Pensées du dimanche. — Dans le fait évangélique que nous avons lu l’Église voit depuis longtemps le symbole du baptême. Car c’est tout d’abord par le baptême que l’homme reçoit l’ouïe spirituelle et la parole véritable. Avant le baptême, il est pour ainsi dire sourd-muet. Il ne peut parler à Dieu dans la prière parce qu’il n’a pas la foi ; il ne peut pas davantage entendre la voix de Dieu. Ainsi donc, pour le royaume de Dieu, il est sourd-muet. Mais par le baptême il devient enfant de Dieu, il reçoit la vie de la grâce sanctifiante. Le Saint-Esprit demeure en lui et il est l’intermédiaire entre Dieu et son âme. Le Saint-Esprit est pour ainsi dire la langue qui peut parler à Dieu, l’oreille qui entend la voix de Dieu. Aussi, c’est un usage antique que le prêtre, dans les cérémonies du baptême, fasse quelque chose de semblable à ce que fit le Seigneur dans la guérison du sourd-muet. Le prêtre mouille avec de la salive les oreilles de l’enfant en disant : « Ephpheta, c’est-à-dire : ouvre-toi ». Il touche aussi le nez en disant : « Pour l’odeur de suavité -. Voici ce qu’il veut exprimer par-là : le baptême ouvre l’ouïe spirituelle ; il doit aussi répandre dans le baptisé le parfum des vertus. Ce que le baptême a commencé, la Sainte Eucharistie doit le continuer et le compléter. L’Église nous propose ce beau passage évangélique, nous donner cette leçon : Vous venez aujourd’hui pour à la messe comme de pauvres sourds-muets. Les bruits du monde vous empêchent d’entendre ce que Dieu vous dit. Vous vous tenez devant Dieu comme un enfant bégayant et vous ne trouvez pas une parole convenable. La grâce de la messe d’aujourd’hui doit vous restituer l’ouïe spirituelle, délier votre langue et vous rendre de plus en plus aptes à faire partie, un jour, du chœur des anges pour chanter la louange de Dieu. Ainsi donc le baptême doit être continué par la messe d’aujourd’hui.
Dans l’Épître, saint Paul nous annonce le message pascal : le Christ est mort pour nos péchés ; il a été enseveli, il est ressuscité. Saint Paul cite les témoins de la Résurrection : Pierre, les onze Apôtres ; il parle ensuite d’une apparition du Ressuscité devant 500 frères dont plusieurs vivaient encore de son temps. Il s’agit sans doute de l’apparition sur la montagne de Galilée sur laquelle le Seigneur rassembla une fois encore tous ses disciples. Le Sauveur apparut aussi à Jacques le Mineur en particulier. Les évangiles ne disent rien de cette apparition. Saint Paul cite encore un témoin de la Résurrection du Seigneur, c’est lui-même ; « Il apparut enfin à moi-même qui ne suis qu’un avorton. Je suis le dernier des Apôtres et je ne suis pas digne d’être appelé Apôtre parce que j’ai persécuté l’Église de Dieu ». Le Sauveur apparut à saint Paul devant les portes de Damas et fit de lui un Apôtre. Néanmoins, il demeure petit et humble, il ne se croit pas digne de porter le titre honorifique d’Apôtre ; il se nomme un avorton. Il ne peut donc se vanter d’aucun mérite personnel. « Ce n’est que par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis ». Il est une œuvre de la grâce de Dieu. — C’est ainsi que nous devrions parler nous aussi. De nous-mêmes, nous ne sommes rien ; si nous sommes grands, c’est par la grâce. Puissions-nous dire comme saint Paul : « La grâce de Dieu ne fut pas vaine en moi ». Cela veut dire que saint Paul a coopéré à la grâce. Que l’Épître convient donc bien à ce dimanche ! L’Évangile nous rappelle notre baptême. Dans l’Épître, l’Église veut nous rappeler le message pascal et nous montrer en même temps dans la conversion de saint Paul l’image de notre conversion baptismale.
Dom Pius Parsch