El Wanderer se fait l’écho d’un risque de manipulation quant à la représentativité du monde traditionaliste auprès du pape :
La récente couverture médiatique internationale de la messe traditionnelle en latin célébrée dans la basilique Saint-Pierre a une fois de plus démontré que la liturgie tridentine est bien vivante et qu’elle demeure un point de référence spirituel pour de nombreux fidèles.
Avec ce nouveau pontificat, le climat semble plus propice au dialogue. Cependant, le risque d’une nouvelle tentative de « gestion » de la liturgie traditionnelle, visant cette fois à en minimiser l’importance plutôt qu’à la restreindre ouvertement, demeure. Dans son récent recueil d’entretiens (Citoyen du monde, missionnaire du XXIe siècle , Penguin, Pérou, 2025), le pape déclare : « Je n’ai pas encore eu l’occasion de m’entretenir avec un groupe de personnes qui défendent le rite tridentin. » Dès lors, une question se pose : par qui découvrira-t-il ce monde ?
Ici apparaît le nom de Nicolas Diat, figure singulière et difficile à cerner. D’abord proche des cercles progressistes français liés à Pierre Bergé, il se tourne ensuite vers les milieux politiques républicains de droite et collabore avec des conseillers de haut rang sous Sarkozy. Plus tard, Diat s’impose dans le monde de l’édition comme proche collaborateur du cardinal Robert Sarah et auteur de plusieurs ouvrages à succès sur la vie monastique et les témoignages ecclésiastiques.
Son parcours soulève toutefois des questions. Diat est-il un véritable converti au monde traditionnel ou un habile diplomate naviguant entre différents courants ? Et surtout, est-il réellement en mesure de se présenter comme un médiateur entre le pape et les fidèles traditionalistes ? Ses relations au sein du Secrétariat d’État pourraient faciliter ce rôle, mais il est tout autre de savoir s’il représente ceux qui souhaitent vivre leur foi selon les coutumes du rite traditionnel.
Dès lors, une proposition plus simple paraît plus judicieuse : si le Pape souhaite rencontrer des fidèles véritablement représentatifs du monde attaché à la liturgie traditionnelle, il suffirait de recevoir, par exemple, des membres de la Fédération internationale Una Voce ou les organisateurs des grands pèlerinages où cette sensibilité s’exprime de manière vivante et authentique. On pourrait citer, par exemple, les responsables des pèlerinages à Chartres, à Covadonga en Espagne ou à Luján en Argentine.
Il serait difficile de trouver des voix plus authentiques pour expliquer les raisons profondes de cet attachement : la messe traditionnelle en latin n’est pas un étendard idéologique, mais un espace de prière, d’identité et de continuité spirituelle. Pour être véritable, le dialogue doit s’engager auprès de ceux qui vivent la liturgie, et non auprès de ceux qui l’interprètent depuis leurs bureaux ou les maisons d’édition.
