La « majorité silencieuse », en Pologne, a décidé de le rester… le temps qu’il fallait. Voilà des mois et des mois que des braves gens, des responsables politiques, des parlementaires mènent campagne dans la plus grande discrétion pour faire adopter une loi affirmant une totale protection de la vie des enfants à naître. Ils ont tout fait pour empêcher la nouvelle de gagner la presse anglophone. Ils savent que les puissants lobbies de la culture de mort, si prompts à déverser des millions de dollars et d’euros à travers le monde pour promouvoir l’avortement et toutes sortes de crimes, ne les auraient pas épargnés. Alors ils sont restés entre eux, entre Polonais, protégés par leur langue, leur culture et leurs racines.
Il leur fallait recueillir 100 000 signatures en trois mois pour pouvoir porter le projet devant la Diète. Ils en ont eu 600 000 en deux semaines. Comme l’a (enfin) révélé Jacek Sapa de la fondation pro-vie polonaise PRO à LifeSiteNews.com, qui vient de publier ces informations en exclusivité, les Polonais y voient « une occasion de rejeter enfin l’héritage du nazisme et du communisme qui ont été les premiers à introduire l’avortement légal en Pologne » : « Ce sont Hitler et Staline qui ont imposé cela aux Polonais et il est plus que temps de nous dissocier clairement de ces idéologies mortifères. »
La loi polonaise est déjà restrictive mais dispense de peine celui qui commet l’avortement en cas de maladie grave ou de défaut génétique de l’enfant, de problème de santé chez la mère, ou lorsque la grossesse résulte d’une « activité illégale » – le viol, mais aussi les relations sexuelles avec une mineure de 15 ans. Il s’agit donc d’abolir toutes ces exceptions.
L’épiscopat polonais a fortement soutenu l’initiative de PRO. Le cardinal Dziwisz, ancien secrétaire de Jean-Paul II, a déclaré sans ambages lors d’une récente interview :« L’Eglise enseigne que les catholiques ont l’obligation non de protéger l’actuel “compromis” mais de viser la protection intégrale de la vie. Ce qui est proposé est une solution que l’Eglise appelle de ses vœux. Je soutiens tous les efforts qui visent à améliorer la protection de la vie humaine. »
Le président de la conférence épiscopale polonaise, Mgr Jozef Michalik, s’est engagé en demandant à tous les hommes politiques polonais de soutenir ce texte historique, affirmant qu’ils auraient, sinon, « le sang des innocents sur les mains ». Il faut « guérir » une « loi malade », comme serait malade une loi qui permettrait de « voler dans certains cas, ou dans les limites d’un certain montant », a-t-il expliqué.
« Si un parlementaire se déclarant sciemment catholique, avec une foi profonde et une conscience bien formée, devait ne pas soutenir une interdiction totale de l’avortement, il devrait certainement aller se confesser, se convertir, faire vœu de se réformer et se rétracter publiquement, ou même réparer sa mauvaise décision. » « L’épiscopat polonais n’a pas le droit de changer le commandement de Dieu : “Tu ne tueras pas” », a-t-il conclu.
90 % des élus polonais se disent catholiques. C’est pourquoi malgré un parcours législatif qui s’annonce long, la nouvelle loi pourrait être adoptée.
La proposition de loi entend instituer une peine de 3 ans de prison pour les médecins convaincus d’avoir pratiqué un avortement illégal, et jusqu’à 8 ans si l’enfant était viable. Les mêmes peines seraient appliquées à ceux qui pousseraient la femme à avorter ou l’auraient aidée à se procurer un avortement. Aucune peine, en revanche, n’est prévue pour la mère.