C’est le très surprenant titre 1 d’un éditorial du Washington Times du mardi 16 février. Intrigué je l’ai lu et je vous ai fait la traduction tant cette affaire est
saugrenue (bien sûr, il ne faudra pas manquer de lire la « mise à jour » à laquelle a procédé le jour suivant ce quotidien conservateur de Washington, lancé explicitement pour “faire la nique” au
très progressiste Washington Post…).
« Les catholiques locaux sont en tumulte parce que le Catholic Information Center a invité demain à une signature de livres Cokie Roberts, une signalée dissidente de l’enseignement
moral de l’Église sur l’avortement, le contrôle des naissances et l’homosexualité. Cette commentatrice de la télévision a attaqué la loi interdisant l’avortement par naissance partielle comme une
“baudruche” cyniquement agitée par les pro-vie, et elle a critiqué le pape Benoît XVI pour “manquer de la vertus théologique de charité”.
Le Catholic Information Center, qui se compose d’une librairie et d’une chapelle gérés par l’Opus Dei sur K Street en centre ville de Washington, est depuis longtemps un havre pour
les catholiques de type neocon à la recherche d’une messe à l’heure du déjeuner ou désireux d’acheter des livres religieux pour des amis intéressés. L’Opus Dei est une organisation
religieuse qui a bénéficié d’énormes privilèges sous le modéré pape Jean-Paul II, mais qui a vu son étoile pâlir sous le nouveau pontife beaucoup plus traditionnel.
Dans le Da Vinci Code, livre et film, l’Opus Dei était présentée comme une milice d’extrême droite missionnant des moines assassins pour liquider les hérétiques. La vérité c’est
que l’Opus Dei n’a jamais été très courageuse pour contrer les tendances modernistes qui ont sapé la tradition de son Église même. L’exemple le plus évident c’est la manière dont ce groupe
a été activement hostile à ceux qui ont combattu pendant des décennies dans les tranchées pour ramener l’ancienne Messe latine qui avait été abolie par le libéralisant second concile du Vatican
de 1962 à 1965.
La librairie de l’Opus Dei a également commis des actes qui ne sont que très bizarres ou douteux d’un point de vue chrétien, comme de vendre les romans Harry Potter qui rendent la
sorcellerie séduisante.
À présent, l’Opus Dei ouvre ses portes à Cokie Roberts, plaçant le Catholic Information Center dans le même camp que l’Université Notre Dame qui a honteusement honoré
le Président pro-avortement Obama lors de la cérémonie de remise des diplômes l’an passé en violation des directives définies par les évêques catholiques. Peut-être que la librairie espère
gagner l’argent du diable en retournant sa veste tout en vendant le livre de Cokie.
Il est aussi possible que le P. Arne A. Panula, qui dirige le centre, soit très naïf sur ce qui touche à la politique dans la métropole. Dans un cas comme dans l’autre, la ligne qui sépare
le champ de bataille est nette, et chacun doit choisir son camp. Il peut reconnaître son erreur et annuler cette signature, ou il peut aller de l’avant et offrir une tribune à cette dissidente
catholique de premier plan, manifestant ainsi qu’il est un bien faible défenseur de la foi dans nos temps immoraux.
Le Catholic Information Center est connu sous ses initiales : CIC. Si le prêtre qui mène cette danse n’est pas prudent, son affaire sera bientôt connue par un autre sigle :
CINO – Catholic in name only [seulement nominalement catholique]. »
C’est vif, je le reconnais, mais ce n’est pas pour me déplaire : les catholiques tiédasses font souvent plus de mal à l’Église que ses adversaires déclarés. Vif, soit, mais efficace, car le P.
Panula, averti de cet éditorial, a eu tôt fait d’annuler la signature : « Nous ignorions que certaines positions de Ms. Cokie Roberts étaient hostiles à la foi catholique et au
Saint Père qui est si cher à notre Catholic Information Center » a déclaré le P. Panula, citation reprise dans un second éditorial du Washington Times du 17
février. Il ajoute encore : « Nous disons notre gratitude à tous ceux d’entre vous qui avez pris le temps de nous dire votre préoccupation et de nous informer. Nous adressons tout spécialement
nos excuses à ceux qui ont été choqués par cette programmation et par la confusion qu’elle aurait pu occasionner. » Dont acte. Évidemment, il s’est trouvé des catholiques de l’Opus Dei
pour stigmatiser, avec des noms d’oiseaux, l’article du Washington Times – avant, bien sûr, d’apprendre que la signature était annulée… Ce sont sans doute là des catholiques
“modérés”, ou qui veulent passer pour tels. Il faudra m’expliquer un jour la différence de nature entre la bêtise simple et la bêtise “modérée”… Le P. Panula a certes réagi avec
courage. Mais imaginons un instant que le Washington Times – ou d’autres catholiques conséquents – n’aie pas levé le lièvre… Que croyez-vous qu’il se fut passé ? Avant d’inviter
des gens chez soi, on se renseigne sur qui ils sont si on ne veut pas voir disparaître son argenterie… Mais on aura du mal à me faire avaler que le directeur du Catholic Information Center
(c’est-à-dire d’un centre d’information…) ignorait tout de Cokie Roberts qui n’est quand même pas tombée hier de la planète Vulcain. Ma confiance est très “modérée” sur ce
coup-là.