Jeudi prochain, avec l’approbation des députés libéraux, sandinistes et chrétiens de la Commission des lois obtenue vendredi, le Parlement du Nicaragua sera appelé à modifier le code pénal du pays afin d’abroger ses dispositions qui depuis 1970 autorisent l’avortement dit thérapeutique en cas d’accord de trois médecins. En fait, il s’agit des cas de danger de mort pour la mère, de malformation foetale, viol et inceste.
Aussi bien le président du Nicaragua que la majorité de la classe politique se montrent favorables à la repénalisation totale de l’avortement. Plusieurs échelles de peine sont proposées ; la proposition de loi soumise par le président Enrique Bolaños lui-même prévoit une peine de 10 à 20 ans de réclusion pour qui procure l’avortement, voire 30 ans lorsque l’opération entraîne la mort ou bien des dommages physiques ou psychologiques pour la mère, ainsi que la fermeture immédiate des établissements où un avortement serait pratiqué.
C’est la mobilisation de l’Eglise catholique au Nicaragua qui a abouti à ce projet de réforme législative. Coopérant pour l’occasion avec les évangélistes, la hiérarchie catholique a appelé à manifester le 6 octobre dernier : lors d’une marche de la cathédrale de Managua jusqu’au Parlement, 290 000 signatures ont été remises aux députés.
Si le ministre de la santé du pays s’est borné à dire qu’il appliquerait la loi, le vice-ministre, Israel Kontorovsky, a déclaré à titre personnel : “Il est nécessaire de retirer l’avortement thérapeutique du code pénal. Rappelons-nous cette phrase si sage : chaque créature, à sa naissance, nous apporte le message que Dieu ne perd toujours pas espoir en l’homme. (…) l’avortement est réprimé en tant que tel par les lois du Nicaragua, et il existe un ensemble de lois qui protègent les droits des personnes à naître, mais la loi autorise le soi-disant avortement thérapeutique en contradiction avec toutes les autres lois. (…) Il existe des preuves scientifiques du fait que l’avortement ne cause pas seulement des dommages psychologiques, mais aussi physiques : des dommages directs à travers le traumatisme et indirects comme l’augmentation du nombre de cancers du sein.”
Plaidant pour de meilleures lois en faveur de la protection des femmes et des enfants, Kontorovsky ajoutait que la lutte pour la protection de l’environnement implique “à plus forte raison la lutte pour ceux qui en seront les usufruitiers”.
Il faut fermer la “fenêtre” qui permet des avortement, précise-t-il : “C’est par cette fenêtre que pourraient entrer les fantômes qui persécutent les innocents, parce que l’avortement, à la différence de l’euthanasie, du suicide et de la peine de mort, est l’exécution d’un innocent, qui est en outre sans défense. (…) En matière d’avortement, on ne peut être tolérant, parce que se trouvent en jeu les principes et les valeurs fondamentales de l’humanité. Il faut se rappeler que la personne à peine conçue est aussi notre prochain.”
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