Ca ne pouvait pas manquer : la communion de la reine d’Espagne à Barcelone a été très médiatisée, et Golias y va aussi de son commentaire. Rien que de bien normal, en un sens, mais c’est le contenu de ce commentaire qui vaut carrément le voyage. Accrochez les ceintures !
Tout d’abord, nos excellents confrères titrent que le pape a été « furieux » de cette liberté prise par la reine. Comment le savent-ils ? Ont-ils obtenu des confidences ? Sur les images de télévision, on voit, à ce moment-là, « la mine déconfite » du pape (comme le dit justement Golias) mais cela ne signifie pas que le pape en ait conçu de la « furie ». Nos excellents confrères s’avancent donc de façon assez téméraire, et il est intéressant de voir leurs lecteurs contester massivement, dans leurs commentaires, cette interprétation gratuite.
Mais si Golias s’arrêtait là, avouez que nous serions surpris! La rédaction poursuit en se réjouissant que la reine Sophie ait esquivé
« le prie-Dieu placé devant elle pour la contraindre à communier à genoux et sur les lèvres ».
Mais, ce n’est pas ainsi que les choses se sont passées – et nos confrères rééditent une erreur dans laquelle j’étais moi-même tombé.
Le prie-Dieu auquel (plus exactement, à côté duquel) la reine a communié n’était pas prévu spécifiquement pour la communion. Elle n’a pas communié au prie-Dieu auquel d’autres personnes ont reçu les saintes espèces des mains du pape : elle a communié à sa place, au prie-Dieu qu’elle a utilisé pendant toute la cérémonie. En effet, en vertu d’un privilège qui leur a été accordé en reconnaissance de la reconquête chrétienne de la péninsule ibérique, les souverains espagnols, titrés « très catholiques », reçoivent depuis des temps immémoriaux la communion à leur place. L’interprétation malveillante de Golias tombe donc d’elle-même : personne n’a tenté de « contraindre » la malheureuse reine Sophie. Elle avait une chaise et un prie-Dieu comme à toutes les liturgies auxquelles elle se rend.
Je vous avoue que j’ignorais jusqu’il y a peu ce privilège des souverains espagnols de communier à leur place mais il n’est pas interdit de se documenter!
En corollaire, je reviens donc sur le bénéfice du doute que j’avais accordé à la suite d’une remarque de lecteur . Ce dernier avait émis l’hypothèse que le prie-Dieu placé pour la communion était placé trop haut et que la reine avait été obligée de se pencher et de tendre la main. Cette affaire de communion des souverains espagnols à leur propre place change la donne. En l’occurrence, les sièges et prie-Dieu des souverains étaient placés sur une petite estrade mais on voit sans peine sur les images que, si la reine avait été agenouillée à son prie-Dieu, sa tête aurait été au niveau de celle du pape – comme le montre par exemple cette image prise sur le site de mon confrère Christophe St-Placide:
La photo illustre parfaitement mon propos. Il aurait donc suffi au Pape d’élever légèrement le bras (à la même hauteur qu’à l’Ecce agnus Dei, où le célébrant élève la main à la hauteur des yeux). En un mot comme en cent, personne n’a tenté de « contraindre » la pauvre reine Sophie (qu’on imaginait déjà traumatisée par l’autoritarisme papal, mais nous voilà rassurés) et rien ne justifie donc ce que Golias appelle « un sympathique camouflet ». D’ailleurs, on voit mal ce qui, aux yeux d’un catholique, pourrait justifier un camouflet au pape. En outre, qualifier un camouflet au Souverain pontife de « sympathique » se passe de commentaire. Mais l’article de Golias sur l’entartage de Mgr Léonard nous a déjà appris que, pour cette revue, quand on a de l’antipathie pour un prélat, on peut se permettre un outrage à son égard et que cela devient un outrage sympathique. A l’OV, nous préférons considérer que le respect est dû à la fonction, sans considération de la personne, de sorte que, même au plus indigne des évêques, on ne peut infliger de camouflet (« sympathique » ou non).
A vrai dire, Golias est passé maître dans l’art de l’inversion des personnes et des fonctions, puisqu’au sujet de cet incident de Barcelone, un modérateur prend à son compte le commentaire d’un certain AP 75. Ce dernier s’indigne que le pape exige qu’on s’agenouille devant lui. Bobard énorme, lancé par les pieromarinistes en Italie et dont on se demande comment on peut le colporter sérieusement. Est-il besoin de lire « Dominus est » pour savoir que c’est devant le Christ eucharistique qu’on s’agenouille ? Un peu de bon sens suffit peut-être. D’ailleurs, si c’est quelqu’un d’autre que le pape qui distribue la communion more antiquo, on s’agenouille aussi. Décidément, tous les prétextes sont bons pour éructer son mépris du pape et son irrespect pour l’eucharistie!…
Laissez tranquilles Golias et cette pauvre reine d’Espagne, qui a eu le courage de communier publiquement alors que son mari s’abstenait.
Le geste de la reine comme celui du pape ont été réflexes et non calculés. Ils n’ont aucune significatiopn particulière.
ce n’est tout de même pas un crime de communier dans la main. Je le fais moi-même tous les jours chez les franciscains de Canclaux à Nantes.
