Dans sa Lettre apostolique In unitate fidei à l’occasion du 1700e anniversaire du Concile de Nicée, publiée aujourd’hui, le pape Léon XIV retrace à l’histoire de l’hérésie arienne ayant abouti au Credo que nous proclamons encore aujourd’hui. Il souligne notamment que face à l’hérésie de nombreux évêques, les laïcs sont restés attachés à la divinité du Christ, « l’orthodoxie des laïcs par rapport à l’arianisme de nombreux évêques »… Il termine cette lettre par un étrange appel à l’oecuménisme, dans lequel il n’y aurait plus ni hérésie ni vérité :
12. Enfin, le Concile de Nicée est d’actualité en raison de sa très grande valeur œcuménique. À cet égard, la réalisation de l’unité de tous les chrétiens fut l’un des principaux objectifs du dernier Concile, Vatican II. [16] Il y a exactement trente ans, Saint Jean-Paul II poursuivait et promouvait le message conciliaire dans l’encyclique Ut unum sint (25 mai 1995). Ainsi, avec le grand anniversaire du premier Concile de Nicée, nous célébrons également l’anniversaire de la première encyclique œcuménique. Celle-ci peut être considérée comme un manifeste actualisant les fondements œcuméniques posés par le Concile de Nicée.
Grâce à Dieu, le mouvement œcuménique a obtenu de nombreux résultats au cours des soixante dernières années. Même si la pleine unité visible avec les Églises orthodoxes et orthodoxes orientales et avec les communautés ecclésiales issues de la Réforme ne nous a pas encore été donnée, le dialogue œcuménique nous a conduits, sur la base du baptême unique et du Credo de Nicée-Constantinople, à reconnaître nos frères et sœurs en Jésus-Christ dans les frères et sœurs des autres Églises et communautés ecclésiales et à redécouvrir la communauté unique et universelle des disciples du Christ dans le monde entier. En effet, nous partageons la foi en un seul et unique Dieu, Père de tous les hommes, nous confessons ensemble l’unique Seigneur et vrai Fils de Dieu Jésus-Christ et l’unique Esprit-Saint, qui nous inspire et nous pousse à la pleine unité et au témoignage commun de l’Évangile. Ce qui nous unit est vraiment bien plus grand que ce qui nous divise ! [17] Ainsi, dans un monde divisé et déchiré par nombre de conflits, l’unique Communauté chrétienne universelle peut être un signe de paix et un instrument de réconciliation, contribuant de manière décisive à un engagement mondial en faveur de la paix. Saint Jean-Paul II nous a rappelé en particulier le témoignage des nombreux martyrs chrétiens issus de toutes les Églises et Communautés ecclésiales : leur mémoire nous unit et nous incite à être des témoins et des artisans de paix dans le monde.
Afin d’exercer ce ministère de manière crédible, nous devons marcher ensemble pour parvenir à l’unité et à la réconciliation entre tous les chrétiens. Le Credo de Nicée peut être la base et le critère de référence de ce cheminement. Il nous propose en effet un modèle de véritable unité dans la diversité légitime. Unité dans la Trinité, Trinité dans l’Unité, car l’unité sans multiplicité est tyrannie, la multiplicité sans unité est désagrégation. La dynamique trinitaire n’est pas dualiste, comme un aut–aut exclusif, mais un lien engageant, un et-et : le Saint-Esprit est le lien d’unité que nous adorons avec le Père et le Fils. Nous devons donc laisser derrière nous les controverses théologiques qui ont perdu leur raison d’être pour acquérir une pensée commune et, plus encore, une prière commune au Saint-Esprit, afin qu’il nous rassemble tous dans une seule foi et un seul amour.
Cela ne signifie pas un œcuménisme de retour à l’état antérieur aux divisions, ni une reconnaissance mutuelle du statu quo actuel de la diversité des Églises et des communautés ecclésiales, mais plutôt un œcuménisme tourné vers l’avenir, de réconciliation sur la voie du dialogue, d’échange de nos dons et de nos patrimoines spirituels. Le rétablissement de l’unité entre les chrétiens ne nous appauvrit pas, au contraire, il nous enrichit. Comme à Nicée, cet objectif ne sera possible qu’à travers un chemin patient, long et parfois difficile d’écoute et d’accueil réciproque. Il s’agit d’un défi théologique et, plus encore, d’un défi spirituel, qui exige le repentir et la conversion de tous. C’est pourquoi nous avons besoin d’un œcuménisme spirituel de prière, de louange et de culte, comme cela s’est produit dans le Credo de Nicée Constantinople.
