La dernière lettre de Paix liturgique met en avant un nouveau cas de non application du Motu Proprio Summorum Pontificum et décrypte les motifs (et le vocabulaire) de ce refus.
Tout au long de la période de trois ans prévue par le Saint-Père pour évaluer la mise en place du motu proprio Summorum Pontificum, nous avions constaté, malgré bien des difficultés, plusieurs exemples de bienveillance parmi nos curés et pasteurs. Malheureusement, force est de constater que depuis 10 mois cette embellie semble appartenir au passé au point que, depuis juin 2010, très rares sont les exemples d’application large et généreuse du motu proprio…
Pourtant, le nombre de groupes de familles de demandeurs est toujours aussi important : une centaine selon une source proche de la Conférence des Évêques de France et près de 500 selon nous. À ces demandes restées vaines, il convient de rajouter la centaine de lieux où l’application du motu proprio est loin d’être satisfaisante et respectueuse des fidèles, c’est-à-dire où la messe n’est pas célébrée chaque dimanche à un horaire familial. De Reims à Rambouillet, la réalité de groupes stables de demandeurs n’est pourtant plus à démontrer…
Pire, la situation semble se durcir ou, ce qui revient au même, elle ne bouge pas. Si nous avons essayé de faire preuve de bonne volonté dans de nombreux cas difficiles, il nous faut pourtant constater aujourd’hui que l’ostracisme est plus que jamais d’actualité !
Nous publions cette semaine un dossier qui nous éclaire sur l’incroyable refus d’une demande de messe à Royan au nom de “la communion ecclésiale”. Ce dossier détaillé nous incite à nous interroger sur l’existence d’une politique délibérée pour stopper la réconciliation et la paix liturgiques voulues par notre Saint Père Benoît XVI…
Voici l’affaire.
I – LE COURRIER DE REFUS DU PÈRE DELAGE, VICAIRE ÉPISCOPAL DU DIOCÈSE DE LA ROCHELLE – SAINTES
7 février 2011
Monsieur,
Comme je vous l’écrivais en décembre, votre demande méritait réflexion et discernement. Nous en avons pris le temps avec les trois personnes de l’Équipe pastorale et nous avons sollicité l’avis des chrétiens en responsabilité sur notre paroisse, et tout spécialement celui des chrétiens-relais qui assurent un réel ministère de communion autour de chacune des églises de notre paroisse.
Je vous avais dit que l’Équipe pastorale souhaitait que la décision prise, quelle qu’elle soit repose sur un large consensus des acteurs de la mission. Il est ressorti de notre enquête qu’il était inopportun de mettre en place une célébration dans le rit extraordinaire, une telle proposition allant à l’encontre de la communion ecclésiale locale et des efforts consentis par les paroissiens, jour après jour et dans des conditions souvent difficiles, pour une mission qui se doit de prendre en compte les appels de notre monde dans l’esprit du Concile Vatican II . Nous ne pouvons pas nous permettre de prendre un quelconque risque de division au sein de notre communauté alors même que le Saint-Père et nos évêques nous invitent à œuvrer pour la communion et que cette communion repose d’abord sur ce que la communauté chrétienne vit tout au long de l’année.
Votre requête liturgique étant toutefois compréhensible, je m’empresse de vous indiquer que notre diocèse a rendu possible une célébration selon le rit extraordinaire chaque dimanche, alternativement à La Rochelle et à Saintes. L’assemblée y assistant étant plutôt modeste, ne vaudrait-il pas mieux d’abord donner corps ce qui existe déjà ?
En vous assurant de ma prière sacerdotale,
P. Pascal-Grégoire Delage
Curé de Royan
Vicaire épiscopal
Pour lire l’analyse de ce document par Paix liturgique, voir ICI.
Je pense que le précédent curé de Royan, le Père Suraud, aurait été plus ouvert à cette demande. A la messe dominicale de Royan, pratiquement tout l’ordinaire était chanté en latin (Asperges, messe des Anges, credo 3, et même souvent le Pater). C’est vrai que le Père Delage qui lui a succédé a immédiatement éradiqué tout ça.
quel charabia pour masquer un double manquement à la charité et à l’obéissance!!!!
Et toujours le recours au brumeux, élastique et arbitraire “esprit du concile”. Les pères conciliaires n’ont pas voté sur un “esprit du concile” mais sur des TEXTES; hors des textes votés le concile n’est RIEN !
Je ne connaissais pas le concept de “chrétiens-relais”. Il apparaît qu’ils sont une vingtaine dans cette paroisse de Royan. Assez pour faire pencher la balance “démocratiquement” dans le sens inverse de la demande de Thierry Rogister et de ses amis. Après le bébé-médicament voici le chrétien-relais. On n’arrête pas l’avance irrésistible vers le progrès.
Santiago 64, je vois bien ce que vous voulez dire mais il faut éviter de réduire aussi Vatican II (et tout autre concile) à un corpus de texte. Un texte se comprend dans son contexte. Dans tout travail législatif, on ne saisit ce que veut dire un texte que quand on voit, entre autres choses, les versions de travail qui ont été rejetées ou amendées. Par exemple, à propos du latin, les partisans de l’herméneutique de la continuité et de la réforme de la réforme ne cessent de citer l’article 38 de Sacrosanctum concilium (et encore… uniquement sa preière partie). Or cet article prend toute sa signification quand on sait qu’un amendement qui demandait de conserver en tout cas le canon de la messe en langue latine a été rejeté. Les professionnels de la modération de principe se gardent évidemment de mentionner ce fait. Celui-ci montre dans quel sens interpréter Sacrosanctum concilium: on n’échappe pas au fait que les pères conciliaires n’ont pas voulu mettre de limite à l’usage du vernaculaire dans la messe. C’est évidemment gênant pour la thèse qui prétend que “le bon concile a voulu conserver la latin”.