Je suis presque jaloux de n’avoir pas un article à moi consacré.
Question : qu’en a-t-il été à d’autres cérémonies – hors la présence du Saint-Père ? Il doit bien être possible de retrouver des images de la reine recevant la Communion à sa place…
Autre question (que j’ai déjà posée mais sans réponse) : pouvez vous m’expliquer qui sont ces 2 (?) Marini (successifs ?) au service de la liturgie du Pape ?
Merci d’avance
Le roi n’a peut-être pas osé se présenté devant le pape de peur de se voir refusé la communion… Je m’explique : le Roi à en effet signé le 3 mars 2010 (ce que n’a pas fait Baudoin en Belgique ou le duc du Luxembourg) la loi espagnole pro-mort sur l’avortement se rendant de facto excommunié…
ah c ‘est drôle toutes ces belles histoires qui relèvent quasiment d’un conte… cette reine est bien courageuse et le pape bien généreux… quoi demander de mieux ?
Si le Roi d’Espagne avait été excommunié latae sententiae, le Saint Siège l’en aurait averti et en aurait averti son peuple… Dans la jurisprudence canonique actuelle, l’excommunication latae sententiae pour avortement est encourue par la femme qui avorte et par l’avorteur, pas au-delà. Du reste, le Roi Baudouin Ier de Belgique avait en effet refusé de signer, mais en demandant “qu’une solution soit trouvée pour que le processus législatif parvienne à son terme”, ce qui fut fait par le Gouvernement de l’époque : le Roi était trop respectueux de la démocratie pour aller au-delà. Quant au Grand Duc Henri de Luxembourg, il a aussi refusé de signer, mais en acceptant que ses pouvoirs soient diminués au point qu’il n’ait plus jamais à ratifier les lois. N’oublions tout de même pas que les monarchies occidentales sont constitutionnelles et que, comme le signale l’article Ier de la Constitution belge, par exemple, “tous les pouvoirs émanent de la Nation”. Tous les pouvoirs, y compris celui du Roi…
“Le geste de la reine comme celui du pape ont été réflexes et non calculés.”
C’est bien là un problème: la liturgie ne relève pas du domaine du réflexe.
“(…) ce n’est tout de même pas un crime de communier dans la main.”
C’est ce que disent les protestants depuis 1517. Certaines sectes pensent aussi que ce n’est pas un crime de se servir soi-même, comme dans un paquet de chips, ce qui n’est plus qu’un simulacre d’eucharistie.
Les 2 Marini? Le premier s’appelle Piero et était le cérémonaire pontifical pendant la seconde partie du pontificat de Jean-Paul II. Le second se prénomme Guido, n’a rien à voir avec le premier, si ce n’est qu’il a été nommé par Benoit XVI pour remplacer Piero.
Le cérémoniaire pontifical étant celui qui règle tous les détails des cérémonies pontificales (musiques, chants, objets, tenues, gestes…), même un observateur peu averti peut noter le changement de style entre l’un et l’autre…
Monsieur Jean, je veux bien laisser tranquille la Reine d’Espagne, mais laisser tnaquile Golias, non! Je le considère généralement comme une espèce de magazine boufon et mal informé, qui distille sa piètre information pour une parterre de nigauds qui ont la courage de le lire. J’ai peu d’estime pour Guttierez, et pas du tout d’estime pour Terras, que je range avec les Ringlets et autres minables de l’acualité ecclésiastique.
Refus de communion et excommunication pour Juan-Carlos? Oui, mais alors il y a longtemps que cela devrait être fait pour l’actuel roi des Belges, qui a, lui, signé la loi sur l’euthanasie. Je sais, le Droit canon ne parle pas de ce cas, parce que l’on n’ensvisageait pas encore, à sa poublication, la possibilité de légaliser celle-ci. Mais la vie finissante est-elle moins précieuse que la vie naissante?
Au delà de la loi pro-mort signée récemment par le Roi d’espagne, il est surtout Franc-Maçon, ce qui l’exclut de l’Eglise et surtout du sacrement de l’Eucharistie.
Voilà typiquement où mène le laxisme consécutif aux “initiatives fécondes” (sic – selon Golias!) post conciliares…
Une cérémonie pontificale (a fortiori papale!) cela se prépare et il y a (en principe!) des gens dont le rôle et la fonction liturgique sont précisément d’analyser tous les éléments à prendre en compte – dont les prérogatives dévolues à certains assistants de marque – et de piloter le prélat (a fortiori le pape!) pour son bon déroulement: les cérémoniaires pontificaux!
Cette histoire d’estrade et de prie Dieu est ridicule et prouve clairement que le cérémoniaire pontifical du pape n’a pas été à la hauteur de sa tâche: il aurait dû, en l’occurence, remarquer lors de son inspection des lieux, que la configuration prévue de l’estrade royale ne permettait pas l’accès commode du célébrant pour donner la communion et il aurait dû alors soit faire rectifier la disposition de cette estrade soit prévoir en conséquence un cheminement de passage du Saint Père, au lieu de le laisser “improviser” la manière dont il allait pouvoir donner la communion.
