Interrogé par Famille chrétienne, l’évêque de Bayonne a levé tous les doutes qui peuvent inquiéter nos épiscopes encore absents à cette marche nationale pour la vie :
Après avoir soutenu cette marche à plusieurs reprises, j’ai décidé de m’y rendre cette année d’abord pour accompagner des fidèles de mon diocèse venus manifester en faveur de la vie. Il m’a semblé, en mon âme et conscience, que ma place était auprès d’eux.[…] il m’a semblé que cette Marche était bien organisée et bien tenue et que les organisateurs avaient le souci de l’ouvrir à tous quelque soit leurs opinions politiques ou religieuses. C’est d’ailleurs ce que nous nous sommes dits avec Mgr Lebrun et Mgr Bagnard également présents lors de cette manifestation. Nous avons trop poussés les laïcs à prendre leurs responsabilités pour ne pas les accompagner lorsqu’ils ont le courage de manifester de dire publiquement leur désaccord sur la question de l’avortement.
Avez-vous été gênés par la présence de personnalités politiques d’extrême droite (Bruno Gollnisch) ou de figures anti-avortement comme Philippe Isnard, ce professeur de Manosque suspendu pour avoir montré sans autorisation à ses élèves un film sur la réalité de l’avortement ?
Ces personnes, il me semble, n’ont pas défilé en tête de cortège. Il appartient à chacun de manifester en faveur de la vie et je ne me permettrais pas de juger de leur intention. A propos de Bruno Gollnisch, ce dernier a d’ailleurs expliqué à Radio Notre-Dame qu’il n’était pas venu au nom du Front National mais à titre personnel. Quant à Philippe Isnard, il me semble que ce professeur courageux est tout de même l’objet d’une certaine injustice… On peut ne pas être d’accord avec la méthode – celle de diffuser sans autorisation des parents et de sa hiérarchie un film très dur sur l’avortement à des mineurs – mais je note que son action a été saluée par un certain nombre de chrétiens. Enfin, il faut souligner que cette manifestation a avant tout mobilisé de très nombreuses familles et fut un témoignage public calme et joyeux rendu à la vie.
Pensez-vous qu’une telle manifestation puisse réellement influer sur les révisions des lois de bioéthique, et faire notamment barrage à la très probable généralisation de la recherche sur l’embryon ?
Dans le grand combat pour que chaque vie soit honorée et protégée de sa conception jusqu’à sa fin naturelle, il me semble qu’aucun moyen ne doit être exclu. Il existe la voie du dialogue, empruntée avec succès au nom des évêques de France par Mgr d’Ornellas qui a fourni un travail remarquable à l’occasion de ces révisions des lois de bioéthique. Mais il existe aussi la voie de l’action publique. Les deux sont, à mon sens, complémentaires et l’une n’exclue pas l’autre bien au contraire. Pour promouvoir une nouvelle culture de la vie, le pape Jean Paul II nous a d’ailleurs invité a emprunté ses deux voies dans son encyclique Evangelium vitae. Je veux croire que la mobilisation de plus en plus nombreuse de simples citoyens en faveur d’une politique qui respecte la vie finira en effet par peser sur le débat public, comme c’est le cas aux États-Unis, en Italie ou en Espagne.