Un cri de bataille !
« Qui est comme Dieu ? » est la signification du nom Michel, il est comme un cri de bataille, un cri de victoire et ce nom fut donné à celui qui le premier l’avait fait entendre. Ce nom rappelle ainsi cette grande bataille qui eut lieu dans le Ciel et que raconte l’Apocalypse : « Alors, il y eut une bataille dans le ciel : Michel et ses Anges combattirent le Dragon. Et le Dragon riposta, avec ses Anges, mais ils eurent le dessous et furent chassés du ciel. » (Ap 12,7-8)
La signification du nom Michel
D’après les Pères et la plupart des théologiens, cette bataille de l’Apocalypse eut lieu avant la création du monde. L’ange orgueilleux, Lucifer, déclara pour soulever les anges : « nous serons heureux en nous-mêmes et nous ferons comme Dieu, notre volonté ». Michel aurait alors répondu : « Quis ut Deus ? Qui est comme Dieu ? Qui peut s’égaler à Lui ? »
Mais ce combat fut grand surtout par la vérité qui en fut l’objet.
Pour diviser le ciel en deux camps irréconciliables, pour entraîner dans l’abîme le tiers des anges, pour assurer à jamais la félicité des autres, la vérité en litige devait être un dogme fondamental. Aussi est-ce l’enseignement des Pères et des théologiens qu’il s’agissait du mystère de l’Incarnation et par conséquent de l’exaltation de la nature humaine dans le Verbe fait chair et de l’élévation de la Vierge-Mère, au-dessus de la nature angélique.
Dans la Sainte Écriture
Mais au-delà de la signification du nom« Michel », la Sainte Écriture, au Livre du Prophète Daniel, évoque en premier lieu l’archange Michel comme Prince des milices célestes : « Le Prince du Royaume de Perse m’a résisté pendant vingt et un jour, mais Michel, l’un des premiers Princes, est venu à mon aide » (Dn 10,13-14). Il ajoute, à propos des persécutions exercées contre les Juifs : « En ce temps-là se lèvera Michel le grand Prince qui se tient auprès des enfants de ton peuple » (Dn 12, 1). Michel apparaît alors comme protecteur du peuple élu qui préfigure son rôle de protecteur de l’Église.
Naturellement, mais sans que son nom soit directement mentionné cette fois, la tradition reconnait Michel dans l’ange qui apparaît à Josué : « Josué vit un homme qui se tenait debout, devant lui, une épée nue à sa main. Josué s’avança vers lui et lui dit : « Es-tu des nôtres ou de nos ennemis ? Non, répondit-il, je suis le chef de l’armée de Yahvé. » » (Js 5,13-14).
De même chez Isaïe, qui parle d’un séraphin accourant vers lui avec dans sa main un charbon ardent dont il toucha ses lèvres pour l’absoudre de ses péchés (Is 6,6-7).
Dans l’Ancien Testament, Michel est alors tout-à-tour l’ange chevalier, le défenseur des âmes opprimées, mais aussi l’ange rédempteur, dispensateur de pardon, l’ange purificateur.
Dans le Nouveau Testament, en plus d’une mention dans l’épître de saint Jude, c’est surtout le texte de l’Apocalypse, que nous citions pour commencer, qui nous présente le rôle de l’Archange dans le combat qui oppose Satan à la Femme couronnée d’étoiles. Le récit s’achève par ces mots qui décrivent le combat dans lequel l’Église est engagée jusqu’à la fin des temps : « Alors, furieux contre la Femme, le Dragon s’en alla guerroyer contre le reste de ses enfants, ceux qui gardent les commandements de Dieu et possèdent le témoignage de Jésus. » (Ap 12,17) Nous pouvons alors avoir l’assurance que « Michel et ses Anges » continuent de lutter aux côtés des « habitants de la terre ».
Dans la liturgie
Par ses fonctions de protecteur de l’Église et de chef des anges, saint Michel était tout désigné pour jouer le rôle d’intermédiaire entre les hommes et Dieu à l’autel du Saint Sacrifice. A l’offertoire, par exemple, dans la formule de bénédiction de l’encens, on l’invoque comme l’ange qui se tient devant l’autel, un encensoir d’or à la main, selon ce que décrit encore le livre de l’Apocalypse : « de la main de l’Ange, la fumée des parfums s’éleva devant Dieu, avec les prières des saints ». (Ap 8,4)
Dans le Confiteor, il représente toute l’armée céleste.
Enfin dans la liturgie des défunts, l’antienne d’offertoire de la messe demande à saint Michel, « le porte-étendard, de conduire les âmes des défunts dans la sainte lumière promise autrefois à Abraham et à sa postérité ».
Dans la piété de l’Église
Dès le début du IVe siècle, le culte à Saint Michel se développe en Égypte. Vers 330, l’empereur Constantin l’introduit à Constantinople où il fait bâtir une église dédiée à l’Archange. Puis d’Orient ce culte passe en Occident : le premier sanctuaire romain fut élevé au VIe siècle sur la via Salaria. La dédicace eut lieu un 29 septembre, date qui fut ensuite retenue par l’Église pour célébrer la fête de saint Michel.
Puis plusieurs apparitions furent l’occasion d’édifier plusieurs sanctuaires :
– au Mont Gargano, un éperon rocheux qui domine l’Adriatique, l’évêque de Siponte reçu la visite de l’Archange ;
– à Rome, lors d’une épidémie de peste, le pape Saint Grégoire vit au dessus du mausolée d’Hadrien (désormais le Château Saint-Ange) l’Archange qui remettait au fourreau un grand glaive ;
– au Mont Tombe (désormais Mont Saint-Michel) l’Archange enjoignit à l’évêque saint Aubert de construire au sommet de ce lieu un temple en son honneur.
Prions saint Michel de nous soutenir dans tous les combats qu’il nous faut mener : contre les démons, contre ceux qui veulent imposer à notre société une culture de mort et un monde sans Dieu, et surtout, en chacun de nous, pour que la grâce de Dieu triomphe en nos cœurs et écarte le péché.
Comme le déclare Bossuet, « il ne faut point hésiter à reconnaître saint Michel comme le défenseur de l’Église… Si le dragon et son infernale armée combattent contre elle, il n’y a point à s’étonner que saint Michel et ses anges la défendent. »
Abbé Arnaud Evrat, FSSP
Extrait du Bulletin Introïbo, des fidèles attachés à la messe traditionnelle dans le diocèse de Lausanne-Genève-Fribourg (n°202, Septembre 2025)