Je rappelle que lors d’une cérémonie le cérémoniaire en charge a autorité sur tous les ministres et toutes les personnes présentes dans le choeur, pape compris, pour assurer le déroulement le plus digne de ce déroulement: c’est sa responsabilité qui lui a été donnée par le prélât qui lui a confié cette charge.
Cet aspect de “mise en scène” est fondamental et normalement très codifié:le négliger conduit à des cafouillages parfois fâcheux. La preuve!
La liturgie, cela ne s’improvise pas: elle est aussi le fruit de centaines d’années de pratiques cérémoniales: le Pontifical et le Cérémonial des Evêques ont été rédigés pour cela. Le rôle d’un cérémonniaire est de les adapter au lieu concerné au mieux et compte tenu de la dignité et des prérogatives des personnes présentes.
Le résultat de cette négligence qui intéresse ici le pape et une personnalité royale ne s’est pas fait attendre: un “cafouillage” lors de la communion s’est aussitôt transformé en quasi incident diplomatique avec tous les commentaires goliassiques que l’on pouvait supposer y voir associés. Navrant!
La question est donc de savoir s’il y a encore un cérémoniaire pontifical digne de ce nom au Vatican ?
Claude Timmerman
Ancien cérémoniaire pontifical du cardinal Veuillot
L’explication donnée est intéressante toutefois elle … n’explique rien puisque la reine s’est déplacée et n’a donc pas reçu la communion “à sa place” en vertu du privilège.
Je reste perplexe sur la disgracieuse gymnastique infligée (auto-infligée ?) à la souveraine en cette circonstance : au moins le service du protocole et les organisateurs de la messe ne se sont pas concertés, ce qui est étrange quand on connaît la minutie avec laquelle les cérémonies officielles sont préparées. Etrange que le protocole n’ait pas réglé la communion des souverains à moins que la reine ait changé d’avis et décidé de communier alors que cela n’avait pas été prévu ?
Un épisode bizarre dont nous n’avons pas toutes les données visiblement.
Claude, vous dites “il aurait dû, en l’occurrence, remarquer lors de son inspection des lieux, que la configuration prévue de l’estrade royale ne permettait pas l’accès commode du célébrant pour donner la communion”. Mais si, il n’y avait pas de problème pour donner la communion à genoux et sur la langue. Les photos sont claires: c’était techniquement tout à fait possible. C’est la reine qui ne l’a pas voulu.
Professeur Perrin, vous voulez dire que la reine a reçu la communion au prie-Dieu “général”, installé pour “tout le monde” qui voulait recevoir la commmunion des mains du pape? J’ai reqardé l’émission en direct et je l’ai même enregistrée. La reine, pour autant que je voie, a reçu la communion à sa place, comme rapporté par cet article. Donc, à (coté de) son prie-Dieu personnel. Avez-vous constaté autre chose?
Excusez une question naïve mais pourquoi tout le monde cite-t-il la récente loi organique 2/2010 à propos de l’aborte en Espagne? L’abort est maleuresement legal dans mon pais depueis le 5 de juilet 1985 (loi organique 9/1985)/ Ca fait donc 25 ans que le roi a des problemes avec ca concience et avec la moral cattolique. Ce n’est pas de tout nouveau. Je ne vois pas pourquoi on parle de ca comme un scoop. Ca fait 25 ans.
Les éminentissimes MM Timmerman et Perrin me coupent l’herbe sous le pied. Un roi et une reine qui assistent à la messe d’un pape, cela s’organise. Certains disent que des deux Marini Piero était compétent mais avait mauvais esprit tandis que Guido est un serviteur zélé mais qui n’y connaît rien. De toutes façons vous n’aviez pas besoin de vous aplatir comme cela. On voit très bien Sa Sainteté Benoît XVI, soudain mou du genou, soutenu par ses assistants. Pas furieux, certes, ce n’est pas son genre, mais déstabilisé aux sens propre et figuré. Quant au “privilège” des rois d’Espagne, je me demande si nos Capétiens n’avaient pas le même. Cela devait remonter à Charlemagne et à Roland de Roncevaux.
Ah!La belle querelle.
Encore la bêtise des institutions humaines (je parle de l’Eglise). Bientôt il y aura plus de catholiques excommuniés que d’autres
Restera ce qui mérite de rester.
Michael
Michael, si vous pensez que l’Eglise est une institution humaine, ce n’est même pas la peine qu’on vous excommunie parce que vous n’êtes même pas catholique. L’Eglise est d’instution divine, c’est une vérité de foi.
Et en plus ici, cher Michael, quand on parle de catholicisme, on sait de quoi on parle. Ici se retrouvent les “vrais” catholiques, qui, parcequ’ils sont vraiment de très bons théologiens, moralistes et liturgistes, peuvent dire à coup sûr ce qui est catholique et ce qui ne l’est pas et peuvent en conséquence donner des leçons de catholicisme au pape… qui en mauvais élève n’en fait qu’a sa tête et ne les écoute pas toujours!