Les 4’800 employés du Vatican ont accueilli Léon XIV avec enthousiasme, après le pontificat de François, marqué par un style de gouvernance imprévisible. La plupart reconnaissent que la Curie romaine s’est sentie «un peu abandonnée, laissée de côté» sous le pontificat précédent. Sans cacher leur amertume, d’aucuns confient avoir vécu «un véritable soulagement» de voir la page se tourner. «Le climat est plus serein, confiant», entend-on dans les couloirs.
«Nous étions à la périphérie du pontificat de François», abonde un prêtre travaillant au Vatican depuis quatre ans, constatant que le gouvernement de l’Argentin avait créé «des blessures et du ressentiment».
Nombreux soulignent les signes d’apaisement posés par le nouveau chef de l’Église catholique. Certains interprètent en ce sens l’envoi du cardinal Robert Sarah – jugé conservateur –comme le représentant du pape pour un jubilé à Sainte-Anne d’Auray en France. D’autres soulignent l’audience accordée au cardinal Angelo Becciu, destitué du jour au lendemain par François et condamné en première instance au terme d’un procès financier qui a ébranlé la secrétairerie d’État.
«Le nom de Léon XIV a tout de suite évoqué la justice sociale, et la justice dans les rapports avec le personnel de la Curie», assure un employé. La mise en valeur de la Doctrine sociale est d’ailleurs largement applaudie par ses employés, à qui Léon XIV a envoyé dès le début un signal généreux: la restauration de la traditionnelle «prime de conclave » de 500 euros – après des années de restrictions budgétaires.
«C’est surtout le discours à la Curie qui a touché les cœurs, plus que la prime», nuance la même source.
«Tout le monde a retenu la phrase: ‘Les papes passent et la Curie reste’. François nous avait parlé de nos maladies – en référence au discours de Noël 2014 aux cardinaux prononcé par le pape François qui décrivait les maladies de la curie –, lui nous a dit ‘merci’. Il a reconnu que l’instrument des papes demeure, et leur permet d’effectuer leur travail».
Le pape américano-péruvien est décrit sur toutes les lèvres comme «prudent», «mesuré», «réservé» et «sérieux». Les échos sont unanimes aussi pour souligner la capacité d’écoute de Léon XIV.
Question délicate à venir: les nominations. Au lendemain de son élection, le pape Léon XIV a confirmé «provisoirement» dans leur charge les dirigeants de la Curie, s’accordant un temps de discernement avant de procéder à d’éventuels renouvellements.