Dans sa livraison du 2 février, Paix Liturgique rapporte les propos de l’abbé Yannick Escher, prêtre suisse, a quitté l’abbaye Saint-Maurice d’Agaune, l’été dernier, pour rejoindre la Fraternité Saint-Pie-X. Ils sont symptomatiques de la dure vie de nos curés, soumis à un cléricalisme épiscopal devenu insupportable. Cette histoire se déroule en Suisse, mais elle aurait très bien pu se dérouler en France. Extraits :
[…] Je me souviens de ce jeune prêtre qui disait qu’il avait été obligé, comme jeune prêtre, de donner une absolution collective pour la confession, ce qui est interdit par l’Église, encore maintenant. Dans certains diocèses, elle est faite au vu et au su de tout le monde, avec la bénédiction discrète, des évêques. Mais il avait été obligé de la faire, et juste après il avait été se confesser à un autre prêtre. Il en était encore retourné, c’était tragique. Il est comme prisonnier parce qu’il doit faire mais il sait que ce n’est pas juste. C’est dans ce sens-là. Ou s’il invoque un document du Souverain Pontife, qui sont assez clairs, sur la confession et le motu proprio de Jean-Paul II, sur toutes les questions liturgiques, il y a des écrits et des documents qui sont très clairs, sur le rôle des laïcs à l’église, sur les rapports entre laïcs et prêtres, il y a des documents, s’il les invoque, on lui dit : « Heureusement qu’il y a les montagnes entre Rome et nous ». Ou : « Ce document est très bien mais il n’est pas adapté à notre situation ecclésiale. »
[…] Tout a été bazardé, mais il y a encore une arme, c’est l’obéissance. Les évêques sont des papes dans leur diocèse. C’est une fois ce que je disais à quelqu’un qui invoquait devant moi l’obéissance : «Si vous demandez l’obéissance de vos clercs, vous devez, Monseigneur, vous-même, montrer l’exemple en obéissant au Souverain Pontife, sinon vous ne pouvez pas exiger l’obéissance de vos clercs ». La discussion s’est terminée là. C’est très significatif. Il y a une insistance terrible sur l’obéissance. Après, on complexe le prêtre qui se dit : « Je suis désobéissant, je suis un mauvais prêtre, ça ne va pas. » Donc, ma foi, mieux vaut se tromper en obéissant, que de désobéir et de faire juste. […]