il y avait eu 13 ans sans ordination. Heureusement, il y avait aussi quatre séminaristes dont deux ont été ordonnés prêtres depuis.
Que dites-vous à ceux qui pensent que l’Église ne suit pas les changements de la société, qu’elle véhicule une image rétrograde ?
Je leur dis que je pense que ce n’est pas la parole de Dieu qui doit s’adapter à la société contemporaine, mais bien le contraire. […]
Vous serez installé en avril. Quand le Jura peut-il espérer connaître le nom de votre successeur ?
Le conseil des consulteurs nommera un administrateur diocésain dans les huit jours qui suivront mon installation. Ensuite, il n’y a pas de règle. Mais jusqu’au mois d’avril, je reste l’évêque de Saint-Claude.