Donc, attention, un texte dit ce qu’il dit mais il en dit aussi beaucoup par ce qu’il lui a été proposé de dire et qu’il a refusé de dire.
*Pardon, l’article 36 de Sacrosanctum concilium.
L’esprit du concile est brumeux, mais ses textes aussi. Tout ce qu’on demande au curé de Royan c’est d’avoir des idées claires sur le motu proprio “summorum pontificum” dont on espère seulement que les décrets d’application à paraître début avril ne viendront pas l’obscurcir.
Luc Warnotte, la précision juridique que vous apportez sur l’interprétation de l’intention législateur en cas d’obscurité ou d’ambiguïté d’un texte et qui est du domaine de ce que l’on nomme la jurisprudence,si elle vaut en effet pour la loi humaine, n’a pas de valeur dans le champ d’un Concile.
Là, c’est le texte VOTÉ par les pères qui s’impose SEUL, car SEUL il a reçu l’inspiration du Saint Esprit et pas les non dits,les brouillons non aboutis, les ratures, les manœuvres éventuelles de couloir, bref tous les entours, détours et contours qui ABOUTISSENT au document final qui seul fait foi.
Et encore! On sait que le Pape Paul VI imposa une Nota Praevia explicative au chapitre 3 de la Constitution Lumen Gentium sur l’Église, chapitre 3 qui traitait du collège des évêques et cela afin d’éviter une interprétation extensive de la “collégialité” (mot qui ne figure dans aucun document du concile Vatican II) .Et que 35 ans après le concile il apparut nécessaire au Bienheureux Jean Paul II de publier une Déclaration (“Dominus Iesus” 6 aout 2000) pour clarifier encore comment il fallait interpréter ce que le concile avait voulu dire sur l’unité et l’Unicité de l’Église catholique, seule dépositaire de la VRAIE religion fondée par NS Jésus Christ.
Preuve: 1. Que les textes de Vatican II nécessitent d’être interprétés
2.que les interprétations se situent toujours dans l’herméneutique de la CONTINUITÉ en rattachant VATICAN II à la tradition
3.que le Magistère suprême du Pontife romain est le SEUL habilité à interpréter puisqu’il est la seule autorité supérieure au Concile(voir encore la Nota Praevia).
Donc un texte conciliaire ne dit QUE CE QU’IL DIT! Pas plus, pas moins.
Santiago64, vous sautez un peu vite aux conclusions et ce faisant vous n’avez pas peur des contradictions. Oui, le texte voté est celui qui fait foi, et pas les versions de travail. Mais précisément, en rejetant certaines versions de travail, les pères montrent ipso facto que ce sens (celui des versions rejetées) ne peut pas être celui du texte adopté. C’est une question de simple bon sens et d’évidence.
A Luc Warnotte, le sens du texte adopté est celui contenu dans le texte même.Pas ailleurs.
Si le sens n’est pas explicite ou peut être interprété, c’est au Magistère suprême ordinaire ou extraordinaire de l’éclairer.Ce n’est pas en remontant aux débats que la lumière sera apportée; c’est en plaçant les textes dans la continuité de la Tradition ou en espérant le jugement magistériel.En attendant PRIER.
Santiago64, vous ne semblez pas comprendre ce que vous dites. Un texte ne se suffit jamais à lui-même. Ce que vous faites, c’est du nominalisme.
A Luc Warnotte
Je n’ignore bien sûr pas qu'”Un texte ne se suffit jamais à lui-même.” Sinon je serais Réformé adepte du sola scriptura et non Catholique qui soumet l’interprétation du texte sacré à la Tradition et au Magistère de l’Église qui, seuls, en extraient tout le sens révélé.Je sais bien comme disait Platon que “L’écriture ne ressemble pas à la parole : la parole se défend, mais l’écriture, son père n’est pas là pour la défendre.”C’est bien pourquoi Jésus a AUSSI fondé son Église, pour lui confier l’interprétation exacte de sa doctrine au cours des âges.
Pour revenir au Concile Vatican II et à ses textes, relisez mieux ce que j’en ai dit :”Si le sens n’est pas explicite ou peut être interprété, c’est au Magistère suprême ordinaire ou extraordinaire de l’éclairer”; et je maintiens , pas aux débats antérieurs au vote!
Je crois que vous ne vous doutez pas des conséquences redoutables de votre thèse pour les conciles précédents, depuis Vatican I jusqu’à Nicée, s’il fallait revenir aux débats pour bien comprendre le sens des textes dédits conciles antérieurs. Pour cela encore nous avons la Tradition et le Magistère qui nous aident à interpréter avec la certitude de l’inspiration divine; et cela suffit.
Je ne vois pas où est le nominalisme là dedans où il n’y a pas de négation des universaux ni des essences.Rassurez vous je n’ai jamais été nominaliste, ni, à l’inverse platonicien d’ailleurs.
En toute amitié de paisible controverse.