Dans son numéro du 6 janvier, Yves Daoudal revient sur la démission de Mgr Aubertin, le successeur de Saint Martin de Tours, apôtre des Gaules :
Au printemps prochain devrait être installée, exactement au-dessus du monastère de Marmoutier, une gigantesque statue (40 mètres de long, 17 mètres de hauteur), d’une femme nue à moitié allongée, les jambes écartées, intitulée la « Femme-Loire ». Le terrain a été donné à l’artiste par un bail emphytéotique voté à l’unanimité par le conseil municipal. Car le chef de l’opposition UMP est évidemment favorable: c’est Renaud Donnedieu de Vabres, ancien ministre de la Culture, secrétaire national de l’UMP à la Culture…
Face à la polémique lancée par les défenseurs du site (inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco), par des catholiques et par des identitaires (une pétition a rassemblé plus de 3 000 signatures), l’archevêque de Tours est longtemps resté muet. Le successeur de saint Martin n’avait rien à dire sur l’érection d’une statue païenne, d’une déesse du fleuve, surplombant non seulement un fleuron du patrimoine catholique, mais le propre monastère de saint Martin, le premier monastère occidental.
Le 4 décembre dernier, dans La Nouvelle République, le prétendu artiste, Michel Audiard, disait : « J’ai vu Mgr Aubertin, l’archevêque de Tours, qui n’est pas très enthousiaste, mais il n’a pas dit qu’il était contre. » Contacté par le journal, le service de communication de l’archevêché avait répondu qu’un communiqué serait «envoyé prochainement». Il n’y eut pas de communiqué. Le 19 décembre, La Tribune de Tours écrivait: «Le projet de la statue de la Femme-Loire – au symbolisme païen évident -porté par une bonne partie du monde économique et politique local, en l’absence même de tout commentaire officiel de l’évêque de Tours, Mgr Aubertin, vient signifier, s’il en était besoin, la perted’influence colossale de l’Eglise catholique dans ce qui fut il y a longtemps l’un de ses bastions. Certes, depuis les choses ont bien changé. Tours la catholique s’est effacée depuis longtemps devant Tours, ville maçonnique. »
Il a fallu attendre le 23 décembre pour que Mgr Aubertin s’exprime sur le sujet, à la faveur d’une interview à La Nouvelle République, où il répondait à des questions très diverses. Sur la Femme-Loire, il commence par dire que les lieux martiniens sont « plus que sensibles », et « pas seulement pour les cathos attardés». Sic. Pour Michel Audiard, les opposants au projet sont « les fachos de Vox Populi (un blog identitaire local) et les cathos intégristes ». On peut se demander si « cathos attardés » c’est plus poli que « cathos intégristes ». Quoi qu’il en soit, n’étant pas un catho attardé, Mgr Aubertin poursuit qu’il a « plus que des réserves », mais que c’est « à chacun de prendre ses responsabilités». La sienne étant de n’en prendre aucune : « Ce n’est pas à moi de porter l’étendard d’une quelconque opposition. » Et quand on lui demande s’il considère qu’il s’agit d’une provocation pour l’Eglise, il répond : « Je ne dirais pas ça. Il est dommageable de vouloir déterrer la hache de guerre. Je ne veux pas rentrer dans ce jeu-là. » Fermez le ban.
Mgr Aubertin est le grand absent de ce reportage :