J’évoquais voici quelques jours de l’éventuelle “canonisation” de la démocratie chrétienne, avec la béatification d’Edmond Michelet. Il est très instructif, à cet égard, de lire ce que l’excellent vaticaniste Sandro Magister explique au sujet de Giuseppe Dossetti, ancien ténor de la démocratie chrétienne, devenu l’expert conciliaire du cardinal Lercaro, dont le rôle à Vatican II est bien connu:
“Il fut un homme politique de première grandeur dans le parti qui gouverna l’Italie de l’après-guerre, la Démocratie Chrétienne, au sein de laquelle il brillait par sa maîtrise des mécanismes parlementaires.
En tant qu’expert conciliaire, Dossetti mit ces talents à profit. Le 10 novembre 1962, un autre expert célèbre, le théologien dominicain Marie-Dominique Chenu, notait dans son journal cette phrase de Dossetti : “La bataille efficace se joue sur la procédure. C’est toujours par cette voie que j’ai gagné”.”
Voilà qui est tristement révélateur! Quoi que l’on pense par ailleurs des textes conciliaires, il est de fait que jamais assemblée conciliaire n’aura été davantage marquée par les jeux d’appareil et les négociations de “partis”…
La dernière phrase surtout est ahurissante: Dossetti ne dit pas qu’il a parfois fait avancer ses idées grâce à une bonne maîtrise des jeux politiques, mais qu’il a TOUJOURS gagné par la voie de la procédure!
Il est intéressant de noter, avec Magister, que Dossetti est le principal inspirateur avec Alberigo de la funeste école de Bologne, interprétant Vatican II toujours dans le sens de la rupture la plus radicale avec la Tradition.
Dans une critique cinglante de la théologie et notamment de l’ecclésiologie de Dossetti, le cardinal Biffi, successeur à Bologne du cardinal Lercaro, écrivait:
“Curieusement, il analyse son apport au concile Vatican II à la lumière de sa participation aux travaux de l’[Assemblée Nationale] Constituante [entre 1946 et 1948] : “Au moment décisif, c’est précisément mon expérience du travail en assemblée qui a bouleversé le sort du concile”. […] De plus, dans cette même circonstance Dossetti se félicite même d’avoir “apporté au concile – même si ce ne fut pas un triomphe – une certaine ecclésiologie qui reflétait aussi mon expérience politique”. Mais quelle sorte d’“ecclésiologie” pouvait naître d’une telle inspiration et de ces prémisses qui sont “du monde” ?”
Comme on peut le voir, les liens entre la démocratie chrétienne politique et une certaine théologie de rupture radicale avec la Tradition de l’Eglise sont importants. Décidément, je ne crois pas que les temps soient très favorables à une “canonisation” de ladite démocratie chrétienne – quoi qu’il en soit de la sainteté de vie des personnes examinées…
Sans commentaire , c’est assez triste déjà de constater à quel point le Vatican est encore infecté pour entreprendre des actions pareilles …