Extrait de l’entretien donné par le cardinal Bustillo dans Le Journal de la Corse :
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Vous avez été nommé évêque en 2021 et créé cardinal en 2023. Que retenez-vous de ces quatre années ?
Je suis un pasteur heureux en Corse. Il n’y a qu’à voir tous les contacts que j’ai avec tous les milieux : politique, économique, médiatique, culturel, associatif, sportif. Et je crois que l’homme d’Église doit justement animer. Mon premier devoir est le lien avec les prêtres, diacres et catéchistes. Tous ceux qui sont engagés dans la liturgie, le social, le culturel. Mais il ne faut pas, pour autant, négliger les liens et les contacts avec la société civile. L’Église doit créer des ponts et des liens. Elle doit s’inspirer et apprendre aussi des autres. Et l’on peut apporter nous aussi notre patrimoine pour que la société soit fédérée, unifiée et que nous puissions viser tous le bien de la société corse.
Vous êtes tout de même une personnalité qui a une cote de popularité énorme dans l’île. Les Corses s’inquiètent de l’avenir si, un jour, vous étiez appelé à aller ailleurs.
Comme dit l’adage : « À chaque jour suffit sa peine. » Pour l’heure, il n’est pas question, pour moi, de partir. Je vais donc continuer à donner et vivre ici ; c’est ma première mission et ma première responsabilité. […]
Une dynamique se crée en Corse avec de nombreux enfants, ados et adultes baptisés. Le signe d’un renouveau de la foi ?
Il y a une dynamique extraordinaire ! En Corse, près de 300 jeunes se posent la question du baptême, de la communion et de la confirmation. On revient au sacrement de l’initiation chrétienne. Et s’ils frappent à la porte de l’Église, pour nous, ce n’est pas simplement une gloire, mais surtout une responsabilité. Ils méritent d’être bien préparés et accompagnés. Et s’ils font partie de la famille, il est important qu’on puisse leur donner une place pour qu’ils puissent apporter, eux aussi, leur fraîcheur, leur manière de voir l’Église, leur lien avec le monde. Quand je vois tous ces jeunes, je suis heureux et me dis : « Voilà, la famille s’agrandit. » Mais il y a aussi une manière nouvelle de voir les choses. Il est important, pour nous, de capter la nouveauté qu’ils nous apportent. Et que nous puissions tous répondre à la soif de Dieu et à la soif de foi de notre monde. […]
Quel regard portez-vous sur les croyances particulières à la Corse, qui sont à mi-chemin entre paganisme et religion et qui se transmettent la nuit de Noël ?
La transmission de la nuit de Noël, c’est surtout la tradition et la transmission de la naissance de Jésus. Quand on regarde l’Amérique latine, la Corse ou encore d’autres traditions nordiques, on y trouve souvent des traditions païennes ou semi-païennes. Il est important aussi de se recentrer sur l’essentiel et de transmettre vraiment cet essentiel. Il est beau de voir que l’Église va toujours, avec sa sagesse, à l’essentiel. Il peut y avoir des traditions périphériques ou autres, mais l’essentiel pour Noël, c’est la naissance de Jésus. Dieu est là, au milieu de nous, et c’est cela qui compte avant tout. […]
