Monseigneur Laurent Dognin, évêque du diocèse de Quimper et Léon, a été longuement interrogé dans Ouest-France, pour dire que tout va bien dans son diocèse, même s’il manque un peu d’argent :
Vous êtes évêque de Quimper et Léon depuis dix ans. Vous y sentez-vous bien ?
Je suis très heureux d’avoir été nommé par le pape François dans ce diocèse, parce que j’aime la Bretagne. J’ai été touché par sa culture, sa langue, ses chants, ses traditions religieuses aux racines profondes. Je dois dire qu’il m’a fallu quand même plusieurs années pour comprendre un peu l’histoire et les gens du diocèse. Aujourd’hui, je me sens vraiment bien intégré. Je suis heureux d’être ici. Cet été, j’ai même célébré la messe en breton au pardon de Sainte-Anne-d’Auray et à la cathédrale de Quimper pour le festival de Cornouaille…
Comment se porte le diocèse ?
Il a ses fragilités… Mais qui sont normales compte tenu de la baisse du nombre de fidèles, et donc moins de gens sur qui s’appuyer. Pour redynamiser un petit peu l’Église dans le Finistère, nous avons ouvert différents chantiers avec les prêtres et les fidèles. On a défini sept orientations pour nous mettre en mouvement. Elles ont été présentées lors de la fête de la Pentecôte à Brest, il y avait plus de 4 500 personnes ! De réfléchir ensemble et d’avoir une vision commune, c’est très dynamisant.
Est-ce que la pratique religieuse est en baisse ?
Nous sommes moins nombreux qu’il y a quelques décennies. Mais il y a encore beaucoup de gens qui croient, qui prient et qui témoignent de leur foi. Je pense que ce n’est pas forcément le nombre qui compte. Il y a 100 ans, tout le monde allait à la messe, parfois un peu par obligation.
Aujourd’hui, on traverse une période de sécularisation. On ne vient plus à la messe de façon formelle mais parce qu’on le veut, qu’on est motivé. C’est pour cela que je ne suis pas du tout inquiet sur le nombre. L’Église est vivante, plus qu’on ne le pense.
Il y a de plus en plus de nouveaux baptisés…
C’est une tendance nationale. Cet afflux de baptisés adultes est dynamisant. Des paroisses me font remonter que, chaque semaine, de nouveaux adultes se présentent chez elles. À côté, il y a aussi beaucoup plus de jeunes qui assistent à certaines célébrations. Par exemple, l’église était pleine pour le mercredi des Cendres. C’est peut-être un effet des réseaux sociaux, ils sont devenus un des lieux où l’Évangile est annoncé. Et on a quelques influenceurs catholiques, mais il y a d’autres raisons.
On évoque souvent les difficultés financières de l’Église…
Nous ne sommes pas dans une situation d’urgence absolue, mais on fait partie des diocèses pour qui c’est difficile. On essaie de faire des économies, mais on a besoin de personnes au service de l’Église pour la faire vivre et il faut les rémunérer.
Même si on a énormément de bénévoles, ils ne peuvent pas tout faire… Le budget du diocèse est de 11 millions d’euros, il diminue. Le denier de l’Église s’érode au fil des années de manière assez importante. Nous devons convaincre les fidèles de participer davantage financièrement selon leurs possibilités.
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L’an dernier, vous avez mis fin à la mission de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre (FSSP) dans le diocèse. Récemment, vous avez aussi alerté sur la présence de moines et moniales carmes brésiliens, à Plougasnou.
J’autorise les messes traditionnelles dans des églises du diocèse, à Quimper, Brest et Sainte-Sève, mais ce sont des prêtres diocésains qui les célèbrent De temps en temps, des prêtres de communautés traditionnelles sont de passage pour voir leur famille, ils peuvent célébrer une messe avec mon autorisation.
Ce que je ne veux pas, ce sont des paroisses parallèles. À Plougasnou, ce sont des personnes qui n’ont aucun contact avec un évêque. Ils se disent de l’Église catholique, mais ils ne le sont pas, ils ne reconnaissent pas le pape actuel, ni ceux d’avant d’ailleurs. Ils ont célébré une messe dans une église catholique du diocèse sans autorisation. Donc on a dit stop. Mais je ne leur interdis pas de célébrer chez eux.